Même si la NBA se fait très prudente, ses acteurs ne restent pas indifférents aux bouleversements sociaux et politiques récents aux États-Unis. Qu’il s’agisse des fusillades de masse ou des manifestations qui ont suivi la mort de George Floyd en mai 2020, la ligue dans son ensemble a souvent cherché à faire entendre sa voix.
Alors que la situation politique est de plus en plus tendue, entre le « shutdown » gouvernemental et les opérations menées par l’agence fédérale ICE (Immigration and Customs Enforcement) dans plusieurs villes américaines, certaines figures du basket n’hésitent pas à exprimer leurs inquiétudes à l’égard de l’administration Trump.
Doc Rivers, fils de policier
Originaire de Chicago, Doc Rivers s’est ainsi exprimé sur le climat social dans sa ville natale, à l’occasion du match remporté par Milwaukee au United Center (121-127).
« C'est tout simplement horrible de voir des gens ainsi menottés. Je veux dire, ce n'est pas ce pays ! Ce n'est pas ce que nous sommes ! », a-t-il lancé avant le match. « J'espère que nous passerons la nuit sans être arrêtés par ICE. Il y a beaucoup de personnes de couleur dans notre équipe. »
L’entraîneur des Bucks a également exprimé son soutien au maire de Chicago, Brandon Johnson, et au gouverneur de l’Illinois, JB Pritzker, tous deux opposés au déploiement d’agents fédéraux de l'ICE dans la région. Doc Rivers a souligné à quel point la situation l’affectait personnellement, son père ayant lui-même servi dans la police.
« Le maire fait un travail formidable. Tout ça commence à tous nous diviser, et c'est ce que je déteste. On peut être en faveur des droits civiques ou de ce qui est juste sans être anti-blancs. (…) J'espère que si c'étaient des immigrants ukrainiens qui étaient détenus, tout le monde, quelle que soit son origine ethnique, se battrait aussi pour eux », a-t-il ajouté. « Je pense que tous les Américains sont d'accord pour dire que s'il y a des criminels dans la rue, nous voulons les arrêter. Mon père était policier, bon sang ! Mon père ne serait pas fier de ça. Je le sais. Mon père aurait eu un gros problème avec tout ça. Je ne peux pas imaginer mon père aller travailler en ce moment et devoir protéger les agents d'ICE et faire ce qu'ils font. Je pense qu'il se serait mis en arrêt maladie. »
Un appel à l'unité
Milwaukee se trouve à environ 150 kilomètres de Chicago, et Doc Rivers a grandi à Maywood, à proximité de Broadview, où l’agence ICE dispose d’un centre de détention. Les manifestations pacifiques y sont nombreuses, et la tension continue de monter. L'entraîneur des Bucks appelle à privilégier le dialogue et la modération.
« On dirait presque que c'est intentionnel, comme si on essayait de créer des troubles. Ce n'était pas là avant, et maintenant c'est là. Il doit y avoir une solution. Manifester est légal. On devrait pouvoir manifester, et je trouve qu'on fait en sorte que ça devienne violent d'une certaine manière. Antifa ? Quelqu'un sait ce que c'est ? J'ai cherché aujourd'hui. Vraiment. J'ai cherché et j'ai trouvé 15 réponses différentes. Pourtant, il y a tous ces autres groupes. Les « Proud Boys » (organisation suprémaciste blanche), personne ne s'en prend à eux. C'est juste que ça devient écœurant », a-t-il poursuivi.
Malgré les divisions, de nombreux citoyens continuent de s’exprimer pacifiquement à travers le pays, notamment à Portland, où les manifestations se déroulent parfois dans une atmosphère symbolique et créative.
« Je vais le dire une dernière fois, puis je reviendrai au basket. Il s'agit ici de la moralité de notre pays, et non d'une question de race. Ça n'a rien à voir avec le fait d'être noir ou blanc. Les noirs et les blancs devraient s'unir et lutter ensemble contre ça », a-t-il conclu sur une note d'espoir.