Tout fan NBA qui se respecte est a priori capable de disserter un minimum sur les 30 franchises NBA. Quid en revanche des 28 villes (Lakers et Clippers à Los Angeles, Knicks et Nets à New York) d’implantation de ces franchises ?
Quelles différences entre habiter et vivre au rythme de sa passion pour le Jazz à Salt Lake City comparé à la population de Miami avec le Heat ? À quoi ressemble la vie de ces habitants aux quatre coins des États-Unis une fois les portes de salles de la grande ligue fermées ?
Le journaliste de BeIn Sports, Rémi Reverchon, s’est lancé le défi de répondre à ces questions avec son premier ouvrage, « Road Trip NBA ». À l’origine de ce beau projet ? Un simple message privé reçu sur Twitter. À l’occasion des vœux 2021, il est contacté par la maison d’édition Amphora, spécialisée dans le monde du sport, avec qui il n’a jamais eu de contact jusqu’ici.
Une idée qui lui correspond
Le journaliste pense au départ qu’il s’agit d’une prise de contact pour faire la promotion d’un ouvrage sur le basket. Comme à chaque fois dans ces cas-là, il se dit : « Si ça me plaît, j’en parlerai à l’antenne. » En rencontrant l’un des responsables de l’éditeur, il réalise qu’il a lu ce message trop vite. « On aimerait que ce soit toi qu’il l’écrive », lui dit-on. « J’étais hyper flatté », confie Rémi Reverchon, joint au téléphone par BasketUSA.
Flatté mais pas vraiment emballé à l’idée d’écrire, comme on lui suggère, sur les 50 plus grands joueurs de l’histoire. Il veut faire plus original et un projet qui lui « corresponde ». Après réflexion, le journaliste revient vers son futur éditeur avec ce concept : raconter chaque ville d’implantation des franchises. Une « espèce de guide de routard du fan NBA » comme il le dit.
Il s’agit à chaque fois de mêler son vécu personnel dans ces villes, qu’il a quasiment toutes traversées lors de reportages, et de faire témoigner de grands acteurs basket qui y sont associés.
Une grosse partie du boulot a donc été trouver ce « guide » pour chaque ville, quelqu’un qui soit sur place. « J’ai dû beaucoup faire marcher mon réseau », livre le journaliste qui n’a pas eu de mal à convaincre ses « potes » Nicolas Batum et Nikola Vucevic par exemple.
Marqué par le témoignage de Sam Smith
La première cité sur laquelle il se penche est Chicago. Objectif : « tout savoir » dessus. Il se plonge dans la ville à fond, en se documentant un maximum avec des lectures ou le visionnage de films et séries, tel qu’un épisode d’Urgences dans ce cas. « Il y a un milliard de choses à dire sur cette ville », poursuit le journaliste qui se met en tête de faire témoigner son quasi-légendaire homologue, Sam Smith.
« Il avait commencé par me répondre avec un petit mail un peu flou. J’ai appris qu’il avait appelé des contacts en France pour se renseigner sur moi, savoir qui j’étais », détaille Rémi Reverchon, qui dit qu’il aurait pu écrire un bouquin entier avec le seul spécialiste des Bulls. « C’est le grand-père qu’on rêve tous d’avoir », avec des anecdotes où Michael Jordan veut faire parier le jeune journaliste de l’époque… 10 000 dollars le trou de golf.
Rémi Reverchon a été un peu moins heureux pour la ville de Memphis, d’où il rêvait de faire témoigner Justin Timberlake. « Son agent était emballé de ouf, il trouvait ça hyper cool de voir un Français se lancer dans ce genre de projet. » Malheureusement pour lui, celui qui a investi chez les Grizzlies manquait de temps en raison du travail sur son nouvel album.
Ces multiples entretiens, réalisés sur Zoom et enregistrés (il pourrait à terme publier ces interviews « brutes » sur YouTube), sont venus alimenter ce beau livre, richement illustré, de plusieurs centaines de pages. C’est le résultat de sept à huit mois de travail réalisé en marge de NBA Extra, une période « interminable » pour lui alors que ce genre de projet peut prendre bien plus de temps.
Fidèle à son style NBA Extra
Lorsque Rémi Reverchon s’exprime lui-même dans l’ouvrage, il utilise la première personne et ne manque pas une occasion d’interpeller le lecteur. Extrait : « À Philadelphia les gens sont aussi incroyablement mal élevés. Vous ne me croyez pas ? Écoutez ceux qui y vivent. « The rudest city in America. » Non, « rude » en anglais ne veut pas dire « rude » en français. Il fallait suivre un peu en cours d’anglais en quatrième, voyons ! »
« J’ai voulu retranscrire à l’écrit mon style à NBA Extra, justifie l’auteur. On se tutoie à l’antenne, l’ambiance est sympa. Je n’allais pas faire semblant et me la jouer Marcel Proust ou Victor Hugo. » Les anglicismes ? « Ça apporte un petit plus culturel. Le lecteur a deux options : ne pas faire l’effort de chercher et tant pis, ou avoir la curiosité de regarder sur internet pour savoir de quoi je parle. »
Ce même lecteur aura en tout cas la liberté de naviguer comme il le souhaite parmi ces « chapitres villes », eux-mêmes décomposés en multiples entrées de lecture. « Ceux qui ont déjà eu la chance d’aller à New York vont aller direct sur le chapitre consacré. » À l’inverse, celui qui prévoit de voyager à Los Angeles, par exemple, pourra s’imprégner de la ville en amont grâce au livre.
Sa vie à Denver et à Los Angeles
Los Angeles, Rémi Reverchon connaît bien. Le journaliste de 36 ans, basketteur plus jeune (il a joué en N2 à Charenton et aurait pu viser la N1 voire la Pro B en donnant « tout »), s’y était installé en 2009 pour trois ans. Là-bas, il avait ouvert sa société de production (« So French Prod », dont il a gardé le nom sur Twitter) pour être correspondant NBA pour Canal +. Le natif d’Alicante (Espagne), passé par les Yvelines, Béziers ou La Rochelle en grandissant, avait déjà eu une première expérience de vie à l’américaine en 2006.
Il avait suivi sa formation en journalisme à l’université de Northern Colorado, partenaire de l’école de Tours. « C’était une vraie vie de ‘college student’ », décrit-il en référence à la maison dans laquelle il vivait avec quatre Américains. Ces diverses expériences ont contribué à le « droguer à la culture américaine ».
Il apprécie autant les mégalopoles, sur lesquelles il s’étend dans le bouquin, que de partir en voiture au cœur de l’Amérique « dite profonde ». L’un de ses critères pour s’y épanouir est le climat. « Le but dans ma vie de vivre en short toute l’année ! », rigole-t-il, écartant d’office une ville comme Toronto, où il a couvert la finale NBA de 2019.
Dix ans à BeIn
En 2012, il reçoit un coup de fil de Charles Biétry, directeur délégué de la nouvelle née, BeIn Sports. Ce lancement l’intrigue et lui fait « un peu peur » aussi, mais il y va. « Je n’ai pas de plan de carrière. Je ne m’imaginais pas du tout y rester dix ans. C’était le choix d’une vie. »
Un choix payant car la chaîne qatarie s’est imposée comme l’un des principaux acteurs en France pour suivre le championnat nord-américain. L’audience a d’ailleurs connu une progression de +108% en 2020-2021 par rapport à la saison précédente. Devant cet engouement, le journaliste n’y voit rien d’autre que « l’âge d’or de la NBA ».
Maintenant que son projet de livre est terminé, Rémi Reverchon entend se recentrer sur la chaîne de télévision pour les mois à venir. Il peut encore profiter de la déferlante d’avis positifs qui a suivi la sortie de l’ouvrage. « Mon éditeur est bouillant, il trouve que ça cartonne. Il a dû relancer une seconde édition. »
Une belle promesse pour le journaliste qui n’attend désormais plus qu’une chose : retrouver le sol américain qu’il n’a plus foulé depuis deux ans. Ce sera en février prochain à l’occasion du All-Star Game de Cleveland. Son « Road Trip NBA » n’est jamais vraiment terminé.
« Road Trip NBA »
Éditeur : Amphora
Date de parution : 21/10/2021
Format : 25cm x 30cm
Prix : 34,95 euros