Envoyé des Rockets aux Suns dans l'échange autour de Kevin Durant, Dillon Brooks a quitté ce qu'il a nommé “une fraternité“. Le Canadien n'est pas le seul à louer le staff de la franchise de Houston aux côtés du coach principal Ime Udoka. Et ce n'est pas seulement pour les progrès réalisés par la franchise texane depuis deux ans. L'entraîneur a su insuffler un vent nouveau aux Rockets, en s'appuyant notamment sur ses assistants, choisis autant pour leurs compétences que pour leurs liens avec Udoka, certains remontant à de nombreuses années.
Pour Garrett Jackson, un des principaux assistants et coach de Houston en Summer League, la rencontre remonte à près de 20 ans. Udoka est alors “un héros local”, membre de l'effectif des Blazers en 2006-2007, alors que Jackson est un jeune lycéen de l'Oregon. Ime Udoka profite alors de son passage dans l'équipe de sa ville natale pour créer une équipe de AAU, circuit lycéen disputé l'été, la 1-5 Elite. Il passe ses intersaisons à participer aux entraînements, suivre les compétitions, participer au recrutement, jusqu'à s'occuper du linge sale. “Alors que j'allais répondre à un appel, Ime était arrivé dans le couloir avec toutes nos affaires” raconte-t-il dans un long article passionnant du Houston Chronicle. “Il était littéralement en train de laver nos tenues. J'étais là, à voir un joueur NBA laver les maillots d'une bande de lycéens après notre match. Cela a laissé une trace en moi. Ca me marque toujours.”
Faiseur de carrière
Le joueur NBA prend sous son aile certains de ces jeunes joueurs, qui voient en lui un mentor inespéré. “Je crois que je n'aurais jamais pu jouer à l'université sans lui” se rappelle Jackson, qui a joué à USC puis St Mary's. “Etre dans son équipe, qu'il paie pour qu'elle existe, qu'il voyage dans tout le pays, être à la salle chaque jour avec lui et avoir ses conseils, cela a tout simplement changé ma vie. C'était la première fois que quelqu'un, un adulte, croyait en moi et que ce n'était pas ma mère. J'étais tellement obsédé par l'idée de devenir joueur NBA, et jouer aussi longtemps que je le pouvais. C'est la seule chose qui comptait pour moi. Mais ces gars comme Ime ont semé une graine sans le savoir, celle qui m'a mené au coaching.”
Comme Jackson, Mike Moser a aussi évolué pour la formation AAU d'Udoka. Et comme Jackson, il a fini par intégrer le staff d'Udoka, dès 2022 alors chez les Celtics, avant de le suivre à Houston. “Il était une superstar pour moi” évoque-t-il, alors qu'il vient de partir pour Denver. “Et tout ce que tout le monde disait sur lui était vrai. A chaque fois qu'on travaillait avec lui, il était le plus gros bosseur, le joueur le plus dur. Il n'était pas le joueur qui sautait le plus haut, et n'était pas très spectaculaire, mais il était tellement solide. Et c'est drôle parce que cela se ressent dans sa personnalité. C'est un gros travailleur, et un ami intense. Je crois qu'Ime, et c'est ce qui fait de lui un bon coach, se voit beaucoup à travers ses joueurs. Et je pense qu'il se voyait en moi, et qu'il voulait sincèrement m'aider.”
“Tout le monde à Houston est fait du même bois”
Derrière ces témoignages se dessine la méthode Udoka. Celle d'un entraîneur exigeant, entier. Et pour qui les liens tissés avec le temps ont une valeur primordiale. Dans son staff de l'an passé chez les Rockets, Garrett Jackson, Mike Moser et Ben Sullivan étaient déjà à ses côtés à Boston. Cam Hodges était, lui en charge de développement des joueurs à San Antonio et Philadelphie quand Udoka y était assistant de Gregg Popovich puis Brett Brown. “Tout le monde à Houston est fait du même bois, Ime voit quelque chose en chacun de nous” résume Jackson. “Il y a une zone de confort ici qui est assez rare. Notre staff est très soudé, simplement grâce à ce que nous avons vécu ensemble et ce que nous avons vu les uns des autres, à grandir année après année. C'est un avantage, et je pense que les joueurs le ressentent.”
Ime Udoka ne compte pas encore “l”arbre de coaching” de Popovich, qui a formé de nombreux techniciens qui se sont ensuite imposés en NBA. Mais ces relations ont déjà forgés quelques destins. Rapidement devenu entraîneur après une courte carrière de joueur, Garrett Jackson doit ses premiers pas dans la ligue au technicien de Houston. Il est assistant à l'université de Hawaï, où Patty Mills alors joueur des Spurs, passe ses étés. Jackson fait sa rencontre le temps d'un entraînement, et celle de Will Hardy, assistant de Gregg Popovich venu accompagner Mills et aujourd'hui entraîneur du Jazz. Il lui évoque ses liens avec Udoka, collègue de Hardy sur le banc. Un an plus tard en 2018, Jackson vient passer quelques jours dans la franchise texane pour en observer les méthodes… Et se voit proposer un poste d'assistant vidéo, recommandé par Udoka, et validé par Hardy.
“Ime nous fait beaucoup confiance” assure Garrett Jackson, qui salue l'approche d'Udoka avec ses assistants. “Il nous donne des responsabilités, ce qui est vraiment cool. Quand vous avez quelqu'un comme cela qui est votre patron, mais aussi quelqu'un avec qui vous avez une relation pareille, quand il vous donne du pouvoir et vous fait confiance de la sorte, vous ne voulez pas le décevoir. Vous voulez faire les efforts supplémentaires pour lui, et travailler deux fois plus dur.”
Et cela marche, avec un bond de 22 victoires en 2023 avant l'arrivée d'Udoka aux Rockets, à 52 succès la saison passée et une deuxième place à l'Ouest. Une affaire de famille qui roule en somme.