Miami remet les pendules à l’heure

Pendant 33 minutes, les Spurs ont cru rejouer les Arsène Lupin, prêts au cambriolage de l’American Airlines Arena. Mais le Heat n’est pas la troupe d’un seul homme et même quand LeBron James patine, le champion dispose des ressources collectives pour s’imposer (103-84). Un 23-3 signé du trio Miller-Allen-Chalmers a assommé des Spurs cauchemardesques dans le dernier quart d’heure. Miami se rassure avant le voyage au Texas.

« Rien n’est plus semblable à l’identique que ce qui est pareil à la même chose ». Si Pierre Dac était encore en vie, il sourirait de sa tirade, un verre à la main. Après la première mi-temps dimanche, il planait comme un air de déjà vu dans l’écrin du Heat. Pourquoi ?

Parce que comme jeudi, LeBron James prend le mur Kawhi Leonard en pleine poire (2/7). Incapable de driver, il ne peut pas cette fois compenser à la passe (1 assist en 22 minutes). Parce que Miami shoote à 51% et mène de cinq points (50-45) à la mi-temps sans donner l’impression de maîtriser son sujet. Parce que San Antonio, malgré son 41% aux tirs, ne décroche pas, ravi de capitaliser sur la réussite extérieure de Danny Green et Gary Neal (6/6 à la mi-temps). Parce que Kawhi aux mains gargantuesques prouve encore qu’il a tout d’un grand (9 rebonds) sans peser en attaque. Bruce Bowen doit apprécier.

« Super Mario » compense pour le King

Mais non, l’American Airlines Arena n’est pas allergique au changement. Chris Andersen recycle les déchets du premier match et remet son costard de Mr. 100% (3/3), Tim Duncan patauge autant dans le deuxième quart qu’en début de rencontre, Mario Chalmers rentre les tirs ouverts comme le prédisait l’Elu et les Texans perdent trois ballons de plus (7) en 24 minutes de moins. Et Tony Parker dans tout ça ?

Il continue de faire remuer Red Auerbach dans sa tombe. Comme il le rappelait dans les vestiaires avant la bataille, c’est le président des Celtics qui, en 2001, a décidé en dernière minute de sélectionneur Joe Forte à sa place, apparemment pour rendre une faveur personnelle à North Carolina.

Kawhi Leonard fait souffrir LeBron James

Rappelé sur le banc par Popovich en début de troisième quart temps pour une explication de texte tactique, TP se régale du 6-0 ponctué par le cinquième tir primé de Danny Green. Les Spurs sont revenus à -2 et repassent même devant sur quatre points consécutifs de Leonard, impressionnant de sérénité et d’autorité.

Tout le contraire de LeBron James, fantomatique. Le voir rater un double-pas puis se faire contrer par Green, chien de garde de substitution, frôle ainsi le surréaliste.

Un 23-3 fatal à San Antonio !

Heureusement pour Miami, Chris Bosh a la bonne idée de reprendre des rebonds et d’assumer son rang. LBJ retrouve le chemin de cercle sur un lay-up en transition mais c’est Mario Chalmers avec deux « And 1 » qui scelle le 14-3 du Heat en fin de quart temps. L’écot de Mike Miller et Ray Allen sanctionne le passage à vide des Eperons, sans réponse à la furia floridienne (75-65).

« On a choisi de se concentrer sur LeBron en défense, c’est normal. Donc c’est aussi normal que d’autres joueurs se retrouvent avec des positions ouvertes, et ce soir il les a mis », explique le meneur des Bleus, limité à trois points en seconde période.

Le trou noir ressemble à un puits sans fond quand James inscrit son cinquième panier du match pour étirer la série à un 23-3 que personne n’a vu venir, Pop le premier. Miller et Chalmers sont bouillants et les Spurs aphones et lymphatiques. Pierre Dac ne se marrerait plus, sa contrepèterie baroque ne tient plus la route. Elle n’aura duré que 33 minutes. Neal stoppe l’hémorragie mais le mal est fait. La plaie pisse le sang sur un 7-0 ponctué par un dunk du King, qui une minute plus tôt montait au contre sur Splitter.

« C’était un soir sans, ça arrive », constate Parker.

Pop met fin à la blague en envoyant un cinq bis au casse pipe avec encore 7 minutes à jouer, et après une séquence hallucinante de LeBron : contre, passe et dunk en 40 secondes !

« Avec Tony, Manu et Timmy à 10/33 en plus de nos pertes de balle, c’est difficile de gagner. Surtout que eux ont mis des shoots au périmètre et que leurs remplaçants ont été efficaces », analyse Popovich, amer. 

« Chaque match est différent, donc on ne se prend pas la tête », annonce Parker, plus loquace que son coach après ce revers qui ne remet rien en cause.

Comme le dit très bien Chris Bosh, « ils repartent avec ce qu’ils étaient venus chercher, reprendre l’avantage du terrain. »

Comment lire les stats ? Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; O = rebond offensif ; D= rebond défensif ; T = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; +/- = Différentiel de points quand le joueur est sur le terrain ; Pts = Points ; Eval : évaluation du joueur calculée à partir des actions positives – les actions négatives.