Le retour de Serge Ibaka avait changé beaucoup de choses pour San Antonio. Lors des deux premiers matches de la série, les Spurs s’étaient ainsi quasiment contentés de jouer sur la vitesse de Tony Parker et Manu Ginobili sur le pick-and-roll, qui dépassaient les intérieurs adverses très facilement et pouvaient ensuite pénétrer dans la raquette sans trop de difficulté.
Serge Ibaka rendait le contrôle de la peinture à Oklahoma City et San Antonio a mis deux matches à trouver la solution face à l’Espagnol. Mais cette nuit, Gregg Popovich a changé son approche en cherchant avant tout à écarter Serge Ibaka de la peinture et en misant davantage sur le « Drive & Kick ».
Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessus, l’adresse de San Antonio dans la raquette avait énormément baissé lors du Game 3 et du Game 4, avant de remonter en flèche cette nuit. Les Spurs ont ainsi réussi 69% de leurs tirs dans la peinture mais, le plus intéressant, c’est qu’ils y ont beaucoup moins tiré.
Hier, ils n’ont ainsi pris que 23 tirs dans la raquette du Thunder. Lors du Game 1, ils en avaient shooté 41 !
Tiago Splitter et Tim Duncan séparés
Le point de départ de la stratégie reste le changement de cinq majeur, avec Matt Bonner qui remplace Tiago Splitter. Pour Gregg Popovich, il s’agissait évidemment d’écarter le jeu en insérant un joueur qui obligeait Serge Ibaka à s’écarter de la raquette. Mais le plus important, c’est que le coach texan n’a jamais fait jouer Tiago Splitter et Tim Duncan ensemble lors de ce Game 5.
Après le duo intérieur Duncan/Bonner (pendant 4 minutes 40), il y a eu le duo Duncan/Diaw (3 minutes 40) puis Splitter/Diaw (3 minutes 40 également), Duncan/Bonner à nouveau (3 minutes 37) et Duncan/Diaw (8 minutes 06). L’écart était alors fait et Gregg Popovich pouvait faire tourner son banc.
Ne pas associer Tiago Splitter et Tim Duncan diminue l’impact de Serge Ibaka, dont les aides sont bien moins efficaces puisqu’il doit venir de plus loin. Lors des deux matches précédents, l’intérieur d’OKC avait ainsi profité des prises de position poste bas de Tiago Splitter sur le pick-and-roll pour pouvoir venir efficacement en aide. Tim Duncan est ainsi obligé de tirer au milieu de la raquette sur cette action.
Lors du Game 5, Boris Diaw et Matt Bonner remontaient lorsque le pick-and-roll avait lieu de l’autre côté du terrain. Serge Ibaka était obligé de suivre et cela ouvrait la raquette pour Tim Duncan.
Mais aussi pour Tony Parker, qui pouvait profiter de l’espace en attaquant Kendrick Perkins de l’autre côté de la raquette, Serge Ibaka étant d’abord obligé de suivre Boris Diaw qui glissait en périphérie.
Beaucoup plus de « Drive & Kick »
Comme le confiait Boris Diaw, il avait pour consigne d’être plus agressif offensivement en shootant dès qu’il en avait l’occasion. Assez maladroit jusque-là (il avait mis 3 tirs à trois points sur 11 tentatives depuis le début de la série), il a réussi ses deux tentatives extérieures cette nuit et il a été un maillon essentiel du grand plan de « Drive & Kick » développé par les Spurs.
C’était un ajustement auquel on s’attendait. Le « pick-and-roll » étant devenu peu efficace à cause de la présence de Serge Ibaka, les Spurs ont cette fois refusé d’attaquer l’intérieur en première intention, préférant pénétrer pour ressortir la balle vers les shooteurs. Lorsque ceux-ci étaient démarqués, ils devaient shooter. Lorsque ce n’était pas le cas, ils attaquaient à nouveau la peinture.
Obligés de faire l’essuie-glace entre la raquette et la ligne à trois points, Serge Ibaka et ses coéquipiers finissaient par perdre du terrain sur les rotations, laissant forcément des espaces libres.