Depuis dix ans, Basket USA vous propose chaque mardi son Top 5 des candidats au trophée de « Most Valuable Player ». Une course au MVP toujours dominée par Stephen Curry et Kevin Durant, même si c’est Nikola Jokic qui fait le plus parler de lui en ce moment.
Inarrêtable depuis quatre matchs (près de 31 points, 15 rebonds, 10 passes et 2 interceptions de moyenne !), et pas non plus en reste sur les quatre rencontres précédentes (près de 23 points, 13 rebonds et 9 passes de moyenne), le Serbe fait plus que jamais honneur à son statut de MVP en titre.
Portant à bout de bras des Nuggets tantôt décimés par les blessures, tantôt décimés par le Covid-19, et qui ne parviennent logiquement pas à grimper dans les hauteurs de l’Ouest (8e place). Et c’est finalement ce bilan collectif mitigé (14 victoires, 13 défaites) qui risque bien d’handicaper Nikola Jokic dans sa quête de doublé.
Car, individuellement, le pivot de 26 ans est sur une autre planète, affichant ses meilleures moyennes en carrière aux points (26.5), aux rebonds (13.8) et au pourcentage de réussite aux tirs (58.4%) ! Tout en discrétion, comme à son habitude.
Surtout, symbole de sa domination soir après soir, Nikola Jokic est en train de réécrire l’histoire du PER, le fameux « Player Efficiency Rating ».
90% de réussite depuis dix ans
Avant toute chose, il est utile de préciser que le PER est un indicateur qui permet de mesurer l’efficacité, la rentabilité, le côté « valuable » d’un joueur, par rapport à son temps de jeu et au rythme de son équipe. Cet indice a été créé par le journaliste John Hollinger, ex-dirigeant des Grizzlies, et il est probablement celui qui se rapproche le plus de la définition même d’un MVP.
Preuve de la fiabilité de cet indicateur, lorsqu’il s’agit de déterminer le meilleur joueur de la saison, notons que, depuis l’exercice 2008/09, 11 des 13 MVP élus ont terminé n°1 au classement du PER ! Les deux exceptions étant Derrick Rose (2011), alors devancé par LeBron James, et Stephen Curry (2015), alors devancé par Anthony Davis.
Plus largement, sur la globalité de l’histoire NBA, 31 des 70 MVP élus se sont hissés en tête du classement du PER, l’année de leur sacre. Gare, cependant, à mettre une astérisque (si ce n’est plusieurs) à côté des saisons qui se sont déroulées avant 1973, 1977 et 1979, car il n’y avait ni ligne à 3-points, ni interceptions, ni contres, ni pertes de balle, ni rebonds offensifs. C’est donc à partir de 1979 que le calcul du « Player Efficiency Rating » est le plus représentatif.
Et pour les plus curieux, en prenant justement comme référence cette année 1979, on se rend compte que, depuis l’exercice 1979/80, 21 des 42 MVP élus ont terminé n°1 au classement du PER. Soit une réussite de 50%, qui ne fait d’ailleurs qu’augmenter avec le temps : 57% depuis 1991/92, 60% depuis 2001/02 et carrément 90% depuis 2011/12.
Les leaders du PER, depuis 2000
2021 : Nikola Jokic (31.3)
2020 : Giannis Antetokounmpo (31.9)
2019 : Giannis Antetokounmpo (30.9)
2018 : James Harden (29.8)
2017 : Russell Westbrook (30.6)
2016 : Stephen Curry (31.5)
2015 : Anthony Davis (30.8)
2014 : Kevin Durant (29.8)
2013 : LeBron James (31.6)
2012 : LeBron James (30.7)
2011 : LeBron James (27.3)
2010 : LeBron James (31.1)
2009 : LeBron James (31.7)
2008 : LeBron James (29.1)
2007 : Dwyane Wade (28.9)
2006 : Dirk Nowitzki (28.1)
2005 : Kevin Garnett (28.2)
2004 : Kevin Garnett (29.4)
2003 : Tracy McGrady (30.3)
2002 : Shaquille O’Neal (29.7)
2001 : Shaquille O’Neal (30.2)
2000 : Shaquille O’Neal (30.7)
Le record NBA est actuellement explosé !
Pour en revenir à Nikola Jokic, leader du PER en 2020/21 (31.3), il est tout simplement sur les bases d’une saison légendaire dans cette catégorie statistique, puisqu’il possède aujourd’hui le meilleur « Player Efficiency Rating » de tous les temps : 34.4 ! Soit 2.5 points de plus que Giannis Antetokounmpo, l’actuel recordman en la matière sur une campagne : 31.9, en 2019/20.
Même les Wilt Chamberlain (31.8 en 1962/63, 31.8 en 1961/62), Michael Jordan (31.7 en 1987/88, 31.6 en 1990/91), LeBron James (31.7 en 2008/09, 31.6 en 2012/13) et autres Stephen Curry (31.5 en 2015/16), tous présents dans le Top 10 « all-time » du PER sur une saison, n’ont pu tenir une cadence aussi effrénée que celle du « Joker », à ce niveau.
Mais ces différents écarts ne sont rien comparé à ceux qui existent, en 2021/22, entre Nikola Jokic et le reste de la ligue. Derrière les 34.4 de l’intérieur de Denver, on retrouve ainsi Giannis Antetokounmpo (30.4), lancé vers un troisième exercice au-dessus des 30, après 2018/19 (MVP) et 2019/20 (MVP). Et si Jokic n’existait pas, Antetokounmpo n’aurait eu aucun mal à terminer de nouveau en tête du PER, car Jimmy Butler (26.8), Joel Embiid (26.2), Kevin Durant (26.0), Trae Young (25.3) ou encore Rudy Gobert (25.2) sont largués, par rapport à lui.
Quant à Stephen Curry et DeMar DeRozan, présents dans notre Top 3 de cette course au MVP 2022, en compagnie de « KD », ils affichent respectivement un « Player Efficiency Rating » de 24.3 et 23.4. Loin, très loin derrière les 34.4 du pivot serbe, qui dispose en carrière d’un PER de 26.5 !
Ce qui le hisserait à la quatrième place de l’histoire, derrière Michael Jordan (27.9), LeBron James (27.4) et Anthony Davis (27.0), s’il totalisait les 15 000 minutes requises pour être éligible dans cette catégorie statistique (il en compte 14 264, pour le moment).
Le Top 10 du PER, en carrière
27.9 : Michael Jordan
27.4 : LeBron James
27.0 : Anthony Davis
(26.5 : Nikola Jokic)
26.4 : Shaquille O’Neal
26.2 : David Robinson
26.1 : Wilt Chamberlain
25.3 : Bob Pettit
25.3 : Kevin Durant
24.8 : Chris Paul
24.7 : Neil Johnston
24.7 : James Harden
Problème : à l’image d’un Anthony Davis en 2014/15, alors monstrueux avec les Pelicans (30.8 de PER, avec près de 24 points, 10 rebonds, 2 passes, 2 interceptions et 3 contres de moyenne !), mais seulement 8e à l’Ouest, en raison là aussi des pépins physiques de ses principaux lieutenants (Jrue Holiday, Eric Gordon et Ryan Anderson), Nikola Jokic devrait avoir bien du mal à espérer mieux qu’une place dans le Top 3 du scrutin, si les Nuggets n’intègrent pas, au moins, le Top 4 de leur conférence.
Et, ce, même si le « Joker » est héroïque pour Denver, au point de dominer quasiment toutes les statistiques avancées qui existent : « Player Efficiency Rating » (34.4), « Offensive Win Shares » (3.4), « Value Over Replacement Player » (3.0), « Box Plus/Minus » (14.6), « Offensive Box Plus/Minus » (9.8) et « Defensive Box Plus/Minus » (4.8).
1 – Stephen Curry (Warriors)
Bilan : 22 victoires, 5 défaites – 1er à l’Ouest.
Matchs : 26 disputés sur 27 possibles.
Stats : 27.0 pts, 5.6 reb, 6.3 pds, 1.7 int, 0.5 ctr et 3.3 pdb en 34 min.
Pourcentages : 43% aux tirs, 40% à 3-points et 93% aux lancers.
2 – Kevin Durant (Nets)
Bilan : 19 victoires, 8 défaites – 1er à l’Est.
Matchs : 25 disputés sur 27 possibles.
Stats : 29.4 pts, 7.6 reb, 5.6 pds, 0.7 int, 0.8 ctr et 3.2 pdb en 37 min.
Pourcentages : 53% aux tirs, 38% à 3-points et 88% aux lancers.
3 – DeMar DeRozan (Bulls)
Bilan : 17 victoires, 10 défaites – 2e à l’Est.
Matchs : 24 disputés sur 27 possibles.
Stats : 26.4 pts, 5.3 reb, 4.1 pds, 0.9 int, 0.4 ctr et 2.0 pdb en 35 min.
Pourcentages : 50% aux tirs, 33% à 3-points et 89% aux lancers.
4 – Giannis Antetokounmpo (Bucks)
Bilan : 18 victoires, 11 défaites – 3e à l’Est.
Matchs : 26 disputés sur 29 possibles.
Stats : 27.0 pts, 11.6 reb, 5.8 pds, 1.1 int, 1.6 ctr et 3.3 pdb en 33 min.
Pourcentages : 53% aux tirs, 28% à 3-points et 68% aux lancers.
5 – Nikola Jokic (Nuggets)
Bilan : 14 victoires, 13 défaites – 8e à l’Ouest.
Matchs : 22 disputés sur 27 possibles.
Stats : 26.5 pts, 13.8 reb, 7.3 pds, 1.3 int, 0.8 ctr et 3.4 pdb en 33 min.
Pourcentages : 58% aux tirs, 37% à 3-points et 75% aux lancers.
Mentions : Devin Booker et Chris Paul (Suns), Paul George (Clippers), Rudy Gobert (Jazz), Zach LaVine (Bulls), LeBron James (Lakers)…
LEXIQUE |
Player Efficiency Rating (PER) : formule mathématique qui prend en compte les statistiques dites « positives » (points, rebonds, passes, interceptions, contres, etc.) et les statistiques dites « négatives » (pertes de balle, tirs manqués, lancers manqués…). Sauf qu’elle les ajuste en fonction du temps de jeu et du rythme des matchs. L’objectif final étant d’établir le rendement réel d’un joueur, quand il se trouve sur le parquet.
Offensive Win Shares (OWS) : une estimation du nombre de victoires auxquelles un joueur a contribué, grâce à son apport offensif.
Value Over Replacement Player (VORP) : donnée, issue du baseball, qui permet de mesurer l’impact statistique d’un joueur, si on le remplaçait par un joueur lambda. C’est-à-dire un joueur avec un contrat minimum ou qui ne fait pas partie des neuf premiers joueurs de la rotation d’une franchise.
Box Plus/Minus (BPM) : une estimation de la contribution statistique d’un joueur (sur 100 possessions), quand il se trouve sur le parquet.
Offensive Box Plus/Minus (OBPM) : une estimation de la contribution statistique d’un joueur (sur 100 possessions), grâce à son apport offensif, quand il se trouve sur le parquet.
Defensive Box Plus/Minus (DBPM) : une estimation de la contribution statistique d’un joueur (sur 100 possessions), grâce à son apport défensif, quand il se trouve sur le parquet.