Insuffisances techniques, carences offensives : Dwight Howard devra revoir une partie de son jeu s’il veut devenir l’arme absolue du Magic.
Les Finales NBA 2009 ont mis en évidence les lacunes d’un « Superman » par ailleurs isolé. Analyse.
Dwight Howard gardera un souvenir amer de sa première Finale NBA. Comme tant d’autres avant lui, de Shaquille O’Neal, sweepé par Houston en 1995 avec Orlando, à LeBron James, balayé par San Antonio en 2007. Certes, le pivot floridien a évité l’affront d’un « blow out » mais il essuyé le feu nourri des critiques, qu’elles émanent d’insiders américains ou d’observateurs internationaux. Il y eut des pertes de balle, des lancers francs manqués à des moments cruciaux, notamment lors du Game 4, et surtout un apport offensif nettement insuffisant, 15.4 points à 48.8% (plus 15.2 rbds et 4 cts, contre 20.3 pts à 60.1%, 15.3 rbds et 2.6 cts sur l’ensemble des playoffs 2009). A la limite, ce n’est pas tant la production chiffrée de « Superman » qui pose problème que son comportement sous le cercle. Sorti du registre de bulldozer, Howard a peiné à exister. Il n’a pas de move offensif digne de ce nom, si ce n’est l’action consistant à partir sur la droite et à enrouler son défenseur sur deux ou trois pas pour réussir un mini-bras roulé près du cercle. Certes, on ne demandait pas à « D12 » d’avoir la panoplie complète d’Hakeem Olajuwon du temps de sa splendeur mais le pivot d’Orlando a fait étalage de lacunes énormes à ce niveau, six semaines après avoir été retenu dans la All-NBA First Team. Dans la raquette, « Superman » a été constamment agressé par des Lakers qui l’ont – intelligemment – poussé à tenter des choses difficiles. A ce stade de sa carrière, il est encore incapable de les réussir. En saison régulière comme en playoffs, Howard s’amusait à infliger 5 à 6 dunks par match à ses adversaires, en imposant sa puissance herculéenne. En Finales NBA, il a dû attendre le milieu du troisième quart-temps du Match 2 pour planter son premier dunk sur la tête du duo Gasol-Bynum… Image rare.
Phil Jackson avait parfaitement cerné le problème « D12 » après avoir subi deux échecs contre le Magic en saison régulière. Techniquement, le coach des Lakers a parfaitement joué le coup. Prises à deux systématiques pour l’obliger à ressortir le ballon sur les extérieurs au milieu d’une forêt de bras tendus. Une vraie toile d’araignée. Harcelé par la paire Bynum-Gasol (survolté en défense), contraint de dribbler dos au cercle, Howard a perdu un maximum de ballons. Vingt au total, dont 9 sur le seul Match 4. Il n’était pas capable de se retourner avec un step back pour prendre un tir décalé ou tenter un hook shot, deux techniques qu’il ne maîtrise, de toute façon, pas (encore ?).
Le tacle de Kareem Abdul-Jabbar
C’est donc sans surprise que Kareem Abdul-Jabbar, spectateur attentif de la Finale en tant qu’assistant coach des Lakers chargé de former Andrew Bynum (guère mieux loti en attaque), a sorti le bazooka :
« Offensivement, Dwight reste une force brute. Il n’a pas de move spécial. Il est limité et assez prévisible. Si vous le forcez à faire autre chose que dunker, il n’a pas de réponse. »
Howard, qui partage avec Abdul-Jabbar la particularité d’avoir fini meilleur rebondeur et contreur de la Ligue, ne peut que s’incliner. Le Défenseur de l’année 2009 note lui-même ses insuffisances :
« Beaucoup de choses n’ont pas été dans cette série et j’en ressors frustré. Kareem a raison. Pour être un grand pivot, il faut avoir plein d’armes en attaque. On ne peut se contenter d’un jeu unidimensionnel. J’ai essayé de faire son bras roulé mais je n’ai pas son toucher. Lui pouvait les réussir depuis la ligne à 3 points. Moi, j’ai du mal dans la raquette… Je sais que mon jeu doit progresser. Mais comme je suis un gros bosseur, je vais m’y mettre. Tous les grands joueurs ont fini par trouver leur voie. Je n’ai que 23 ans et je garde confiance. J’ai une longue carrière devant moi si je ne connais pas de blessures majeures. »
Le champion olympique de Pékin est resté longtemps assis sur le banc pour observer la célébration du titre par les Lakers à l’Amway Arena. Près de lui, Jameer Nelson servait de témoin. Le meneur du Magic voulait croire que cette expérience malheureuse pousserait son coéquipier à revenir plus fort.
« Il faut essuyer des défaites pour grandir. Les plus grands joueurs ont connu l’échec avant d’atteindre la consécration. Voir Kobe Bryant brandir le trophée m’a donné envie de retourner au gymnase le plus vite possible », expliquait l’intérieur floridien.
Durant les Finales, il lui est arrivé d’aller tenter 300 lancers francs le soir. Il va lui falloir doubler la dose ou améliorer sa technique. Son équipe était sur le point d’égaliser à 2-2 dans la série. Ses deux lancers ratés à 87-84, à 11 secondes de la fin du Game 4, ont coûté cher. Sa maladresse dans cet exercice (60.3%) a pesé sur l’issue de la Finale. Apportant de l’eau au moulin de ceux qui pensent qu’Howard reste un joueur assez fruste techniquement. Stan Van Gundy vole au secours de son franchise player :
« Dwight n’a pas le respect qu’il mérite. Dans ce Match 4, il marque 16 points, prend 21 rebonds et réussit 9 contres. Il est tout près d’un triple-double mais on l’oublie vite pour se focaliser sur ce qui ne va pas, ce qu’il ne réussit pas à faire pour l’instant. »
Donc, ses 6/14 aux lancers francs. Et le coach du Magic d’établir un parallèle avec LeBron James :
« En finale de Conférence, Lebron n’a pas été très bon dans le Match 6. Je n’ai pas entendu beaucoup de commentaires sur la question. La seule histoire qui est sortie après ça, c’est « LeBron a besoin d’aide »… »
Deux poids, deux mesures. Un traitement inacceptable, selon lui, à l’égard du jeune intérieur qui continue de bosser très dur avec Patrick Ewing, son tuteur. Pour avoir suivi le Magic en début de saison dernière, on rappellera quand même que Van Gundy n’était pas le dernier à critiquer assez sévèrement Howard quand il le jugeait pas assez productif aux rebonds ou trop obnubilé par son rendement offensif… Entre ces deux-là, les passes d’armes sont rares. Et toujours discrètes. Mais elles témoignent des difficultés du Magic à tirer pleinement profit d’un diamant brut qui a encore besoin d’être poli. Durant la finale de Conférence, Howard ne taclait-il pas gentiment son entraîneur en se plaignant de ne pas être suffisamment servi dans la raquette ?
Tout, ici, est affaire d’équilibre. Et de même que LeBron James avait besoin de soutien, sans doute Dwight Howard gagnerait-il à évoluer aux côtés d’un power forward naturel (Brandon Bass ?), capable de venir en aide sous le cercle et possédant un bon tir à 3-4 mètres. La raquette du Magic gagnerait en densité et « D12 » pourrait s’exprimer plus librement, sans subir systématiquement des prises à deux. Lewis est un shooteur magnifique, capable de flinguer n’importe quel défense, mais son impact in the paint est limité. On a vu les carences du frontcourt du Magic face à deux joueurs expérimentés comme Pau Gasol et Lamar Odom, avec Andrew Bynum en bonus. Stan Van Gundy doit repenser son cinq. Peut-être est-il préférable de repositionner Rashard Lewis en 3 et de titulariser Brandon Bass.
Avant l’été, « Mondial Basket » plébiscitait déjà ce schéma qui impliquait de sacrifier Hedo Turkoglu… Le coach du Magic a le choix : suivre cette option (Carter en 2, Lewis en 3, Bass en 4) qui renverrait Mickaël Pietrus sur le banc mais qui soulagerait vraisemblablement Howard. Ou alors repartir sur des bases connues (Mike en 2, Carter en 3, Lewis en 4) au risque de voir, une fois encore, « Superman » redevenir précipitamment Clark Kent…
D12 en stats
• Saison régulière
G Mn Pts Rbds Pds Cts TO % tirs
79 35.7 20.6 13.8 1.4 2.9 3.04 57.2
• Playoffs
G Mn Pts Rbds Pds Cts TO % tirs
23 39.3 20.3 15.3 1.9 2.6 2.91 60.1
• Finales NBA
G Mn Pts Rbds Pds Cts TO % tirs
5 42.6 15.4 15.2 2.2 4 4 48.8