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Revendication politique : la NBA et ses stars dans un délicat équilibre

lebron-melo-wade-paulAlors que les élections pour désigner le successeur de Barack Obama approchent à grands pas, la société américaine est à cran et la communauté noire, qui accuse la police de multiples bavures, manifeste de plus en plus violemment sa colère.

Dans le monde du sport, les stars ont commencé à prendre position, LeBron James, Dwyane Wade, Carmelo Anthony et Chris Paul passant notamment un message lors des ESPYs. Le débat s’est toutefois envenimé lors des Jeux olympiques, la gymnaste Gabby Douglas ayant été accusée d’antipatriotisme pour ne pas avoir mis sa main sur le coeur lors de l’hymne. Quelques semaines après cette polémique, c’est le footballeur américain Colin Kaepernick qui décidait de s’agenouiller lorsque « The Star-Spangled Banner » retentit pour dénoncer les violences policières à l’encontre de la communauté noire.

La forte réponse des joueuses WNBA

« Pour Colin Kaepernick, je pense qu’il y a eu l’expression d’un ras-le-bol individuel et d’une volonté pour lui de manifester quelque chose de politique », nous explique François Doppler-Speranza, docteur et enseignant à la Faculté des sciences du sport de Strasbourg. « Ça intègre un mouvement un peu bancal qui a d’abord touché la WNBA avec des revendications assez fortes. Ces femmes prennent position parce qu’elles sont doublement impliquées. Non seulement elles sont noires mais en plus elles sont femmes, et elles sont donc doublement attaquées par les soutiens de Donald Trump ».

tina-charles

Fin juillet, les joueuses WNBA ont ainsi commencé à porter des survêtements totalement noirs, arborant des T-Shirts #BlackLivesMatter et #Dallas5 [pour les cinq policiers tués] à l’échauffement. Lorsqu’elle a reçu son trophée de « Player of The Month », Tina Charles a porté son maillot à l’envers et lors d’un match entre le New York Liberty et l’Indiana Fever, les joueuses ont décidé de ne pas répondre aux questions sur le basket.

« Nous ne parlons que de Black Lives Matter », explique Tamika Catchings.

En s’affichant conjointement avec les hashtags #BlackLivesMatter et #Dallas5, les basketteuses WNBA voulaient clairement désarçonner les critiques d’une Amérique qui reproche à ceux qui protestent contre la violence subie par la communauté noire de prôner la violence, voire le meurtre, à l’encontre des forces de l’ordre.

« Nous aimerions vraiment que les gens ne voient pas notre soutien de Black Lives Matter, un problème critique dans la société actuelle, comme une façon de ne pas soutenir les officiers de police », confirme Swin Cash. « Je pense que les gens ont besoin de comprendre que ce n’est pas mutuellement excluant ».

Sauf que dans une Amérique chauffée à blanc par la campagne présidentielle, toute revendication sur le sujet provoque des débats souvent houleux. La WNBA avait d’ailleurs mis ses joueuses à l’amende à la suite de ces revendications, avant finalement de faire machine arrière face aux critiques. Du côté de Lisa Borders, président de la ligue, la gêne était visible.

https://twitter.com/WNBAPrez/status/756972302814760960

« Tous les membres de la WNBA ont le plus profond respect pour le fait que les joueuses s’expriment sur des sujets qui leur semblent importants. Même si nous espérons qu’elles respectent les règles de la ligue au sujet des uniformes, nous comprenons aussi leur désir d’utiliser cette plateforme pour adresser des sujets de société importants. »

Le mouvement a néanmoins été mis en veilleuse avec les Jeux olympiques de Rio, où les joueuses américaines de l’équipe américaine ont accepté de ne pas faire de manifestation politique, d’autant que le CIO l’interdit.

Les joueurs NBA visiblement plus gênés

Restait à voir comment la NBA allait réagir lors du retour de vacances. Adam Silver a alors pris les devants en contactant Michele Roberts, la présidente du syndicat des joueurs, pour envoyer un mémo aux joueurs et aux équipes afin de leur proposer de trouver des moyens de faire entendre leur revendications et de créer des « changements positifs ».

« On voit l’importance de l’aspect économique sur les décisions et sur l’aspect mi-figue mi-raison où on essaie de ménager la chèvre et le choux », analyse François Doppler-Speranza. « D’une part les grands admirateurs des joueurs NBA, ceux à qui l’histoire du « self-made man » et du rêve américain peut parler, en général le jeune assez pauvre, même si depuis une dizaine d’années cela s’est étendu d’un point de vue sociologique à d’autres classes sociales, mais essentiellement ce jeune assez pauvre, dans cette Amérique noire et cette Amérique ouvrière pauvre. Et d’autre part ceux qui financent. C’est la raison, je pense, pour laquelle Adam Silver a décidé d’apporter son soutien aux initiatives de LeBron James et Dwyane Wade ».

colin-kapernick

Les basketteurs NBA allaient-ils suivre Colin Kaepernick et protester lors de l’hymne ? Stephen Curry illustre bien la problématique des superstars de la ligue, tiraillés entre leurs intérêts…

« Je respecte l’hymne américain », assure le double MVP. « J’ai fait beaucoup de choses avec les militaires auparavant et je comprends, comme Colin l’a dit, qu’il ne s’agit pas de leur manquer de respect. Pour notre famille, ça veut dire quelque chose. Néanmoins, il y aura une conversation avec mes coéquipiers, pour trouver un moyen d’avoir un geste collectif ou de prendre position. Peut-être pas durant l’hymne mais quelque chose qu’on utilise comme plateforme ».

Hier, les Warriors n’ont pourtant rien fait au moment de l’hymne, alors que les Raptors se tenaient tous les bras. Aux Etats-Unis, la moindre prise de position « antipatriotique » est de toute façon très délicate. Il n’y a qu’à voir la polémique qui enfle autour de Joakim Noah et de sa volonté de ne pas assister à un dîner avec les cadets de l’armée pour comprendre qu’il n’est pas simple pour un joueur de prendre fermement position sans mettre en danger son image et sa carrière…

Mais pour Gregg Popovich, les changements ne peuvent venir que par la « pression politique » et des « mouvements massifs ». Pour Draymond Green, il est ainsi important d’ouvrir le débat… tout en espérant qu’il mène quelque part.

« Beaucoup de changements doivent être faits, et pas seulement au sujet des meurtres des noirs. C’est dur et dingue à mes yeux. Tout le monde parle de ce que Colin a démarré. Je respecte Colin parce qu’il a pris position et qu’il savait que ça allait créer une controverse. Il s’en fiche. Je respecte ça parce que la controverse est nécessaire pour faire passer un message et il a réussi. Mais ma question, c’est : ‘Et après ? Quand est-ce que les gens vont agir ?’ Maintenant que la conversation a démarré et qu’il a fait du bon boulot pour ça, tout le monde le critique en disant qu’il manque de respect au drapeau et aux militaires. Ce n’est pas un manque de respect. Il essaie de montrer que quelque chose doit être fait ».

Jusqu’à quand ce mouvement social dans le sport peut-il durer ?

« À Noël, on aura sans doute tourné la page », pense François Doppler-Speranza. « Il n’y aura pas de mouvement vraiment fort, d’autant que la médiatisation des débats politiques actuels permet aussi de donner une voix à ces actions. Cela risque de se tasser mais d’un point de vue social, aux Etats-Unis, certainement pas. Il y a encore eu des évènements la semaine dernière et tant que ça se poursuivra ainsi, tant qu’il y aura une certaine violence de classe, il y a la possibilité d’une poudrière ».

Le précédent Mahmoud Abdoul-Rauf

Pour les basketteurs, prendre une position sociale forte n’est de toute façon pas simple. En 1996, opposant sa foi musulmane à « l’oppression » américaine, Mahmoud Abdoul-Rauf avait décidé de rester dans les vestiaires ou de s’étirer pendant l’hymne. Suspendu, il trouva un compromis avec la ligue en se tenant les yeux fermés tout en récitant une prière.

Une attitude qui lui a coûté sa place en NBA, d’après lui.

« C’est un processus pour vous éliminer », assure-t-il. « C’est ce que je pense qui va arriver à Colin Kaepernick. Ils commencent à vous mettre dans des positions compliquées. Ils changent votre temps de jeu, essaient de briser votre rythme. Ensuite, ils vous gardent plus longtemps sur le banc. Du coup, on dirait que ce gars n’est plus aussi bon et on l’échange. C’est un plan. Ils essaient de vous faire échouer pour pouvoir se débarrasser de vous, pouvoir dire que c’est à cause de ça plutôt que par rapport à vos prises de position. Ils ne veulent pas que ce type d’exemples se multiplient donc ils doivent faire des exemples comme cela ».

Echangé à la fin de la saison 1996 vers Sacramento par Denver, Mahmoud Abdoul-Rauf a ainsi vu son temps de jeu et ses statistiques rapidement décliner. Alors qu’il tournait à 19.2 points et 6.8 passes chez les Nuggets, il était incapable de trouver un contrat en NBA deux saisons plus tard et devait relancer sa carrière à l’étranger.

« Ça n’a pas de prix de savoir que je peux dormir en sachant que je suis resté fidèle à mes principes », explique-t-il néanmoins. « Même si j’ai fini ruiné et qu’ils m’ont pris ma vie, je suis resté en accord avec mes principes. Pour moi, ça vaut plus que la richesse et la gloire. C’est important de continuer d’attirer l’attention sur ce qu’il se passe, qu’on soit un sportif, un politicien ou un éboueur. Ces discussions sont nécessaires et, parfois, il faut des hommes avec une certaine notoriété, des athlètes et des artistes, pour les lancer parce que, malheureusement, les jeunes les écoutent plus que leurs professeurs et leurs instituteurs ».

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