Il a bousculé les mentalités, il a révolutionné son sport, il a changé le cours de l’histoire.
Par l’intermédiaire d’Alex, taulier du forum, Basket USA rend hommage à Don Haskins (14 mars 1930 – 7 septembre 2008).
Son parcours, son geste inoubliable, des vidéos et même Alicia Keys pour la bande-son. Vous saurez tout sur ce pionnier, cet homme qui a fait la différence…
Il était de ceux qu’on appelle des HEROS. Oui, Don Haskins dans la forme la plus traditionnelle en était un. Ceci dit, ce n’était pas vraiment le genre de héros que l’on voit si souvent à la télévision. Il n’avait besoin ni de cape, ni d’armes. Il avait pour lui sa volonté, son courage, son amour du jeu et sa foi. Mais justement ne vous laissez pas berner par le sentiment de « supériorité ». Don Haskins, aussi modeste soit-il, déclarera n’avoir fait « que son job ». Pourtant, ce travail là, ce n’est pas celui qu’on trouve à l’ANPE. Il n’est peut-être pas donné à tout le monde, et puis aujourd’hui il est plus rare, plus difficile à concevoir et à réaliser. Héros malgré lui, naturellement, voici un petit bout de sa vie.
Après une courte carrière en tant que joueur, trois saisons à Oklahoma A&M sous les ordres du légendaire Hank Iba (Coach NCAA dans les années 40’- 50’ et de la Team USA dans les années 60’), Don Haskins entreprit une carrière de coach, avec toute les notions qu’il a pu acquérir auprès de son mentor. Jusque là, celui qu’on appelle pas encore « The Bear », obtient un franc succès dans plusieurs petites villes. C’est l’université de Texas Western (Texas Western College) à El Paso qui en fera son coach en 1961 et qui le révèlera au grand jour. A première vue, on se dit plutôt que ce n’est pas franchement le meilleur Etat pour réaliser ce qu’il réalisera par la suite.
Il recrute des afro-américains dans l’Etat du Texas
Le cours de l’histoire changera lors de la saison 1965-1966, lorsque les Miners intègreront le tournoi final NCAA après une saison époustouflante et un bilan de 23-1. Les clés d’un tel succès pour une aussi petite ville au fin fond du Texas ? Don Haskins et son état d’esprit ! Sa passion pour le basket l’amènera à réaliser une grande prouesse humaine, celle de la tolérance, une distinction qui aujourd’hui encore n’est malheureusement pas à la portée de tous. « The Bear » a toujours déclaré qu’il n’était pas un ange, pourtant toutes les personnes qui l’ont côtoyé sont unanimes, la générosité et la simplicité lui collaient à la peau.
En fait, il s’agirait simplement d’un monsieur tout le monde au grand cœur ? Non ça serait trop facile de le classer.
Comme chaque être humain, il a été unique, mais à sa manière. C’est tout naturellement qu’il recrutera des joueurs Afro-Américains dans son équipe et c’est tout naturellement qu’il emmènera TWC en finale NCAA. Victoire au premier tour contre Oklahoma City (89-74), puis victoire au 2nd tour contre Cincinnati (78-76 OT), ensuite sur Kansas 81-80 a.p 2 OT) en finale régionale (Midwest) et victoire sur Utah (85-78) en demi-finale nationale.
Au bout… le titre NCAA face au Kentucky d’un certain Pat Riley
Voici l’heure arrivée, le groupe de Don Haskins est soudé, l’unité entre joueurs blancs et joueurs noirs est plus forte que jamais. Les joueurs sont rassemblés derrière leur coach, ils sont unis par le même lien, celui du basket et c’est cela qu’Haskins a toujours souhaité voir. Ne pensez pas qu’il l’a fait par bonne conscience, non, il l’a fait simplement en tant que coach de basket. C’est ici que le mythe prend forme. C’est ici où toute la différence est faite. Don Haskins l’a fait naturellement ; c’est la finale NCAA !
“Haskins made history by starting five African American players for the first time in a championship game against Kentucky’s all-white squad.”
Voilà à quoi pourrait se résumer toute la vie de Don Haskins, voilà le simple facteur d’une vie humaine. Ceci est la grandeur d’un homme, oui cette « simple » décision.
Ironiquement, le happy-ending américain aura lui aussi lieu, tout naturellement. Au terme d’une finale historique et malgré un score très serré à la mi-temps, Texas Western l’emportera 72 à 65 contre l’équipe de Pat Riley et achèvera une saison tout aussi historique, car surtout ne l’oublions pas, sportivement parlant, ça fait 28 victoires pour 1 défaite. Mais bien sur, tout ça passera en arrière plan, un petit peu avec désarroi d’ailleurs pour notre ami « the Bear » qui lui était plus fier de la victoire qu’autre chose. Ahhhh sympathique le Don (ni voyez pas de jeu de mot svp), d’une humilité fascinante.
« I certainly did not expect to be some racial pioneer or change the world. »
Seulement, c’est ce qu’il a bel et bien fait. Forcément il n’est pas le pionnier dans la matière, forcément il n’a pas changé le monde, mais indubitablement il y a contribué. Don Haskins n’était pas le messie, il n’était pas non plus un visionnaire, il n’était qu’un simple coach de basket aux grandes qualités. Le terme de héros malgré-lui colle parfaitement au personnage.
« I really didn’t think about starting five black guys. I just wanted to put my five best guys on the court »
« I just wanted to win that game. »
Attention tout de même à ne pas tomber dans le panneau en pensant qu’il a fait tout ça par pure simplicité et choix tactique, c’est la modestie et l’humilité qui parle dans ce contexte là.
« I’ve said this many times over the last 40 years, but for a long time I thought winning the national championship was the worst thing ever to happen to me. I wished for a long time that we had never won that game with Kentucky because life would have been a heck of a lot easier for me, my school and my players. »
C’est vrai, la vie aurait certainement été plus facile pour lui et ses joueurs. Mais l’aurait-elle été pour tous les autres qui ont pu en bénéficier au fil des années ? L’aurait-elle été si ce bouleversement n’avait jamais eu lieu ? L’aurait-elle été dans un pays blessé par tous les conflits raciaux ?
Ah oui, j’allais presque oublier…
Anecdote intéressante, 4 des 7 joueurs noirs qu’il a aligné en finale ont eu leur diplôme cette année là, soit 4 des 5 titulaires de la finale. Or Pat Riley et Louie Dampier, les deux stars de Kentucky, n’obtiendront leur diplôme que dans les années 70’.
Car au-delà d’avoir été un coach et d’avoir remporté un championnat universitaire, il aura fait une très longue et belle carrière. Il n’aura pratiquement jamais reconnu que tout cela fût bien évidemment dans un sens, voulu, et que le hasard fait bien les choses puisqu’il n’existe finalement pas.
Une leçon de la vie ? Un héros malgré lui on vous dit, intronisé au Hall of Fame en 1997.
R.I.P DON HASKINS
Vidéos
Bande-son
(Trevor Rubin & Alicia Keys)
(Alicia Keys & Lyfe Jennings)
Finale NCAA 1966
Le roster des Miners
Bande annonce du film « Glory Road », « Les Chemins du triomphe »