Après les discours, place aux actes pour Lloyd Pierce qui mène la mobilisation du syndicat des coaches sur les thématiques sociales depuis l’onde de choc créée par la mort de George Floyd. Depuis bientôt deux mois donc, le coach d’Atlanta a pris le « lead » et les premiers retours sont plutôt positifs quant à son engagement, sa capacité à communiquer et à rassembler.
Le mouvement né au sein du NBCA (National Basketball Coaches Association) partait d’une page blanche. Deux mois plus tard, après beaucoup de réunions et d’échanges sur le sujet, les premières lignes sont tracées, principalement autour des communautés où sont implantées toutes les franchises NBA. Et Lloyd Pierce, qui s’est par ailleurs battu pour faire de la State Farm Arena la plus grande salle de vote de Georgie, y est pour beaucoup.
« On a pu ressentir à la fois la douleur et ce sentiment rappelant une sorte de fatigue, du genre « On est encore là, et rien n’a changé », on pouvait ressentir tout ça émaner du plus profond de lui, a déclaré Gregg Popovich pour l’AJC suite aux premières visioconférences entre coaches et assistants. Ça a fait ressortir sa passion et son engagement, pas seulement suite à l’horreur vécue par George Floyd, mais aussi son désir de faire passer ce message aux gens, afin que tout le monde agisse. C’est pourquoi il nous a tous impliqués, ce qui était très sage de sa part. Il avait cette vision, que si nous pouvions tous faire des choses dans nos communautés qui affectent le racisme systémique, pas juste en parler, il savait que ce serait un grand pas en avant. Alors, il nous a tous mis au défi. Parce que nous le respectons beaucoup, et parce qu’il est vraiment sincère, nous allons lui emboîter le pas. »
Chacun devra apporter sa pierre à l’édifice
Après avoir pointé ces 30 « cibles », Lloyd Pierce fait désormais de la coordination pour que chacun œuvre de son côté avec efficacité. Un boulot à plein temps que ce jeune papa couple également avec son job de coach des Hawks, même si la franchise de Géorgie est un peu au repos forcé depuis le 11 mars et la suspension de la saison.
L’idée est de faire en sorte que le socle de cette nouvelle initiative soit le plus solide possible et que les acteurs de cette plate-forme (issus de la NBA et des organisations locales) soient correctement mis en relation et efficaces.
Le syndicat s’est notamment associé à la Fondation Obama, qui l’a mise en relation avec « My Brother’s Keeper » dont la mission est de venir en aide et valoriser les personnes en difficulté issues de minorités. « MBK » a également guidé le comité dirigé par Lloyd Pierce afin d’établir un lien de confiance dans les communautés concernées et de créer des programmes vraiment utiles.
Mais le coach des Hawks prévient, tout le monde devra apporter sa pierre à l’édifice pour faire perdurer le mouvement.
« Nous avons besoin de nos assistants, de nos joueurs, de nos groupes de propriétaires, de la NBA pour faire avancer les choses. Donc, quelle que soit la façon dont nous évoluons et bougeons, en tant qu’association, nous devons nous engager à fond dans toutes les choses que nous faisons. »
Rendez-vous le 30 juillet
La première action concrète, un clip vidéo où les coaches de la ligue adressent un message fort sur le racisme systémique et les inégalités aux États-Unis, sera diffusée lors du premier choc de cette fin de saison régulière entre les Lakers et les Clippers, le 30 juillet prochain.
Le procédé n’aura rien de révolutionnaire mais permettra de « maintenir la conversation sur le sujet », a noté Pierce en espérant que les mots choisis fassent mouche devant la plus large audience possible.
« On a une déclaration assez forte qui ne fait qu’aborder cette vérité et notre position de vouloir maintenir les conversations en vie, et les sujets dont nous parlons portent sur l’histoire des injustices dans ce pays qui nous ont menés à ce point, a précisé Pierce. Souvent, les conversations tournent autour du « Et maintenant ». Lloyd Pierce est un entraîneur NBA, vous ne pouvez pas dire qu’il n’a pas eu d’opportunité. Mais ce n’est pas parce qu’il y en a un que nous sommes tous égaux et libres et que nous avons tous la même chance. Ce que nous aimerions, c’est que Lloyd Pierce ait plus de possibilités, dans tous les secteurs, pas seulement dans le basket, pas seulement dans le football. L’analyse statistique, la politique, n’importe quel domaine. Et la raison pour laquelle ça n’existe pas aujourd’hui est due à notre passé. Nous devons parler de notre passé d’injustices et d’oppressions, et comment il a créé cette division dans notre pays, quand il s’agit d’égalité. »
« Nous sommes encouragés par tout ce qui se passe à Orlando. Voir Jerami Grant, Marcus Smart, Tobias Harris, Kyle Korver et aussi des entraîneurs parler de l’injustice raciale, mais maintenant c’est, que pouvons-nous faire d’autre, que faisons-nous d’autre ? »
Les premiers effets du maintien de ces sujets sur le devant de la scène médiatique commencent à porter leurs fruits. Après avoir transformé la State Farm Arena en bureau de vote, Coach Pierce a vu l’effet boule de neige se produire lorsque James Borrego l’a appelé afin de se renseigner pour en faire de même au Spectrum Center de Charlotte, rejoignant ainsi les Pistons, les Kings et les Bucks.
Ou encore lorsque les joueurs ont pris la parole dans la « bulle » uniquement pour évoquer les injustices vécues par la communauté afro-américaine, notamment au sujet du meurtre de Breonna Taylor, même si le discours, là encore, ne suffira pas.
« Nous sommes encouragés par tout ce qui se passe à Orlando. Voir Jerami Grant, Marcus Smart, Tobias Harris, Kyle Korver et aussi des entraîneurs parler de l’injustice raciale, mais maintenant c’est, quoi d’autre ? Que pouvons-nous faire d’autre, que faisons-nous d’autre ? », a ajouté l’entraîneur d’Atlanta.
Depuis le début de ce combat et avec ce leadership qu’a pris le coach des Hawks, sans rien demander, mais simplement parce qu’il en a ressenti le besoin, au même titre que Stephen Jackson, Lloyd Pierce a en tout cas gagné le respect de ses pairs au delà du basket pur et dur. « Rien que le fait de réunir 30 entraîneurs sur un sujet comme celui-ci, je n’ai jamais rien vu de tel pendant mon passage dans la ligue », a notamment reconnu Stan Van Gundy.
« Le fait d’avoir adopté cette mission comme il l’a fait suscite non seulement du respect mais aussi de l’admiration, a quant à lui déclaré Quin Snyder, coach du Jazz. Je sais à quel point c’est un bon coach, mais on n’a pas la chance de voir les gens et de les connaître dans ce contexte. Ce qui s’est passé est significatif, d’avoir un groupe de 30 coachs provenant de tout le pays qui ont été galvanisés comme nous l’avons été, et je pense que ça témoigne vraiment de l’authenticité de la façon dont Lloyd a partagé ses convictions et nous a donné à tous l’occasion de participer. »
On a connu pire hommage…