Au sommet de la Ligue avec 26 victoires pour 5 défaites, soit un incroyable 84% de victoires, les Suns continuent leur petit bonhomme de chemin. Finaliste surprise la saison passée, et chanceux selon certains, Phoenix prouve pourtant en ce début de saison que leur titre de champion de la conférence Ouest est loin d’avoir été usurpé, avec notamment une série historique de 18 victoires de suite à l’appui de leur démonstration.
Septième meilleure attaque et troisième meilleure défense de NBA, la troupe de Monty Williams fait clairement figure de prétendant à sa propre succession à l’Ouest, alors que les Lakers présentent un bilan négatif, que les Nuggets du MVP pataugent dans la semoule, ou que les Clippers ne sont plus ce qu’ils étaient sans Kawhi Leonard. À vrai dire, seuls les Warriors (voire le Jazz) semblent être à même de les titiller.
Les bons mots de Coach Jack
Nouvel arrivant chez les Suns, en remplacement de Willie Green promu à la Nouvelle Orléans, Jarrett Jack a, sciemment ou non, réussi à trouver les bons mots pour mobiliser ses joueurs dès la rentrée des classes en septembre dernier. Expliquant que beaucoup d’équipes ne considéraient pas Phoenix comme un vrai rival pour le titre, il a touché une corde sensible. Qui résonne encore aujourd’hui…
« On avait entendu ces rumeurs », explique Devin Booker sur ESPN. « Mais c’était presque mieux de l’entendre de la part de quelqu’un qui n’était pas dans notre équipe l’année précédente. Il l’a confirmé. »
Touchés dans leur orgueil de compétiteur, les joueurs de l’Arizona ne se sont en tout cas jamais satisfaits de leur réussite. Quant à donner tort à leurs critiques, tout ça leur est venu naturellement.
« Ils ont peut-être raison. Tout ce qu’ils disent [à propos des blessures des adversaires], c’est vrai. Mais ça n’importe pas », affirme Monty Williams. « On a atteint les Finals. On a tiré profit des ouvertures qui se sont présentées à nous. Mais on a tous mérité d’être dans cette position. »
La thèse du « coup de pot » prend du plomb dans l’aile avec chaque jour qui passe cette saison. Plus dominateurs que jamais, les Suns n’ont mordu la poussière qu’à deux reprises depuis le début du mois de novembre. À Phoenix, on ne perd pas son énergie à parler dans le vent. On enchaîne les victoires !
« Etait-ce pour de vrai, était-ce de la chance… On va bien voir », ajoute Chris Paul. « On n’a pas de sujet tabou ici. Peu importe ce que c’est, on va en parler. »
L’effet Chris Paul
Element clé de ce retournement de situation à Phoenix, Chris Paul y a pour le coup participé, avant même de faire partie de l’équipe.
Alors membre du Thunder sur le point d’entrer dans la fameuse « bulle » de Disney, le meneur vétéran avait déclaré, en privé à son copain Willie Green (alors assistant chez les Suns) qu’il ne faudrait pas se plaindre des conditions. L’équipe qui se plaindrait le moins serait celle qui rencontrerait le plus de succès… « Chris a influencé notre équipe dans la « bulle », même sans le savoir », sourit Willie Green, désormais à la tête des Pelicans.
Monty Williams relayait plus ou moins le même message : « Ne laissez personne écrire votre propre histoire en vous plaignant quand des gens sont sans emploi un peu partout. Jouez au basket, tout simplement. »
Cette invitation surprise, arrachée aux forceps par Robert Sarver qui a visiblement travaillé au corps les décideurs NBA, s’est révélée être l’acte de naissance de ces Suns qui dominent actuellement la concurrence.
« On avait entendu les histoires. Personne ne pensait qu’on aurait dû y être », se souvient Monty Williams. « [Et puis, j’ai reçu un message de Devin Booker], je me suis dit : ‘Oh, il est en mission. Je n’avais aucune idée que ça se transformerait en 8-0’. »
Mais, chez les joueurs, soudés dans cette aventure opportune, ce bilan parfait dans la « bulle » a été le déclic. Que ce soit avec tous ces repas partagés ensemble, ces parties endiablées de jeux vidéo ou encore ces duels autour de la table de ping pong où le « trashtalking » était légion, les jeunes Suns se sont forgés leur identité collective.
« Ça a commencé avant la bulle », précise même Cam Johnson. « On pouvait sentir qu’on trouvait notre rythme. Les choses commençaient à se mettre en place. Pouvoir aller jusqu’au bout est quelque chose qu’on a vraiment apprécié. (…) On avait beaucoup de jeunes gars, qui sortaient tout juste de l’université, sans femme ou enfant. C’est devenu comme un long voyage avec une équipe universitaire. On a trouvé de la joie dans la bulle. »
Devin Booker, patron enfin respecté
Loué pour ses qualités de scoreur depuis ses débuts en 2015, Devin Booker avait du mal à obtenir le respect de ses pairs. Auteur de ce fameux match à 70 points à Boston le 24 mars 2017, dans une défaite et alors que son équipe squattait les bas-fonds du classement, pour la septième année consécutive, il était partout suivi de cette réputation de scoreur sans impact.
Lors de la saison 2018/19, le vétéran Jamal Crawford lui sortait ainsi cette réplique ultime quand ce dernier parvenait à battre Devin Booker en un-contre-un. « Tu tournes à 25 points mais tu n’a jamais vu les playoffs. » De quoi nourrir le feu sacré du jeune All-Star en devenir.
« Il n’avait aucune réponse à ça… et ça se voyait que ça le démangeait », rappelle Jamal Crawford. « Il s’en foutait royalement de ses stats. Book me demandait tout le temps à quoi ressemblaient les playoffs. Mais je savais qu’il était fait pour ça. »
Tournant à 27 points, 5 rebonds et 4 passes de moyenne pour sa première participation en playoffs la saison passée, Devin Booker a non seulement fait voler en éclats cette image de scoreur sans impact mais il a également fait taire les critiques qui ne voyaient pas en lui le leader d’un prétendant au titre. Book, c’est la totale ! Un patron enfin respecté cette année.
« On n’est pas allé dans la bulle en disant qu’on devait faire 8-0 », explique-t-il. « On s’est simplement dit qu’on allait jouer des matchs qui s’apparentent à des matchs de playoffs. Profitons-en à fond. »
Exemplaire dans la « bulle », avec 30 points, 6 rebonds et 5 passes de moyenne, Devin Booker ne s’est plus retourné depuis. Si Chris Paul est arrivé entre temps pour apporter son inestimable leadership, dans les vestiaires comme sur le terrain, le véritable boss de l’équipe reste l’arrière, qui est dans la franchise depuis sept ans maintenant. Mais c’est bel et bien dans la « bulle » que sa carrière a basculé pour de bon.
« C’est là qu’il a pris la place de leader qui lui revient de plein droit », avance Willie Green. « Il était déjà bien engagé sur cette voie de toute manière. Le grand public ne se rend pas compte combien il travaille dur, combien de vidéos il regarde, combien son intelligence de jeu est élevée. Il veut faire partie des plus grands. »
Une philosophie de jeu pour les joueurs
Disciple de Gregg Popovich, Monty Williams est un coach pédagogue. Il n’est pas du genre autoritaire qui va hurler sur ses joueurs à tout bout de champ. Au contraire, c’est plutôt en leur donnant des responsabilités au quotidien qu’il les implique et leur offre le pouvoir de participer activement à l’élaboration des systèmes de jeu.
« On a mis en place des systèmes qui sont un peu différents, mais c’est à cause des joueurs », confirme le coach. « On leur donne une structure, mais rien ne marche sans Chris et Book. On ne veut pas de gars qui déroulent les systèmes. On veut qu’ils créent des actions par eux-mêmes. »
Evidemment adeptes du pick & roll, que ce soit entre Paul et Ayton ou Booker et Ayton, les Suns ont développé depuis deux saisons maintenant une multitude de nuances et d’options supplémentaires à leur « playbook ». En fait, c’est aux joueurs de profiter de la structure mise en place et de faire les bons choix en temps réel.
« C’est une volonté délibérée de sa part. Monty est vraiment super plaisant comme coach. On se sent vraiment gâté », ajoute Cam Johnson. « C’est peut-être bien qu’on ne soit pas copieusement encensé comme un prétendant. Ça fait qu’on garde notre motivation. On prend beaucoup de plaisir »
Fréquemment consultés pour améliorer les choses et arrondir les angles sur certaines actions qui n’ont pas forcément apporté les résultats escomptés, les joueurs de Phoenix sont en tout cas tous nourris de cette volonté collective de se partager le ballon. Le danger peut venir de partout chez les Suns, et c’est la force de cette équipe.
« J’ai toujours eu un regard particulier sur eux », concède Chris Paul. « Sans parler de leur bilan, je savais qu’avec Monty, ils jouaient avec détermination. Contre certaines équipes, même si tu fais un écart, tu sais que le match n’est pas fini. À cause de leur coach, de leurs principes de jeu, tu sais que cette équipe ne va pas se laisser abattre. Et je savais aussi que Book est comme ça aussi. »
Loin d’être satisfaits après leur apparition en Finale NBA, les Suns sont de retour sur le chemin des cimes : « Je connais le psyché de notre groupe, je savais qu’ils ne reviendraient pas en se disant : ‘C’est bon, on a atteint les Finales' », reprend Monty Williams. « Ça ne veut pas dire qu’on va de nouveau aller loin en playoffs mais je savais que la douleur qu’on a tous ressentie à Milwaukee serait suffisante. »
« On n’est pas là pour prouver quoi que ce soit à quiconque », conclut Devin Booker. « On gagne, et on le fait d’une manière qui est viable. Il peut sembler qu’on soit parti de tout en bas pour arriver au sommet très rapidement, mais je n’en suis pas surpris. Quelques joueurs peuvent tout changer. Ce système et cette culture, c’est vraiment plaisant d’en faire partie. »
Tirs | Rebonds | |||||||||||||
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Joueurs | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Bp | Int | Ct | Fte | Pts |
Kevin Durant | 62 | 36.5 | 52.7 | 43.0 | 83.9 | 0.4 | 5.7 | 6.0 | 4.2 | 3.1 | 0.8 | 1.2 | 1.7 | 26.6 |
Devin Booker | 75 | 37.3 | 46.1 | 33.2 | 89.4 | 1.0 | 3.1 | 4.1 | 7.1 | 2.9 | 0.9 | 0.2 | 2.6 | 25.6 |
Bradley Beal | 53 | 32.1 | 49.7 | 38.6 | 80.3 | 0.6 | 2.7 | 3.3 | 3.7 | 1.9 | 1.1 | 0.5 | 2.6 | 17.0 |
Grayson Allen | 64 | 24.1 | 44.8 | 42.6 | 81.6 | 0.5 | 2.5 | 3.0 | 2.1 | 1.2 | 0.8 | 0.3 | 1.5 | 10.6 |
Tyus Jones | 81 | 26.8 | 44.8 | 41.4 | 89.5 | 0.5 | 1.9 | 2.4 | 5.3 | 1.1 | 0.9 | 0.1 | 0.8 | 10.2 |
Nick Richards | 36 | 22.7 | 60.5 | 0.0 | 82.2 | 2.7 | 5.9 | 8.6 | 0.6 | 1.3 | 0.2 | 0.8 | 2.6 | 9.5 |
Royce O'neale | 75 | 24.5 | 42.3 | 40.6 | 73.1 | 0.7 | 3.9 | 4.7 | 2.2 | 0.9 | 0.9 | 0.5 | 2.0 | 9.1 |
Jusuf Nurkic | 25 | 23.7 | 45.4 | 32.2 | 69.6 | 1.8 | 7.3 | 9.2 | 1.9 | 2.3 | 0.9 | 0.6 | 3.1 | 8.6 |
Ryan Dunn | 74 | 19.1 | 43.0 | 31.1 | 48.7 | 1.2 | 2.4 | 3.6 | 0.8 | 0.5 | 0.6 | 0.5 | 2.2 | 6.9 |
Bol Bol | 36 | 12.5 | 52.5 | 34.4 | 76.9 | 0.6 | 2.3 | 2.9 | 0.6 | 0.6 | 0.3 | 0.7 | 0.6 | 6.8 |
Josh Okogie | 25 | 14.0 | 49.1 | 38.1 | 68.8 | 1.3 | 1.6 | 2.9 | 0.6 | 0.6 | 0.8 | 0.4 | 1.1 | 6.0 |
Collin Gillespie | 33 | 14.0 | 43.0 | 43.3 | 86.4 | 0.7 | 1.7 | 2.4 | 2.4 | 0.5 | 0.6 | 0.2 | 0.9 | 5.9 |
Monte Morris | 45 | 12.7 | 42.6 | 36.0 | 85.7 | 0.3 | 1.2 | 1.5 | 1.6 | 0.5 | 0.4 | 0.1 | 0.5 | 5.2 |
Mason Plumlee | 74 | 17.6 | 61.9 | 0.0 | 64.8 | 1.6 | 4.6 | 6.1 | 1.8 | 0.8 | 0.4 | 0.6 | 2.1 | 4.5 |
Oso Ighodaro | 61 | 17.1 | 60.4 | 0.0 | 58.0 | 1.1 | 2.6 | 3.6 | 1.2 | 0.6 | 0.5 | 0.5 | 1.7 | 4.2 |
Cody Martin | 14 | 14.7 | 35.1 | 11.1 | 75.0 | 0.9 | 2.5 | 3.4 | 1.1 | 0.6 | 0.9 | 0.4 | 1.6 | 3.7 |
Damion Lee | 25 | 5.8 | 36.5 | 24.3 | 95.2 | 0.1 | 0.7 | 0.8 | 0.4 | 0.4 | 0.2 | 0.0 | 0.2 | 3.3 |
Tyty Washington, Jr. | 16 | 7.4 | 31.1 | 19.0 | 50.0 | 0.3 | 0.6 | 0.8 | 1.0 | 0.2 | 0.2 | 0.0 | 0.3 | 2.2 |
Jalen Bridges | 8 | 3.8 | 28.6 | 28.6 | 75.0 | 0.0 | 0.5 | 0.5 | 0.0 | 0.5 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 1.1 |
Vasilije Micic | 5 | 4.1 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.0 | 0.4 | 0.4 | 0.2 | 0.6 | 0.0 | 0.0 | 0.2 | 0.0 |