Interview Evan Fournier : « Les équipes de l’Ouest sont plus compétitives »

Discret depuis le début de la saison, Evan Fournier connait pour l’instant une campagne compliquée pour sa deuxième année en NBA. Nouveau coach, nouveau GM, la franchise de Denver a pris un virage à 180 degrés cet été, mais cela n’empêche pas l’ancien joueur de Nanterre et Poitiers de garder le moral. Après la victoire des Nuggets sur le parquet des Wizards, l’arrière-ailier français a répondu aux questions de Basket USA.

Evan, pour commencer un mot sur la victoire face aux Wizards au terme d’un match très étriqué, victoire très importante pour les Nuggets avec notamment un rôle décisif du banc dans le troisième quart-temps ?

Le dernier match d’un « road trip », c’est toujours compliqué, on était pressé de rentrer à la maison vu que cela faisait dix jours que l’on était en déplacement. On était fatigué, mais a eu suffisamment de ressources pour trouver des solutions face à une bonne équipe de Washington. J’ai trouvé qu’ils avaient un vrai fond de jeu, et ça n’a pas été facile mais on a eu de la réussite sur la fin de match, et cela nous a permis de décrocher la victoire.

Malgré votre fin de saison prometteuse au printemps dernier vous ne jouez pas beaucoup, surtout depuis la fin du mois de novembre. Vous attendiez-vous à cela avant le début de saison et comment vivez-vous cela ?

Forcément, j’aimerais jouer plus. J’ai commencé avec pas mal de minutes, ensuite c’est vrai que ça s’est tassé, je ne jouais plus qu’une dizaine de minutes mais j’étais très performant avec des pointes à 10 points donc je n’ai pas vraiment compris pourquoi je ne jouais plus. L’équipe gagne en ce moment, c’est le plus important. Maintenant il faut que je retrouve la confiance qui était celle que j’avais quand j’étais performant. Mais je suis sûr que ça va venir.

En quoi le style de Brian Shaw, coach rookie cette saison, est-il différent de celui de George Karl, qui a dirigé plus de 2000 matchs en comptant les playoffs ?

Ils sont en effet très différents. Brian Shaw est un coach plutôt défensif, ça ne se voit peut-être pas encore mais on commence doucement à nous mettre en place, et puis le jeu est beaucoup plus placé en attaque. Avec George Karl, on avait beaucoup plus de shoots en première intention, un jeu rapide, de la relance et encore de la relance… Shaw est bien plus posé mais il y a forcément des restes du style prôné par Karl vu que la majorité des joueurs étaient déjà là la saison passée. Karl laissait plus de liberté aux joueurs avant les matchs, par exemple en nous laissant manger un peu ce qu’on voulait, ce que notre nouveau coach a changé. Ce sont deux mondes totalement différents.

« Je suis plus confiant pour les Knicks que pour les Nets »

Les Nuggets ont réalisé une belle campagne l’an dernier. Est-ce que vous vous attendiez à tous ces changements dans le staff pendant l’intersaison ?

Cela faisait un petit moment que je savais que Coach Karl allait partir. Pour le General Manager (Masai Ujiri, ndlr) j’ai été plus surpris mais j’ai cru comprendre que c’était plus en raison d’une histoire de gros sous qu’autre chose. Evidemment, quand le coach, le GM et un joueur clé comme Andre Iguodala s’en vont, tu te poses des questions, mais il faut regarder vers l’avenir.

Vous avez commencé la saison très doucement avec quatre défaites en cinq matchs, mais avez depuis redressé la barre et venez de terminer un « road trip » à l’Est avec quatre victoires en six matchs. Est-ce que sur le terrain les équipes de l’Est sont réellement plus faciles à jouer ?

C’est incontestable, les équipes de l’Ouest sont beaucoup plus compétitives. Un bilan de 4-2 en déplacement à l’Est, ça reste plutôt bien. Mais je pense que la Conférence Est est très forte, c’est juste que les grosses écuries bafouillent leur basket en ce moment, comme à New York avec les Knicks ou les Nets. Selon moi, les Knicks vont se mettre en place tranquillement et remonter petit à petit, je suis un peu moins confiant en ce qui concerne les Nets…

Pensez-vous que la NBA doive supprimer les divisions ou changer le format de qualification pour les playoffs ?

Sincèrement, je viens d’arriver en NBA, je ne me préoccupe donc pas vraiment de tout ça. Je me concentre sur gagner des matchs. Après, c’est tout à fait légitime de se poser ce genre de question. Quand on joue des équipes de l’Est, souvent on se dit que ce sera sans doute plus facile. Par exemple, il y a quelques jours on affrontait Toronto qui était en tête de sa division avec cinq victoires. Nous, on en a treize et on a une meute de poursuivants pour les places en playoffs… C’est vrai qu’il y a pas mal de questions à se poser à ce niveau pour rendre les choses plus équitables, mais ce n’est pas mon boulot de dire quoi faire pour changer les choses.

« On repart plus ou moins de zéro »

Revenons à Denver, l’objectif de la saison pour vous : les playoffs ?

Sincèrement, on n’a jamais parlé d’objectif parce que c’est une nouvelle équipe, c’est un nouveau coach, c’est une nouvelle philosophie. On ne va pas se mettre à rêver alors que l’on repart plus ou moins à zéro. On va prendre les matchs un par un, en essayant de les gagner bien sûr. Après, notre objectif sur le long terme, c’est clairement de passer le premier tour. C’est essentiellement pour cette raison que Coach Karl est parti. Mais sur la saison actuelle, je ne pense pas qu’il faille se fixer des ambitions particulières, en tout cas pas pour l’instant.

Vincent Collet ne vous a pas gardé dans sa liste finale pour le dernier Eurobasket, mais êtes-vous candidat à une place dans l’effectif de l’équipe de France pour les prochains Championnats du Monde ?

Bien sûr, évidemment, sans aucune hésitation.

Propos recueillis à Washington.