[Coaching] Andrew Bogut, Golden State et les principes défensifs de Tom Thibodeau

Peu à peu, la NBA est devenue la ligue du pick-and-roll. Grâce notamment à Mike D’Antoni qui avait théorisé le système et ses variations à Phoenix, les équipes se sont mises à systématiquement employer ce principe avec un extérieur qui profite de l’écran d’un intérieur en tête de raquette.

À partir de 2008, Gregg Popovich a également commencé à mettre en place cette stratégie et il n’est plus rare de voir des rencontres où certaines équipes jouent 50, 60 voire 70 pick-and-rolls. Face à ce raz-de-marée, il fallait une contre-attaque et c’est Tom Thibodeau qui l’a mise en place.

Limiter l’équipe adverse à deux joueurs

Dans un entretien avec Grantland, le coach des Bulls revient sur la stratégie défensive installée chez les Bulls et désormais copiée un peu partout dans la ligue.

Celle-ci repose sur un renversement de logique : alors que l’attaque se sert du pick-and-roll pour déstabiliser l’adversaire, forcer les aides et trouver ses shooteurs, la défense doit au contraire isoler les deux joueurs qui jouent le pick-and-roll et les obliger à prendre un tir. Dans cette configuration, l’attaque se résume alors à deux joueurs, le but étant de donner à l’attaquant le tir le moins efficace possible.

En clair, comment ça fonctionne ? Le joueur qui défend sur le meneur doit anticiper les écrans pour forcer son joueur à ne pas les prendre. L’intérieur sur le poseur d’écrans recule lui pour bloquer les pénétrations du meneur adverse. Quant aux trois autres défenseurs, ils n’aident pas et restent sur leurs joueurs.

Stephen Curry et Andrew Bogut schématisent parfaitement ce qu’il faut faire sur cette action. Le meneur des Warriors se jette entre Tony Parker et Tim Duncan dès qu’il sent l’écran venir. Andrew Bogut est lui en retrait pour bloquer la pénétration du Français. Résultat : Tim Duncan obtient un tir en tête de raquette.

Ce n’est pas une mauvaise position mais c’est le tir le moins efficace du basket et il est offert à Tim Duncan, moins adroit que Tony Parker. Les Warriors ont donc ce qu’ils veulent : ils ont empêché la pénétration de Tony Parker, ils ont isolé les shooteurs extérieurs et ils ont offert aux Spurs une position relativement ouverte mais pour un shoot peu efficace.

Bloquer les pénétrations et les tirs à trois points

Ces principes défensifs et l’intelligence de jeu d’Andrew Bogut permettent ainsi aux Warriors de limiter l’impact de Tony Parker, qui n’arrive pas à se rapprocher du cercle et doit être adroit à mi-distance.

Forcément, cela limite aussi l’impact des shooteurs à trois points et c’est surtout Tim Duncan qui se retrouve avec des positions de tir. Or ce n’est pas le tir en tête de raquette de « Dream Tim » qui est la base du schéma offensif de Gregg Popovich et cela pose de gros problèmes offensifs aux Spurs.

Andrew Bogut, un défenseur capable de faire face à Tim Duncan

D’autant qu’Andrew Bogut peut faire face à Tim Duncan sans aide, ce qui permet encore une fois de ne pas libérer de positions pour les shooteurs. L’intérieur australien souffre ainsi en début de rencontre.

Il récolte ainsi souvent des fautes mais par contre, en fin de match, il pose de gros soucis à un Tim Duncan fatigué et qui a bien du mal à faire la différence.

Cette fatigue vient de la sur-utilisation créée par le schéma défensif des Warriors. Alors que Gregg Popovich a systématisé le pick-and-roll dans le jeu de son équipe pour reposer son Hall of Famer et trouver d’autres solutions offensives, les principes de Tom Thibodeau appliqués par Mark Jackson cassent ses plans.

À 37 ans, Tim Duncan ne peut plus être la première arme offensive des Spurs. Et en forçant ce retour en arrière, Andrew Bogut et les Warriors s’offrent une chance de remporter la série.