Contraint de jeter l’éponge pour la fin de la saison et les Jeux olympiques de Rio, Anthony Davis, blessé au genou gauche et à l’épaule, va bientôt se faire doublement opérer. Un forfait devenu une habitude chez lui puisqu’il a déjà manqué 68 matches en quatre ans, loupant même trois fins de saison. Retour sur ces quatre années de galère…
Anthony Davis n’a jamais raté plus de 11 matchs de suite et n’avait jamais subi une aussi grosse opération que celle qui va l’arrêter pour les cinq prochains mois. Pourtant, il a manqué au moins 15 rencontres par saison depuis son arrivée en NBA, pour un total de 68 en quatre ans. Son cas n’est pas comparable à celui d’un autre natif de Chicago, Derrick Rose, qui a subi deux grosses blessures coup sur coup aux genoux. Ni à celui de Stephen Curry, jugé fragile après avoir raté 54 matches lors de ses quatre premières saisons, mais qui depuis ses opérations au pied droit enchaine les saisons pleines.
Non, Anthony Davis est un cas à part car il déclare souvent forfait pour des blessures diverses et variées : genou et épaule donc, mais aussi cheville, doigt, main, infection respiratoire, douleurs au dos… Il ne s’agit pourtant pas d’une partie de Docteur Maboul, mais bien du carnet de santé de la star de New Orleans.
Les Pelicans sont-ils maudits ?
Son début de carrière est symptomatique : il marque 21 points et prend 7 rebonds pour son premier match dans la ligue le 1er novembre 2012. Le lendemain, il subit une commotion cérébrale et doit manquer deux rencontres. Un coup de malchance. Mais quinze jours plus tard, il ressent une douleur à la cheville gauche : 11 nouveaux matches sur la touche. Avec 13.5 points et 8.2 rebonds, le premier choix de draft débute doucement sa carrière, et voit Damian Lillard remporter haut la main le trophée de rookie de l’année.
Premier léger écueil pour le prometteur Davis dont le corps, aussi longiligne que les sourcils, prend en puissance à l’intersaison. Le jeune homme de 20 ans continue de grandir et prend quelques kilos pour résister aux contacts sous les panneaux. Résultat : 20.8 points, 10 rebonds, une sélection au All-Star Game et une troisième place au classement du joueur ayant le plus progressé. Mais Davis enchainera les blessures en fin de saison et c’est avec des spasmes dorsaux qu’il verra son équipe perdre 8 de ses 10 derniers matches. C’est d’ailleurs toute son équipe qui semble avoir la poisse. Au total, Ryan Anderson, Eric Gordon, Tyreke Evans et Jrue Hollyday, les quatre autres principaux joueurs de la franchise, cumulent 300 matchs ratés sur les trois dernières années !
Mais les absences répétées d’Anthony Davis sont bien un mystère. On recense une douzaine de blessures en quatre ans, pour de courtes périodes et des liens difficiles à établir. La croissance tardive à peut-être à y voir, son poste aussi, lui qui a grandi comme meneur, ainsi que le traitement de faveur réservé en NBA par certains à une jeune superstar.
Une vieille blessure non soignée
La Nouvelle-Orléans regarde aujourd’hui vers le nouveau choix de draft mais c’est une bien maigre consolation pour les fans qui voyaient leur joueur phare en candidat au titre de MVP et leur équipe dans les cinq meilleures de la conférence Ouest. Force est de constater aujourd’hui qu’Anthony Davis est trop souvent blessé : il rate la fin de saison sur blessure pour la troisième fois en quatre ans et a manqué 68 rencontres depuis son arrivée dans la ligue, soit un ratio de 21% !
Son collègue de la promotion 2012, Damian Lillard, en a lui raté 7 par exemple, LeBron James quant à lui, a un bilan inférieur sur l’ensemble de sa carrière en 13 saisons (60). En plus des absences, « Unibrow » a également connu quelques rencontres dans lesquelles son temps de jeu a du être limité.
Son T-shirt porté comme protection sous son maillot témoignait d’ailleurs de la menace permanente qui pesait sur lui jusqu’à ce qu’il avoue hier qu’il jouait « depuis trois ans avec une déchirure du labrum de l’épaule droite ».
« Je me suis fait mal à l’épaule pendant mon année rookie, et j’ai juste toujours jouer avec ça. Ils m’ont dit que ça devrait arriver à un moment ou un autre, et ça a empiré. C’est quelque chose dont je dois m’occuper aujourd’hui » explique-t-il, faisant référence à cette opération qui lui pendait au nez.
25 millions de dollars vont lui passer sous le nez
Cette fragilité chronique l’empêche ainsi de mener les Pelicans vers le haut du tableau. Sans oublier la partie financière… L’été dernier, Anthony Davis a signé le contrat potentiellement le plus important de l’histoire de la NBA à 145 millions de dollars sur cinq ans. Potentiellement car 25 millions dépendent d’une présence dans les trois meilleurs cinq de la ligue. Malgré de grosses performances statistiques, il ne devrait pas en faire partie et faire une croix sur cet argent.
Sur le plan collectif, les Pelicans sont complètement passés à côté de leur saison et leur franchise player ne peut plus faire partie des têtes de gondoles de la ligue avec un bilan en dessous des 40% de victoires. Cette année, ce sont sa hanche, son dos, son pied droit ou encore un traumatisme crânien qui l’ont mis sur la touche. Mais de tous ces pépins, c’est bien son épaule qui fait frémir les fans des Pelicans à chaque écran.
Dirk Nowitzki confirmait il y a quelques temps le caractère récurrent des blessures à l’épaule, lui qui est gêné par intermittence par un choc datant d’une quinzaine d’années.
« J’ai ça depuis un contact avec Karl Malone en 1999 » racontait l’Allemand en février 2014 à ESPN. « L’épaule se déboite un peu et se remet en place de temps en temps. C’est arrivé une bonne vingtaine de fois dans ma carrière ».
Raison et patience
Un problème qui n’est pas aussi handicapant que la déchirure du labrum dont souffre Anthony Davis et qui l’oblige aujourd’hui à passer sur le billard. Récemment, le jeune joueur se voulait pourtant rassurant quand à ses problèmes.
« Ça ne m’inquiète pas » déclarait-il le 1er mars après une entorse d’un orteil. « C’est le basket. Les blessures font partie du basket. »
Pourtant, le Pelican a finalement décidé d’écouter son corps et de subir une opération au genou et une à l’épaule, qui lui feront manquer un évènement qu’il avait coché sur son calendrier : les Jeux Olympiques de Rio.
« C’est dur… C’est vraiment dur » admet-il dans des propos relayés par Yahoo! Sports. « J’ai 23 ans, j’ai encore deux olympiades peut-être ? C’est une situation difficile, j’adore Team USA. Ça a été une décision dure à prendre mais je pense que tout le monde comprend que la santé est plus importante qu’être sur le parquet. »
Finalement opéré de sa blessure à l’épaule, qui le gênait depuis son année rookie, Anthony Davis devrait enfin revenir à 100%. À lui d’imiter Dwyane Wade, revenu à son meilleur niveau pour gagner deux titres, ou Stephen Curry, dont le début de carrière avait été pourri par des blessures à répétition aux chevilles. On connaît la suite…