Il se passe quelque chose d'étonnant à Miami. Longtemps réputé pour sa rigueur physique et défensive, le club floridien a décidé d’appuyer sur l’accélérateur. Après dix matchs, les hommes d’Erik Spoelstra affichent le rythme le plus élevé de la ligue, avec 106,9 possessions par match, un virage historique pour la franchise.
« On joue moins de pick-and-rolls, on fait moins d’écrans. Les cinq joueurs sont au large, et on partage le ballon » résume ainsi Bam Adebayo. « Et pour moi, c’est la meilleure manière de jouer au basket. C'est un long voyage, et on est 15 dans le bus, mais on ne peut pas tous conduire. »
Un traumatisme comme point de départ
Ce changement, Miami ne l’a pas choisi par confort. Il vient d’une humiliation. Balayé par Cleveland au premier tour des derniers playoffs, le Heat a compris qu'il devait changer les choses en profondeur…
« On était éliminés fin avril, et c’était une défaite douloureuse, embarrassante », confie Erik Spoelstra. « On avait tout donné pour obtenir ce billet pour les playoffs… Et voilà comment ça s’est terminé. Il fallait rendre hommage à Cleveland, mais on devait aussi se regarder dans le miroir. »
« On a voulu changer notre philosophie. Il fallait faire mieux, et surtout différemment » confirme Bam Adebayo.
Miami n’avait pourtant jamais été dans le Top 10 au niveau du rythme sous Erik Spoelstra. Mais courir ne suffit pas : il faut défendre. Ce que le Heat fait encore très bien, avec la 5e efficacité défensive de la saison.
C'est en attaque que Miami a donc fait sa révolution. En manque d'efficacité (21e attaque la saison passée), le club s'est tourné vers les Grizzlies, qui avaient quasiment arrêté d'utiliser le pick-and-roll la saison passée pour mettre en place une attaque basée sur du un-contre-un. Dans le Tennessee, cette révolution n'avait pas duré longtemps, Ja Morant n'aimant pas ce système, et Noah LaRoche, l'assistant en charge de mettre en place cette attaque, avait donc pris la porte en même temps que Taylor Jenkins.
Mais Erik Spoelstra est allé consulter Noah LaRoche durant l'été, et a décidé d'aller encore plus loin que Memphis. Car le Heat joue encore moins de pick-and-roll que les Grizzlies de l'an passé !

Comme le résume bien le « Dreamcast Show », l'idée est avant tout d'éviter tout le système d'aides qui s'est développé en NBA au fur et à mesure de la prise d'importance du pick-and-roll. En ne posant presque plus d'écrans, les joueurs du Heat peuvent attaquer les défenseurs friables en un-contre-un, sans soutien dans leur dos.
En profitant des duels favorables, les Norman Powell, Andrew Wiggins, Nikola Jovic, Jaime Jaquez Jr. et autre Bam Adebayo peuvent ainsi profiter de leur puissance et de leur technique en isolation.
« Ils jouent très vite », confirme JJ Redick, l'entraîneur des Lakers. « Et puis ils enchaînent les transferts du ballon, les drives, encore et encore, jusqu'à ce qu'ils obtiennent un avantage. Il ne faut toujours pas laisser le ballon aller au centre de la raquette, mais Memphis semblait vraiment dépendre des drives par le centre l'année dernière. Ce n'est pas le cas de cette équipe. Ils font un excellent travail dans les lectures ligne de fond. »
« C'est facile à comprendre »
Mais pour que ça fonctionne, il faut que tout le monde adhère au système, pour laisser le joueur qui obtient le bon duel l'utiliser, et ne pas forcer des situations moins avantageuses.
« Cette équipe est différente car c'est collectif », assure ainsi Bam Adebayo. « Nous avons joué ainsi tout l'été. Donc, en entamant la saison, c'est devenu une seconde nature pour nous. Tout le monde est impliqué. On ne sait jamais qui va se démarquer. C'est ce que j'aime dans cette attaque et dans cette équipe. Nous partageons le ballon. Nous prenons nos positions. Nous sommes prêts à faire des sacrifices et à nous réjouir du succès des autres. »
Reste à voir si ce système peut rester efficace alors que les défenses adverses vont vraiment s'adapter. Les Nuggets ont d'ailleurs commencé en zone pour ralentir le Heat, et ça a plutôt bien marché.
Et puis il va aussi falloir intégrer Tyler Herro à la volée. « C'est facile à comprendre », rassure toutefois Erik Spoelstra sur ce nouveau système. « Surtout par rapport à son talent. C'est l'un des joueurs les plus talentueux de la ligue. Il va s'intégrer, il va apporter quelque chose … Surtout avec son talent offensif. Sa capacité à créer le jeu, à marquer, à jouer vite, tout cela s'intègre vraiment bien. Tout comme nous le pensions avec Norm. »
Car ce système semble fait pour rester. « Oui, c'est une nouvelle ère pour le Miami Heat » conclut Bam Adebayo.
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