« Je ne pense pas que je pourrais vivre sans, et je parle très sérieusement. »
Si Deandre Ayton fait partie des pivots les plus solides et prometteurs de la ligue (16.3 points et 10.5 rebonds de moyenne, sur ses quatre premières saisons NBA), sa passion première n’est pas le basket, mais bien les jeux vidéo. À l’instar d’un Karl-Anthony Towns, il la nourrit d’ailleurs depuis sa plus tendre enfance, quand il regardait son grand frère jouer à la console pendant des heures.
Mais les jeux vidéo ont été déterminants dans le développement du joueur des Suns, car c’est paradoxalement durant la seule période de sa vie où il ne pouvait pas y jouer qu’il a pu se concentrer pleinement sur le basket. Autrement dit entre la fin des années 2000 et le début des années 2010, quand il a quitté ses Bahamas d’origine pour rejoindre les États-Unis et la Californie, afin de devenir plus qu’un simple jeune prometteur.
Sans jeux vidéo, il commence par se réfugier dans le basket
À l’époque, en retrait des autres jeunes de son âge « à cause de [sa] façon de jouer, de là où [il vient], de [sa] taille et peut-être même de [sa] couleur de peau », Deandre Ayton a donc pu se donner corps et âme dans son sport de prédilection.
« Il n’y avait pas de console ni de jeux vidéo, je n’avais rien autour de moi », se rappelle-t-il, concernant cette période aussi douloureuse que compliquée. « Juste un ballon de basket et des livres. C’était dur. Si je suis devenu sérieux dans le basket, c’est parce que je n’avais rien ni personne autour de moi. Jouer au basket, c’était vraiment mon seul exutoire pour que je puisse m’amuser. »
Finalement, c’est à l’âge de 15 ans, quand il était dans sa famille d’accueil américaine, que Deandre Ayton a reçu la deuxième console de sa vie : une Playstation 4. Il en a pris soin comme la prunelle de ses yeux et c’est à partir de cet instant qu’il est devenu le « geek » qu’il est aujourd’hui.
Dans les salons virtuels, le pivot de Phoenix n’a eu de cesse de répéter qu’il allait percer dans le basket et s’imposer comme une star de la balle orange, ce qui ne manquait pas de faire rire les autres « gamers » qui ne le connaissaient pas. En revanche, ceux qui ont cru en lui, tel Joshua Russell, un Bahaméen rencontré en ligne, ont gagné une place particulière dans le coeur du natif de Nassau.
« Je m’en souviens comme si c’était hier », raconte-t-il, à propos d’une anecdote concernant cet ami. « il était 4 heures du matin et je lui ai dit : ‘Tu as toujours été là pour moi, donc quand ce sera l’heure de la Draft, je serai sélectionné en N°1 et je vais m’assurer que tu sois là, à mes côtés’. »
En NBA, il se console d’abord auprès de ses manettes
Promesse tenue pour Deandre Ayton, le premier choix de la Draft 2018, qui a rencontré Joshua pour la toute première fois au mois de juin de cette même année et qui n’a ensuite jamais laissé de côté sa passion pour les jeux vidéo, une fois arrivé en NBA.
D’autant que les jeux vidéo lui ont d’abord permis d’assouvir sa soif de succès, au moment où les Suns enchaînaient les défaites lors de sa saison rookie. Ce à quoi l’ancien pensionnaire de l’université d’Arizona « n’était pas habitué ». Durant sa deuxième saison dans la ligue, il n’était pas non plus habitué à se faire constamment incendier virtuellement, par des inconnus, quand il a écopé d’une suspension de 25 matchs pour avoir enfreint le règlement anti-dopage de la NBA.
« Le pire moment pour jouer [à NBA 2K] a été pendant ma suspension, car [les autres joueurs] m’attaquaient », se souvient-il. « De tous les jeux auxquels je pouvais jouer, j’ai choisi de jouer à celui du basket, car il concerne la NBA. Mais c’est comme si j’étais allé dans la fosse du diable. Je ne veux pas dire la fosse aux lions, car c’était diabolique, je me faisais descendre tout le temps en jouant. […] J’entendais [les critiques], mais je continuais de jouer, je m’en foutais. »
Autre rebondissement qui a encore un peu plus rapproché Deandre Ayton des jeux vidéo : son entrée dans la « bulle », en plein été 2020, après l’interruption de l’exercice 2019/20 pour cause de Covid-19. Inquiet et en proie à l’ennui, il a ainsi trouvé une fois de plus refuge auprès de ses joysticks. « Les jeux vidéo m’ont sauvé la vie dans la bulle », reconnaît-il d’ailleurs à ce sujet.
Et, au fil des années et des obstacles, l’intérieur de Phoenix n’a pas arrêté de voir augmenter son temps de jeu virtuel. Qu’importe la naissance de son fils. Qu’importe son statut de N°1 de la Draft. Qu’importe sa participation aux Finals 2021. Qu’importe sa présence au sein de la meilleure équipe de la ligue. Qu’importe l’enchaînement des matchs et l’enchaînement des voyages.
« C’est tellement difficile pour moi de dormir après de longs matchs, surtout de gros et longs matchs », avoue celui qui ne dort que… deux heures (!) par nuit et qui ne joue pas moins de… quatre à cinq heures par jour. « Je ne sais pas pourquoi, mais j’occupe mon temps libre avec les jeux vidéo. Je suis en relation avec certains de mes amis, j’ai des frères en Grande-Bretagne, j’ai de la famille aux Bahamas et en Jamaïque. Pendant que l’on joue, on discute, on rigole. Je ne vais jamais me coucher avant 4-5 heures du matin, c’est sérieux à ce point. »
Une routine qui n’est pas prête de changer
Outre NBA 2K, Deandre Ayton est également un grand fan de GTA V, de World War Z : Aftermath, de Fortnite et de Call of Duty : Warzone. Il n’y joue plus sur sa Playstation 4, mais désormais sur sa Playstation 5. Et parmi toutes ces licences à succès, NBA 2K est celle qui conserve sa préférence, car elle lui permet de… travailler sur son propre jeu, dans la vie réelle !
« C’est un peu comme quand tu vas sur YouTube, que tu regardes des vidéos de ton joueur préféré et que tu veux faire la même chose que lui », explique-t-il à ce sujet.
Étonnamment, les jeux vidéo font donc partie intégrante de la routine d’un basketteur professionnel comme Deandre Ayton. Et à 23 ans, celui qui s’apprête à signer un nouveau contrat cet été (chez les Suns, ou ailleurs…) n’entend pas changer cet aspect de sa personnalité.
« Les jeux vidéo me permettent de garder la tête froide », conclut-il. « Je ne vais jamais perdre [cette routine]. C’est simplement quelque chose qui me permet de me détendre, avant de retourner travailler. C’est ce qui me permet de garder les idées claires pour pouvoir jouer à ce sport. »
Deandre Ayton | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2018-19 | PHX | 71 | 31 | 58.5 | 0.0 | 74.6 | 3.1 | 7.1 | 10.3 | 1.8 | 2.9 | 0.9 | 1.8 | 0.9 | 16.3 |
2019-20 | PHX | 38 | 33 | 54.6 | 23.1 | 75.3 | 3.9 | 7.6 | 11.5 | 1.9 | 3.1 | 0.7 | 2.1 | 1.5 | 18.2 |
2020-21 | PHX | 69 | 31 | 62.6 | 20.0 | 76.9 | 3.3 | 7.2 | 10.5 | 1.4 | 2.8 | 0.6 | 1.5 | 1.2 | 14.4 |
2021-22 | PHX | 58 | 30 | 63.4 | 36.8 | 74.6 | 2.6 | 7.7 | 10.2 | 1.4 | 2.4 | 0.7 | 1.6 | 0.7 | 17.2 |
2022-23 | PHX | 67 | 30 | 58.9 | 29.2 | 76.0 | 2.6 | 7.4 | 10.0 | 1.7 | 2.8 | 0.6 | 1.8 | 0.8 | 18.0 |
2023-24 | POR | 55 | 32 | 57.0 | 10.0 | 82.3 | 3.2 | 7.9 | 11.1 | 1.6 | 2.0 | 1.0 | 1.8 | 0.8 | 16.7 |
2024-25 | POR | 40 | 30 | 56.6 | 18.8 | 66.7 | 3.1 | 7.0 | 10.2 | 1.6 | 2.2 | 0.8 | 1.7 | 1.0 | 14.4 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.