Il était le « White Mamba », l’équivalent clownesque de Kobe Bryant. Mais avec son physique passe partout, Brian Scalabrine s’est construit une carrière NBA des plus honnêtes… et des plus respectables.
Dès sa première année dans la Ligue chez les Nets, le produit d’USC tutoie les plus hautes sphères en atteignant les Finales NBA derrière un Jason Kidd tout feu tout flamme. Il remportera le titre suprême dans sa 7e année, en 2008, avec les Celtics. La seule ligne à son palmarès collectif… mais quelle ligne !
En tout état de cause, le shooteur rouquin aux origines italiennes (il est allé brièvement sur la terre de ses ancêtres durant le dernier lockout à la Benetton de Trévise) a décidé l’an passé d’arrêter les frais. Il ne jouait plus à Chicago et une offre alléchante de consultant TV pour la télé de Boston lui était faite dans le même temps.
Il a passé la main donc, mais non sans regrets…
« Ce qui me manque le plus, ce sont les hauts et les bas de la vie de joueur NBA. Quand vous jouez dans la Ligue, vous êtes dans votre monde, et quand vous perdez une suite de matchs, tout vous paraît triste. Et à l’inverse, quand vous gagnez un match après une longue série de défaites, il y a une ambiance de camaraderie très forte. Le trajet en bus après une grosse victoire par exemple est un moment qui peut manquer. Car vous ne pouvez pas retrouver ce type de sentiments dans la vie de tous les jours. »
« J’ai proposé de rejouer aux Celtics »
Et pour tout dire, il a même pensé revenir cette année ; et comme pour Paul Pierce qui a failli atterrir à Dallas, c’est Danny Ainge qui a mis le ola !
« A plusieurs moments dans la saison, et quand je savais qu’ils [les Celtics] cherchaient un peu d’aide, j’en ai parlé à Danny [Ainge]. Je lui ai dit : « File moi un contrat, allez ! Je ne te parle même pas d’un contrat jusqu’à la fin de la saison… mais un petit contrat de 10 jours. Il a dit non. Et il avait raison. Il m’a dit : « Tu vas faire quoi ? Tu viens jouer… tu retournes au poste commentateur… Les gens ne vont pas te prendre au sérieux ! » Et il a raison. Je veux faire les choses correctement pour ma première expérience en tant que consultant. »
Et en tant que tel, il faut bien le dire, Brian est un bon. Marrant, spontané, et forcément connaisseur, Scalabrine a des avis bien tranchés sur le jeu actuel en NBA. Il conçoit ainsi deux catégories de joueurs : ceux qui aiment vraiment la compétition (les Garnett, Westbrook, Kobe ou autres gagneurs invétérés) et ceux qui n’aiment pas ça… Et après, le jeu consiste à les laisser s’empoigner avec l’arbitre comme juge ultime. Simple, non ?
En termes de coaching, Scal’ a par contre plus de mal à se décider. Entre Doc Rivers et Tom Thibodeau, ses deux derniers coachs, et ceux qui ensemble ont ramené les C’s tout en haut de la montagne, il faut avouer que c’est à la limite du cas de conscience.
« Wow, vous me mettez dans la mer l’embarras là. C’est hyper difficile de choisir. Les deux nous ont emmenés au titre. Ils ont des différences et des similitudes en fait. Doc est plus un entraîneur impulsif, qui ressent les joueurs, qui arrivent à gérer les egos. Et quand vous parlez de NBA, vous parlez de gros egos, même pour les joueurs qui restent sur le banc. Mais je n’ai jamais connu un meilleur coach pour ce qui est de mettre ses joueurs dans le moule du collectif. Doc est un maître à penser de l’attaque. Thibodeau lui, c’est un maître de la défense. Il n’est jamais dans l’exagération, c’est un bosseur. Il regarde des tonnes de vidéos, il ne laisse rien au hasard. »
« Doc Rivers est l’homme clé du redressement des Celtics »
En observateur attentif des Celtics cette saison, il reste admiratif du boulot réussi par Doc Rivers, véritable manitou, après la blessure de Rajon Rondo. Une expérience qui n’est pas sans rappeler l’année passée en 2000 par Doc Rivers du côté d’Orlando où il avait réussi à faire d’une bande de bras cassés une équipe de playoffs (ou quasiment) et à l’issue de laquelle il avait récolté le titre de meilleur coach de la saison.
« Je pense que Doc est l’homme clé du redressement des Celtics. C’est lui qui a permis à des joueurs comme Courtney Lee, Avery Bradley de jouer au-dessus de leur niveau habituel. Les Celtics jouent un meilleur basket ces temps-ci et c’est parce que Doc a réussi à instiller une nouvelle alchimie collective. »
De là à retrouver les finales NBA ? Un pas que n’ose pas prendre Brian Scalabrine. Ou en tout cas, il faudrait que la hiérarchie soit bien secouée dans la conférence Est. Le pronostic du White Mamba :
« Si Boston veut voir les finales, il faudrait qu’il se passe beaucoup de choses en playoffs à l’Est. Mais si ça se passe, je vois bien les Knicks taper le Heat. Ce seraient les seuls capables de les battre ; car ils ont des intérieurs d’expérience avec Chandler, Stoudemire et même Camby. C’est le point faible de Miami : ils n’attaquent pas vraiment la peinture. Mais c’est loin d’être fait. »