Ce n’est certes pas la nouvelle de l’année mais l’information est plaisante : on pourra voir Qyntel Woods à l’oeuvre dans le championnat de France la saison prochaine, sous le maillot choletais. Il avait failli y jouer en 2013 avec Le Mans… mais une vilaine blessure au genou l’en avait privé ! Voici son parcours des plus atypiques.
Au mauvais endroit au mauvais moment
Ancien n°21 de la draft en 2002, Woods a passé quatre saisons en NBA dont deux à Portland (qui l’avait choisi), une à Miami et une dernière à New York. Tombé au mauvais endroit au mauvais moment, Qyntel Woods va sombrer dans l’ambiance délétère des Jail Blazers à Rip City. À l’époque, il suit Zach Randolph partout… mais ce dernier est alors loin du modèle de civilité qu’il est devenu à Memphis.
« À l’époque, j’étais si jeune et j’étais en NBA avec pas mal d’argent, donc je me fichais un peu de tout, pour être honnête. Je me disais que j’allais toujours m’en sortir. Même si je savais que je faisais des conneries, j’avais la mentalité du joueur NBA qui pense qu’il est au-dessus de tout. C’est comme ça que je me sentais : invincible. Je me pensais intouchable, » se souvient-il pour un long article passionnant pour Slam.
Pris plusieurs fois par la patrouille, pour des combats de chien et l’inévitable marijuana, Qyntel Woods se fabrique son propre cercueil avec une telle réputation… mais il ne s’en rend même pas compte.
« J’étais encore entouré du même type de gars avec lesquels je traînais là d’où je venais. Je ne vais pas dire des voyous car ça sonne mal, mais des gars du quartier. Mais oui, dans le fond, ce sont bien des petits voyous ! Personne ne m’a vraiment encadré pour m’apprendre à durer en NBA. Tout le monde faisait son truc dans son coin [à Portland, ndlr] mais ces gars-là étaient déjà établis dans la ligue. Je faisais pareil en pensant que c’était OK. Mais ça ne l’était pas du tout. J’avais tout faux. »
Qyntel Woods a paradoxalement quitté la Grande Ligue après sa meilleure saison en carrière (chez les Knicks de Larry Brown). Avec 7 points et 4 rebonds en 21 minutes de jeu à New York, il pensait certainement avoir fait le plus dur. Mais coach Brown est débarqué… et avec lui, Qyntel Woods ! Sans son seul mentor en NBA, il va jouer un peu en D-League avant de tenter sa chance en Europe.
Un tour d’Europe plutôt sympa
Il arrive à l’Olympiakos et réalise une saison correcte mais se fait encore pincer avec un peu d’herbe. Il décolle ensuite pour Bologne en Italie, puis s’en va en Pologne. C’est là-bas qu’il va le plus briller, obtenant même le sobriquet de « LeBron polonais ». Mais c’est un complet tour d’Europe qu’effectue le natif de Memphis. Il passe par la Russie (essai non concluant), en Espagne, en Israël, en France (essai non concluant au Mans comme précisé auparavant) et retour en Pologne l’année dernière.
Figurant parmi les meilleurs joueurs d’Euroligue en 2010 avec Gdynia, Qyntel Woods tournait à 17 points, 6 rebonds et plus de 2 passes par match. Idem, en Pologne, il domine la compétition et termine cinquième meilleur marqueur la saison passée avec 19 points et 7 rebonds de moyenne.
« Mes deux ou trois premières saisons en Europe, c’était mon plan, je voulais revenir en NBA. Mais après ça, j’ai vu que tout se passait bien ici et que les fans m’appréciaient beaucoup. Donc, je me suis dit que j’étais aussi bien ici. Retourner en NBA pour être sur le banc et jouer des bouts de minutes ? Non, je ne veux pas de ça ! Je suis bien ici. Je suis très heureux. La NBA n’est pas tout. Tout le monde veut jouer en NBA et tout le monde veut être une star. Mais tout le monde ne peut pas être une star ! »
Ailier de très grande taille, Qyntel Woods est nettement plus mature depuis son départ en Europe. Les joutes musclées de l’Euroligue et des autres coupes continentales lui ont forgé un jeu peut-être moins flashy mais beaucoup plus sain en termes de fondamentaux. À 34 ans, l’ancien phénomène physique est toujours très costaud et il n’hésite pas à défier son adversaire direct en dribbles. Cholet s’en frotte déjà les mains…
Ses highlights en Pologne