Sacré champion pour sa première saison à la tête d’une équipe NBA, Tyronn Lue ne voulait pas devenir sultan à la place du sultan. Mais comme le dira David Griffin, dans la famille Cavs sous l’autorité parentale de David Blatt, il y avait un des enfants qui pouvait « tout se permettre » et ça ne pouvait pas marcher…
C’est alors que Tyronn Lue entre en scène. L’ancien joueur NBA est l’archétype de l’assistant respecté dans toute la ligue par sa qualité humaine, son sens du relationnel et son savoir-faire acquis après une belle carrière de joueur, mais aussi d’assistant à Boston ou à Los Angeles.
« C’est un match 7 ! Ton histoire est en jeu »
Sacré champion avec les Lakers en 2000 et en 2001, Lue sait parfaitement que ce n’est pas en faisant des faveurs à son joueur majeur, LeBron James donc, que les Cavs allaient arriver à conquérir le Graal tant attendu à Believeland.
Du coup, pendant les dernières finales NBA, coach Lue n’a pas hésité à rentrer dans le lard de sa superstar. Une prérogative inimaginable pour coach Blatt un an avant, au même stade de compétition.
Et surtout à la mi-temps d’un match 7… qui restera à tout jamais dans l’histoire !
« LeBron, tu dois être meilleur que ça ! » a envoyé Lue, ainsi que le rapporte ESPN dans une superbe story. « Si on veut gagner, tu dois être meilleur ! Qu’est-ce qui t’arrive, ton langage corporel est un vrai désastre ! Tu dois stopper Draymond. Tu dois prendre les tirs ouverts. Arrête de perdre le ballon. Remets-toi, change ton expression corporelle. Tu as autre chose à me dire ? C’est un match 7 ! Ton histoire est en jeu. »
Des mots extrêmement forts pour un coach débutant.
Mais LeBron obtempère. Grâce à l’aide de Damon Jones également qui recadre le King.
« Tu as fait confiance au coach toute la saison. Tu as dit qu’il allait nous amener là où on veut aller. Tu lui as fait confiance à ce moment-là, tu dois lui faire confiance maintenant. »
Bousculés par les Warriors, c’est peu de le dire, les Cavs étaient au bord du précipice. C’est en tout cas l’analogie utilisée par Lue a posteriori…
« Ces gars-là ne savent pas tous les efforts qu’il faut faire pour gagner. Trop sont seulement concernés par leur marque. Je ne comprenais pas ce qui n’allait pas pour l’équipe. Je voulais sauter dans le vide. Je me posais trop de questions, je me demandais si j’étais le bon coach pour cette équipe. »
« Ta gueule, c’est moi qui coache »
S’accrochant à ses principes, tenant notamment LeBron en respect en lui balançant un « Ta gueule, c’est moi qui coache » pendant un temps-mort durant lequel James monopolisait un peu trop la parole, Tyronn Lue est arrivé à ses fins.
Hurlant « Mexico, Missouri [la ville où il a grandi], on est dans la place » après avoir enfin gagné ce match 7 d’anthologie.
Au passage, il aura été un des moteurs, par sa force de persuasion, d’une des deuxièmes mi-temps les plus incroyables des finales à travers les 15 points, 6 passes, 4 rebonds et un contre (mais quel contre !) de LeBron James. Et ce dernier en sourit encore aujourd’hui…
« Oui, je n’étais pas d’accord [avec ce que Lue a fait] mais en fin de compte, on se respectait mutuellement et ce à tel point qu’on a dit ce qu’on avait sur le coeur, on a laissé ça au vestiaire et on a pu aller jouer. J’ai réussi à bien répondre en deuxième mi-temps parce que je respecte sa parole. »
Mais comment Lue a-t-il gagné l’entière confiance de la plus grosse superstar de la NBA ?
« Il n’arrive pas avec une mentalité : je fais ça pour moi. Il le fait plutôt pour nous, et il va toujours dire la vérité, peu importe les circonstances. Et ça, je le respecte énormément. »
Retrouvant en Ty Lue des qualités humaines qu’il respecte en même temps que lui essaie de les reproduire dans sa vie privée, LeBron James a été carrément transcendé par les mots de son coach. Les deux hommes nourrissent une relation toute particulière. Et ce titre de l’an passé les a tous les deux fait grandir considérablement.