Durant l’été, les Suns ont transféré Chris Paul contre Bradley Beal, puis ils se sont débarrassés de Cameron Payne, et se sont donc retrouvés sans meneur de jeu d’expérience dans leur effectif.
Pas un problème pour les dirigeants, qui viennent certes de récupérer Théo Maledon, mais qui n’ont pas cherché un chef d’orchestre pour mettre en musique leur « Big Three », Booker – Beal – Durant. C’est que, comme l’explique différents coachs et joueurs à ESPN, l’évolution en NBA tend à la disparition du « Général des parquets ».
Plus besoin de quarterback ?
« On ne cherche plus nécessairement un quarterback », reconnait Steve Clifford, l’entraîneur des Charlotte Hornets. « On cherche un gars qui peut mettre des tirs et créer des tirs ».
Les meilleurs meneurs passeurs de NBA (Tyrese Haliburton, Trae Young, Luka Doncic, Fred VanVleet, LaMelo Ball, James Harden, Damian Lillard…) sont ainsi également des scoreurs.
« On ne peut même plus utiliser l’expression « véritable meneur de jeu ». À moins d’avoir notre âge, vous ne savez même pas ce que cela signifie » explique Chauncey Billups. « Aujourd’hui, on parle de ‘lead guard’ (en gros un arrière dominant), c’est-à-dire d’un joueur qui peut faire plusieurs choses. Ça a tellement changé. »
Un constat confirmé par Jason Kidd.
« Mettre la table en NBA, c’est différent aujourd’hui », reconnait le coach des Mavs, deuxième meilleur passeur de l’histoire. « Dans cette ligue, vous regardez les meneurs de jeu et ils peuvent tous marquer. Certains font encore des passes, mais le poste de meneur de jeu a changé. Les meneurs de jeu sont désormais des scoreurs ».
Comme le détaille d’ailleurs l’entraîneur texan, c’est lié à l’évolution du jeu, avec l’effacement progressif du jeu poste bas. Désormais, les attaques partent très souvent du pick-and-roll, et pour que celui-ci soit vraiment efficace, il y a besoin que le porteur du ballon soit également une menace au niveau du shoot.
Accepter de laisser de la liberté aux joueurs
James Harden est bien placé pour le comprendre, lui qui a débuté sa carrière comme arrière avant de devenir meneur de jeu sous les ordres de Mike D’Antoni à Houston. « Pourquoi utiliser dix secondes sur l’horloge, ou peut-être davantage, alors qu’on va lui donner le ballon de toute façon ? » détaille ce dernier, sur sa logique de l’époque.
« Si vous marquez encore et encore, la défense doit s’adapter à vous », développe « The Beard ». « Au lieu de mettre en place des écrans partout, nous avons 17 secondes pour créer quelque chose et faire circuler le ballon, au lieu de courir partout pour mettre en place un système, avec des gars qui vont dans tous les sens… C’est plus simple, plus fluide, plus rapide. Beaucoup de coachs n’aiment pas ça, parce qu’ils ne peuvent pas le contrôler ou qu’ils ont le sentiment de ne pas coacher. Mais dans un sens, ils le font parce que lorsqu’on a un joueur comme ça, il faut lui laisser de la liberté, et le laisser dicter le jeu. »
Et c’est ce que font les Suns avec Devin Booker, même si ce dernier avoue qu’il est encore en apprentissage.
« Je suis en train d’apprendre. J’apprends encore » reconnait-il ainsi. « J’ai déjà joué [meneur de jeu] par séquences, mais je n’ai jamais été dans cette position pendant toute la durée du match. Mais c’est amusant d’apprendre un nouvel aspect du jeu ». La réussite du « Big Three » de Phoenix en dépend également.