Chris Paul, ce héros !

Si la NBA cherche encore un match teaser pour vendre ses playoffs à la planète basket, elle l’a trouvé : ce Game 2 entre des Clippers en confiance et des Grizzlies revanchards a tutoyé le sublime en frôlant l’exceptionnel. Avec un très grand Mike Conley (28 pts, 9 pds) à la baguette, Memphis avait retenu les leçons de l’avant-veille, mais Chris Paul n’est pas un franchise player pour rien. Sur un buzzer beater, le meneur All-Star offre un succès (93-91) qui place déjà les Ours dos au mur.

La fureur peut provoquer l’aigreur, la torpeur, mais également la ferveur. Notamment celle du progrès.  Furieux après la séance vidéo organisée au lendemain du Game 1, Lionel Hollins a réclamé plus d’intelligence et d’agressivité à ses joueurs, « très en colère après eux-mêmes » dixit le dompteur d’Ours. « Nous devons jouer mieux, être plus agressif et plus intelligent », exigeait Hollins, en écho à la requête préalable de Mike Conley. « On doit se faire confiance les uns les autres », demandait le meneur gaucher. Après douze minutes lundi soir, introspection et obligations tendaient déjà vers ce « mieux » si courtisé par les Grizzlies.

Randolph transparent

Adroit – 55,6% – collectif – le cinq majeur à plus de quatre points – et efficace dans sa défense au périmètre, Memphis pansait les plaies. Mais la cautérisation prend parfois un peu temps, si tant est qu’elle ne survienne. Blake Griffin était là pour faire péter les points de suture : 13 pts dans le premier quart-temps, avec 10 shoots tentés. Del Negro a lui aussi retenu les leçons de l’avant-veille. Pas Zach Randolph, toujours aussi lymphatique au rebond : à la pause il frôle le ridicule avec une seule misérable prise. Même Jamal Crawford fait mieux.

Le vice-meilleur sixième homme de la ligue ne se contente pas de rabaisser Z-Bo, il ressort son chapeau de Harry Potter – 10 pts à 5/6 en deuxième quart-temps. Pour répondre au coup de chaud du magicien de Deep City, Memphis n’a cette fois plus que Mike Conley à proposer. Sur ses 18 pts, il en score 10 (3/6). Retombée dans son travers (33%), la cuvée du Tennessee sent le frelaté. Même avec un Chris Paul absent (1/5 ), L.A prend six points d’avance à la mi-temps (50-46). Hollins fait la moue, la colère gronde sans éructer.

Memphis rompt mais ne plie pas

Probablement élu meilleur défenseur de la saison, Marc Gasol ne justifie pas franchement son trophée. Tony Allen lui assume son rôle de chien de garde avec son intensité habituelle. Le petit plus de la maison Périglioni, c’est que le champion 2008 peut aussi apporter son écot en attaque. Idem pour Marc Gasol, mais là c’est moins une surprise. Le duo se réserve plus de la moitié des points visiteurs dans la troisième quart-temps (17 sur 27), répondant au réveil de Chris Paul -11 pts – et Caron Butler – 7 pts. Avec ses 3 contres, DeAndre Jordan n’est pas non plus étranger au maintien d’écart des Clippers. Ce match est bizarre, mais bougrement passionnant !

Transparent dans le Game 1, Lamar Odom s’inspire de l’intensité électrisante pour soulever de leur siège les 19 763 spectateurs du Staples Center : un contre aérien et dans la foulée un caviar en back door pour Eric Bledsoe, seul au dunk. Lob City s’offre son plus gros matelas au meilleur moment (81-71). Griffin maintient la température au-dessus des 40° sur un énorme tomar. Temps de suspension en l’air : infini !

Matt Barnes enquille par un contre sur Randolph, en pleine cueillette de fraises. Memphis a la tête sous l’eau mais ne se noie pas (85-79 à 5 minutes du terme). Le quidam angeleno peut alors se demander comment les Grizzlies ne sont pas à terre, le souffle court et le regard expiatoire.

Chris Paul prend le match à son compte

Marc Gasol l’avait assuré, clamé même : « Ils ne doivent pas avoir plus envie que nous ».  Conley a compris le message et quand CP3 prend le scoring à son compte, comme d’habitude dans les 180 ultimes secondes, le gaucher répond de deux drives d’école. Randolph accablé par les fautes, Darrell Arthur profite de l’aubaine pour se mettre en évidence.

C’est sur son and one en contre-attaque que Memphis revient à égalité. Paul remet immédiatement un panier avant que Gasol ne manque son sky hook. CP3 a beau gagner son entre-deux devant Allen, son tir forcé de la 24^e seconde rend la gonfle aux Grizzlies. Il reste 21 secondes au chrono (91-89). Lionel Hollins va-t-il jouer le tir primé pour passer devant ou assurer l’égalité et la prolongation éventuelle ? Laissé seul dans la raquette, Gasol apporte une réponse rapide. Ce n’était sûrement pas le système mais bon, ça a fonctionné. Del Negro demande un temps mort immédiatement. Evidemment le dernier shoot sera pour CP3. La star emboîte sur sa spéciale, il part sur la droite, joue des coudes et monte au jump shoot, à une main. Le ballon monte, monte, tape le plexi et hop, filoche : 93-91.

Ecœurés, certains Grizzlies filent immédiatement au vestiaire. Mais les arbitres demandent à valider le panier de Paul après visionnage vidéo. Une fois confirmé, ils remettent 0.1 seconde au chrono. En vain. Lob City part au FedeX Forum avec deux succès dans les valoches. « Si on perd le deuxième match, là oui ça sera problématique », commentait Z-Bo samedi soir. Le problème est donc là. Comment le régler ?

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