En 2008, interrogé sur l’impact que pouvait avoir Trevor Ariza et sa capacité à se faire oublier des défenses, Phil Jackson avait fait cette métaphore un peu étrange.
« Il est comme un fantôme », avait-il expliqué. « Comme une ombre. D’un coup, il sort d’un écran et il est parti. On voit quelque chose et puis il n’est plus là. Il court sur le terrain comme ça. Il est un joueur furtif, plus que quelqu’un qui apporte son énergie à l’équipe. Mais sa présence est ressentie ».
Plus de quatre ans plus tard, la citation n’a jamais été autant d’actualité après les 30 points (à 10/17 aux tirs, dont 6/10 de loin) de l’ailier hier soir, lors de la victoire face à Chicago au Game 4 de la série.
Celui qui a inscrit le plus de tirs dans le « corner » cette saison
Cette capacité à se faire oublier, Randy Wittman l’utilise beaucoup à Washington. Trevor Ariza est ainsi le joueur qui a marqué le plus de tirs à trois points dans le « corner » cette saison avec 78 réussites. Sur ces 78 trois points dans le coin, 77 sont venus directement après une passe et 53 d’entre eux sont venus après une passe de John Wall.
Hier soir, c’est encore cette stratégie qui a permis à Trevor Ariza de briller. Le principe est toujours le même : il faut profiter de la menace que représente John Wall en pénétration. Sur l’action suivante, le meneur ne joue pas vraiment le pick-and-roll avec Marcin Gortat mais le pivot polonais reste dans le coin.
Ayant pris de vitesse Kirk Hinrich, John Wall attaque la défense des Bulls et Joakim Noah vient en aide pour l’arrêter. Décalé, Marcin Gortat peut recevoir la passe dans la peinture et Mike Dunleavy Jr. vient à son tour en aide afin de bloquer le pivot adverse. Tout se joue donc côté fort, c’est-à-dire côté ballon, avec Bradley Beal et Drew Gooden qui attirent également leurs défenseurs de ce côté du terrain.
Le faux pick-and-roll entre John Wall et Marcin Gortat a en tout cas attiré toute la défense de Chicago et Trevor Ariza se retrouve complètement esseulé dans le coin opposé. John Wall n’a plus qu’à le servir.
Le « fantôme » Trevor Ariza adore ce spot et lorsqu’il est en confiance, il y fait de gros dégâts.
Surtout que si le décalage initial n’est pas suffisant et que la défense réagit mieux, il a la possibilité d’attaquer le cercle, notamment face à un Joakim Noah moins rapide et obligé de couvrir trop de terrain.
Avec la main chaude, Trevor Ariza peut également profiter de tirs en première intention.
La stratégie n’est pas nouvelle. Avec Bradley Beal, Trevor Ariza et Martell Webster, les Wizards l’ont utilisée toute la saison. Mais avec un John Wall de plus en plus sûr dans ses choix et un Marcin Gortat dont il faut se méfier aux abords de la raquette, Chicago est bien obligé de faire des impasses. Ce qui a changé, c’est que Washington peut désormais en profiter. La marque d’une vraie bonne équipe.