France – Espagne : le jour le plus triste

La France a perdu, lourdement (92-67). Une défaite concédée sans doute dès le début du deuxième quart-temps. Une grosse performance de Pau Gasol ne fut même pas nécessaire : le géant ibérique n’a foulé le parquet que 22 minutes et raté davantage de tirs qu’il n’en a inscrits.

Mais l’équipe espagnole n’a pas eu besoin de son géant pour dominer les Bleus. Trop dense, avec un effectif nourri de superbes joueurs habitués aux joutes décisives, la Roja a plané et remporte cet ultime choc de générations.

Un peu d’espoir…

Cet ultime quart de finale, Tony Parker l’a pourtant entamé de la meilleure des manières en lançant les Bleus par ses tirs au poste. Mais le fait est que les joueurs de l’équipe de France ont encore parfois du mal avec la notion d’exigence.

Son salut devait passer par la défense. Un leitmotiv vieux de plus de quinze ans, ce n’est pourtant pas compliqué à retenir. Mais l’appliquer sur le seul Pau Gasol ne pouvait pas suffire, surtout quand ses coéquipiers se nomment Rudy Fernandez, Nikola Mirotic ou Sergio Llull.

Et puis rien.

Autour de sa tour centrale, les Espagnols ont donc joué au large, profitant à l’envie de la faiblesse perpétuelle des Bleus sur les changements. La pluie de tirs primés concédés pour prendre une dizaine de points d’avance dans le premier quart-temps n’a visiblement pas fait réagir les Français. Les années passent et Rudy Fernandez se joue toujours avec la même malice de son ancien coéquipier, Nicolas Batum.

Mais l’ailier français, fantomatique, n’est pas le seul en cause dans ce revers car minute après minute, les joueurs se sont délités. Heureusement, certains ont au moins essayé : c’est le cas de Nando de Colo et Boris Diaw évidemment, de Thomas Heurtel ou de Mike Gelabale, aussi. Mais le sentiment d’urgence n’était clairement pas unanime.

Au contraire des Espagnols, tous déterminés à rejouer la revanche avant l’heure des J.O de Londres face à Team USA. Hormis Victor Claver, peut-être perdu dans le même coin du triangle des Bermudes que Nicolas Batum, chaque joueur espagnol s’est donné pour la victoire. À l’image de Felipe Reyes, de Ricky Rubio ou même du jeune Willy Hernangomez, auteur d’un véritable clinic sur Joffrey Lauvergne.

L’étincelle déclenchée par Tony Parker à son retour lors du deuxième quart-temps (cinq points de suite sur une faute provoquée et un tir primé) fut sans lendemain. Pour son dernier match, le meneur ne s’est sans doute jamais senti aussi abandonné, un comble pour celui qui clamait treize ans auparavant ne pas pouvoir « tout faire ».

L’Espagne digne de son rang

Évidemment, avec 13 points de retard à la mi-temps, chacun a rêvé d’un scénario slovène, d’un discours « Parkerien » pour galvaniser les troupes, redonner de l’élan, de l’envie, de la dignité. Mais le retour des vestiaires fut bien pire. Comme des âmes en peine, les Bleus sont redevenus Bleuets et les Espagnols, simplement… Espagnols. Perdue la bataille des panneaux, abandonnée la course au shooteur à trois-points, les Français ont tout simplement abdiqué, très rapidement.

Une victoire dans un match de dupe, deux gifles à des adversaires de second rang et une défaite honorable dans un match amical face à l’empereur américain ne peuvent définir une montée en régime, de surcroit dans la moins homogène des poules. L’Espagne, elle, avait déjà affronté l’Atlas de la poule B. Les couteaux étaient déjà aiguisés, et les sangs lituanien et argentin avaient déjà coulé. Alors, la rencontre a fort logiquement tourné court.

Irréprochable dans ce jubilé, Tony Parker a sauvé son honneur, foulant presque jusqu’au bout ce parquet dont il rêvait tant. Avec Mike Gelabale et Florent Pietrus, il quitte désormais l’équipe de France. C’était sa dernière avec les Bleus, pas la plus belle, loin de là, mais elle ne fera pas oublier les conquêtes plus glorieuses passées et son palmarès.