Comme un vieux barbu s’amusant sur les playgrounds, Kyrie Irving traverse ces Finals avec une certaine classe, une certaine maturité que le monde de la NBA se surprend à découvrir. L’Uncle Drew se démultiplie pour aider un LeBron James en mission, faisant, depuis quelques rencontres, passer les Warriors pour les jeunes adversaires médusés qu’il croise dans ses publicités.
Des fourmis dans les jambes, Irving doit en être remplie, lui qui n’a pas pu aider ses coéquipiers l’an dernier. Rotule fracturée dès le premier match, il regardera le reste des Finals 2015 loin du parquet, laissant LeBron James se débrouiller seul face à l’armada des Warriors. Il se rappelle au bon souvenir de la Dub Nation dans ces Finals.
« Vous n’avez jamais vu Kyrie jouer ? » demande Richard Jefferson quand on lui demande s’il avait imaginé le voir marquer 41 points lors du Game 5. « Oui je le sentais. C’est un gamin unique qui ne sait pas à quel point il peut être bon. Et les gens sont parfois durs avec lui. Parfois ils sont là ‘Ky… Ky… Ky…’ et parfois il faut simplement le laisser vivre. »
Plus de 28 pts de moyenne en playoffs
Le laisser vivre, ce n’était pas facile cette saison. Le départ réussi des Cavaliers, sans lui – toujours écarté des terrains – puis des performances irrégulières, une entente avec LeBron James remise en question, le changement de coach, etc.
Il fallait une sorte d’électrochoc pour exorciser tout ça, une campagne de playoffs par exemple ? Dès les premières rencontres, Irving s’élève au niveau de sa superstar de coéquipier. Un récital contre les Pistons avec 27.5 points de moyenne et on a retrouvé l’Uncle Drew redoutable scoreur que l’on connaît. Face aux Hawks et aux Raptors, on ne parle plus que de LeBron James, mais bien de deux co-leader, Kevin Love s’effaçant au fil des rencontres. Le King mène la danse, et Irving profite des espaces. Dans ces Playoffs, il tourne à 28.2 points de moyenne avec 16 matches sur 19 à plus de 20 points.
Confiance et humilité
Les Cavaliers retrouvent donc Golden State en finale. La pression gagne la totalité de la franchise de l’Ohio dans les deux premiers matches, et Irving passe à côté. excès d’isolation, parodie de basket : les hommes de Tyronn Lue encaissent deux volées (+15 et +33). Mais grâce à leur meneur d’à peine 24 ans qui se découvre un terrible instinct de tueur, ils vont revenir à flot dans cette série, avec une petite idée du comment.
« Quand on a arrêté de se préoccuper de ce que tout le monde disait » avoue Kyrie Irving. « Je pense que le facteur confiance est primordial. C’est-à-dire être constant dans nos performances, en continuant de grandir ensemble. »
La confiance, c’est ce qui a permis à Irving de marquer, coup sur coup, 30, 34 et 41 points, pour deux victoires des Cavaliers en trois matches avec des pourcentages en constante hausse. Des actions de choix, comme quand il manque de peu de mettre le MVP Stephen Curry sur les genoux après un crossover. Puis les gros tirs, ceux qui comptent, comme dans ce Game 5 où il a fallu resister à la furie de Klay Thompson pour rester dans le match. Si l’on excepte le Game 2 des Finals, il est à 32.8 points de moyenne dans ces Finals.
Toujours d’une extrême humilité, il n’hésite pas à mettre en avant ses coéquipiers après sa chirurgicale dernière sortie (41 points à 17 sur 24 aux tirs – 71%). Chirurgicale mais aussi historique puisque seul Wilt Chamberlain avait réalisé l’exploit de planter au moins 40 pts à 70% aux tirs dans une finale NBA.
« Le « spacing » de l’équipe est vraiment important, c’est ce qui nous a permis d’être à ce niveau » analyse-t-il. « Ça nous a pris du temps pour en prendre conscience. Maintenant, ce sera tout de même difficile de répéter cette performance. »
Pourtant, on aurait presque envie de dire que c’est lui le leader, la locomotive des Cavaliers depuis quelques matches. LeBron James a également su faire payer l’absence de Draymond Green avec une rencontre stratosphérique, mais il semblerait que la clé du succès passe par son jeune meneur. Un motif d’espoir pour aujourd’hui et pour demain à Cleveland, qui s’est découvert un autre authentique leader.
Hommes du Game 5 : Kyrie Irving et LeBron James par hoopcast