Ce n’était qu’un entraînement, type décrassage mental et physique, lors du Media Day de l’Equipe de France de basket, mais Joffrey Lauvergne est bel et bien apparu comme le joueur le plus saignant du groupe. S’il est clairement sorti du lot hier, c’est en grande partie due à sa participation toute fraîche à la dernière ligue d’été de Las Vegas.
Avec 11 points et 8 rebonds de moyenne avec les Nuggets, le gladiateur des Bleus a déjà retrouvé une forme physique optimale. Très en jambes et très détendu, on a profité de l’occasion pour dérouler nos nombreuses questions au volcanique Lauvergne. Un entretien fleuve où l’intérieur nous parle de son été, ses attentes pour la saison prochaine à Denver et son excitation palpable pour un Euro à la maison qui s’annonce brûlant !
Tu reviens de Las Vegas, comment ça s’est passé pour toi ?
« Plutôt bien. C’était sympa à faire une fois. Et puis, c’était bien pour moi car ça m’a permis de faire connaissance avec le staff qui sera en place l’année prochaine. Et ça me permet aussi de gagner un peu de temps car je vais arriver un peu après les autres joueurs mais je sais déjà ce qu’attend le staff. »
C’était ta première visite à Las Vegas ?
« Oui. »
Tu as aimé ?
« Pas trop. Deux jours, ça va. Je n’y retournerai pas. Il y a trop de monde. Des casinos partout, des hôtels, des gens bourrés partout. C’est marrant… un petit peu ! Il fait une chaleur incroyable dehors. »
Ils te demandaient quoi les Nuggets pour cette summer league ?
« De jouer, de bien jouer, d’être prêt, de montrer au nouveau coach et au nouveau staff quel type de joueur je suis et de quoi je suis capable. Dans cette mesure-là, le directoire a été satisfait. »
Tu as pu parler avec Mike Malone, ton nouveau coach ?
« Oui, il m’a parlé, il m’a dit que j’étais bien. Il était content de ce que j’avais fait. Le GM m’a dit qu’il m’aimait beaucoup apparemment. »
C’est un été positif pour toi…
« Oui, un été positif. Je suis content aussi parce qu’avant la summer league, j’ai bien travaillé. Je suis revenu en France, je suis allé un peu en Serbie aussi. Je suis allé en vacances aussi, pour me reposer. Je suis content du travail que j’ai fait. C’est compliqué de faire du jeu donc ces quatre matchs que j’ai fait à Vegas, c’est bien car ça m’a permis de jouer un peu avant de revenir en Equipe de France. »
« Certaines équipes en summer league, c’est le cirque ! »
Comment tu as trouvé le niveau général à Las Vegas ?
« Ça dépend beaucoup, il y a des équipes qui jouent mieux que d’autres. J’ai vu quelques matchs des Spurs à la télé. Je sais pas trop… Nous en tout cas, c’était bien. J’ai eu la chance d’être dans une équipe où pas mal de joueurs étaient sous contrat, donc ce n’était pas n’importe quoi. C’était correct. Il y a des équipes, c’est incroyable, c’est le cirque ! Mais nous on jouait plutôt bien, ça allait. »
Qui t’a impressionné sur cette ligue d’été ? Les Jahlil Okafor, Karl-Anthony Towns ?
« Ah, je ne connais pas bien tous ces jeunes joueurs… Non, le dernier match qu’on a joué. Enfin, je n’ai pas joué car ils m’ont mis au repos. Ils m’ont dit c’est bon, tu as assez montré. En plus, je partais le lendemain pour l’Equipe de France et on ne jouait qu’un match de classement. On a joué les Wizards et il y avait un arrière gaucher, métis avec les yeux clairs, je ne sais pas comment il s’appelle [Kelly Oubre qui a marqué 30 points avec un 5/7 à trois points, ndlr], lui m’a vraiment impressionné. »
Il y avait d’autres Français avec toi, est-ce que tu as eu le temps de les voir et de discuter ?
« Je suis très très ami avec [Jordan] Aboudou. Je suis aussi bien ami avec [Axel] Toupane. J’ai aussi mangé avec Livio et Bertans, que je connaissais aussi du Partizan. Je l’ai vu un petit peu. Mais Livio est parti avant moi. J’ai vu Capela [qui n’a pas joué] aussi avec qui j’avais joué à Chalon. Je crois qu’il avait un petit problème au genou. J’ai raté Marcus Denmon par contre. Je m’étais super bien entendu avec lui à Chalon, c’était un bon gars. »
Et Emmanuel Mudiay, ton coéquipier rookie, tu en as pensé quoi ?
« Pas mal. Je pense qu’il va être pas mal. Il lâche plutôt la balle, c’est bien. »
Avec le départ de Ty Lawson, c’est vraiment une nouvelle ère qui commence pour les Nuggets, tu penses que tu peux t’inscrire dans ce nouveau projet à Denver ?
« C’est l’objectif. Je vais voir comment ça va se passer. Je devrais avoir un rôle plus important que l’année passée. Eux ont envie que j’ai un rôle plus important. Je ne sais pas encore quel rôle, et quelle importance mais je serai là pour travailler. »
Tu penses à un nombre de minutes, autour des 20 par exemple ?
« Non, je ne pense pas comme ça. C’est le genre d’objectif avec lequel tu es toujours déçu. Je me suis mis pour objectif d’être prêt et de bien jouer quand on me donne ma chance de jouer. J’étais déjà assez satisfait de ce que j’ai fait la saison dernière. »
« Tous les matchs seront importants à l’Euro »
Il y a beaucoup de jeunes et de nationalités différentes dans cet effectif des Nuggets, c’est plutôt sympa sur le papier, tu le trouves comment toi ?
« Je n’ai pas encore rencontré tous mes coéquipiers. Mais je pense effectivement qu’ils ont des bonnes idées à Denver. Ils ont prolongé Gallinari qui est un super joueur, et un mec super. Ils ont prolongé [Wilson] Chandler qui est vraiment un mec super aussi. Jokic, moi, Nurkic, on a une culture de basket un peu différente. Ils ont drafté aussi un autre serbe au second tour, qui joue meneur à Séville [Nikola Radicevic], qu’ils veulent ramener soit la saison prochaine, soit dans deux saisons. Donc, ça pareil, c’est un joueur avec la culture basket européenne. Mudiay, je pense qu’il va être bon, il a beaucoup de qualités. Et puis, il devrait beaucoup jouer donc il va progresser rapidement. Tout ça me fait penser que ça va être plutôt plaisant. Après, quand, je ne sais pas… »
Tu n’as pas parlé de Kenneth Faried qui est un peu le franchise player désormais, comment tu t’entends avec lui ?
« On s’entend bien. Kenneth, il est sympa. Il est cool. J’aime bien l’attitude qu’il a, toujours à fond, il se bat tout le temps. C’est un bon gars. »
On a beaucoup parlé NBA mais tu sembles parfois un peu distant, c’est parce que tu es déjà à fond dans l’Euro ?
« Moi, honnêtement, c’est toujours un plaisir de jouer pour l’Equipe de France. J’aime ça. L’argent, c’est important mais c’est surtout les aventures humaines que j’aime. C’est pour ça que le Partizan m’a autant plu. C’est pour ça que ça me plait autant de venir en Equipe de France parce que j’aime les mecs avec qui je joue, ce sont mes potes. J’aime le staff, j’aime Vincent. Ça fait déjà… [pause] quelques mois que j’attends ça avec impatience. Je suis pressé que ça commence. »
Vous allez faire un bon petit tour d’Europe avec vos matchs amicaux, pour toi qui aime les aventures humaines, ça devrait être sympa, non ?
« Oui, ça va être bien. Mais bon, les matchs amicaux, on attend ça… allez un de plus, un de plus ! C’est ça de moins à faire avant le début de l’Euro. Mais c’est aussi important parce c’est ce qui va faire qu’on sera prêt ou pas prêt pour la compétition. On va partir à droite à gauche avec l’équipe, ça devrait être marrant. »
Vous pensez déjà à la compétition ou c’est encore loin. Il y a ce fameux huitième de finale qui sera très important, à la vie à la mort tout simplement ! Difficile à appréhender quand on vise les JO ?
« Ça dépendra de notre classement, contre qui on va jouer. Il va falloir faire très attention. Tous les matchs seront importants, surtout maintenant que le huitième est un match couperet. Ça veut dire que tous les matchs de la première phase seront importants pour finir dans la meilleure position possible au classement. »
Propos recueillis à l’INSEP