On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs, et le réalisateur de « The Last Dance » s’en est vite aperçu lorsqu’il s’est lancé dans cette folle aventure : raconter l’histoire de Michael Jordan à travers une saison historique, sa dernière aux Bulls, en 1997-1998.
Jason Hehir a ainsi confié au « Dan Patrick Show » qu’il avait dû se battre et faire preuve de patience pour obtenir les témoignages de joueurs comme Reggie Miller ou John Stockton, parmi les meilleurs ennemis de « MJ ».
« Ma réponse standard sur le sujet c’est que parmi ceux qui pouvaient en parler, on a eu les gens qu’on souhaitait. Il y en a qui ont refusé, et j’aimerais ne pas en parler, » a-t-il d’abord confié avant de lâcher du lest. « John Stockton a été réticent. J’ai fini par l’avoir au téléphone, on l’a interviewé le 10 mars à Spokane. L’épidémie de Covid-19 était déjà avancée, au point qu’on a décidé que je ne devais pas prendre l’avion pour Spokane, parce qu’on avait peur que je ne puisse pas revenir si le trafic aérien se retrouvait bloqué. Donc on avait l’un de nos pigistes qui était sur Seattle et qui a fait la route en voiture pour réaliser l’interview. Je peux dire qu’il était réticent parce que je l’ai eu au téléphone après l’avoir traqué pendant deux ans. Il disait : « Je ne veux pas faire partie d’un film à la gloire de Michael Jordan ». Je lui ai répondu que je pouvais lui assurer que ce ne serait pas le cas et je lui ai expliqué qui participait et que c’était la 106e interview dans notre processus de réalisation ».
Des souvenirs toujours douloureux
Le réalisateur a notamment donné la principale raison pour laquelle plusieurs anciennes gloires n’ont pas été emballées à l’idée de rouvrir la boîte à souvenirs, ceux-ci étant toujours douloureux, comme ça a pu être le cas pour un John Stockton, battu deux fois avec le Jazz par les Bulls, pour ses deux seules finales NBA en 1997 et 1998.
Le meneur n’a ainsi jamais remporté de bague, au même titre que son plus fidèle partenaire de jeu, Karl Malone.
« J’ai apprécié et je l’ai respecté encore plus d’avoir dit ce qu’il ressentait. « Ce n’est pas que je ne veux pas le faire, c’est juste que je ne me sens pas de me répandre sur Michael Jordan pendant une demi-heure ». Ces défaites font toujours mal pour ces gars et Reggie (Miller) est un autre gars qui a longtemps refusé. Pourtant on a essayé, encore et encore… et on ne s’est mangé que des « non » de sa part. En plus je l’entendais commenter des matchs où il disait qu’on ne l’avait pas encore appelé, qu’il espérait faire partie du documentaire. Je me disais, Reggie, on meurt d’envie que tu le fasses ! Mais ça reste un sujet douloureux pour ces gars ».
Comme John Stockton, Reggie Miller a fini par se plier à l’exercice, lui aussi. Tout comme Larry Bird.
« Larry Bird est naturellement réticent pour faire des interviews, quel que soit le sujet », a poursuivi Jason Hehir. Mais cette fois, il a bénéficié d’un coup de pouce inattendu : un coup de fil de Magic Johnson qui disait en substance, « Je l’ai fait donc il faut que tu le fasses aussi ». « Comme un incroyable Mont Rushmore de gars qui ont monté ce pacte en disant qu’ils parleraient tous de leurs histoires, c’est super cool d’être témoin de ça ».