Jusqu’à la reprise des entraînements, Basket USA vous propose d’étudier la free agency des 30 franchises NBA à travers une interrogation majeure. Quel sera le rôle de LeBron James aux Lakers ? Comment les Wizards utiliseront Dwight Howard ? Le Jazz peut-il faire mieux sans recrue ? Etc.
Avec un changement de coach et de franchise player, les Raptors ont connu un été pivot dans leur histoire. Sur les épaules de DeMar DeRozan, Kyle Lowry et Dwane Casey, la franchise canadienne a vécu plusieurs saisons contrastées. Les résultats et les progrès en saison régulière furent incontestables et remarquables. En revanche, en playoffs, jamais les Raptors n’ont franchi l’obstacle LeBron James. Résultat, le coach (Of The Year) a été changé et un transfert inattendu a envoyé DeRozan à San Antonio en échange de Kawhi Leonard. Rien que ça !
État des lieux
Masai Ujiri était devant un choix : continuer dans la direction actuelle, prometteuse mais jamais gagnante, ou tenter un pari, par définition risqué, mais qui pouvait changer le cours de l’histoire de la franchise. Le GM des Raptors a tranché. Dès la fin de la saison, il a sacrifié Dwane Casey, pourtant élu meilleur coach de l’année. Cette décision a surpris tout le monde puisque la franchise restait sur la meilleure saison de son histoire, mais voilà, Casey n’a jamais su trouver l’arme anti-LeBron, et les dirigeants l’ont viré, sans savoir que LeBron allait quitter la conférence… A sa place, c’est Nick Nurse, assistant, qui prend la suite et c’est plutôt paradoxal puisque c’est un changement dans la continuité…
Mais on n’était pas au bout de nos surprises, puisque quelques semaines plus tard, Ujiri frappait encore plus fort en se séparant de DeMar DeRozan, pourtant fidèle aux Raptors depuis toujours. L’arrivée de Leonard est un gros coup, certes compliqué à lire pour le moment puisque la question brûle les lèvres : dans quel état de forme se trouve le MVP des Finals 2014 ? Nul ne le sait vraiment après sa saison passée tronquée dans le Texas. Selon l’assistant des Raptors, Phil Handy, il serait en excellente condition. Une chose est certaine : si cette déclaration se confirme, les Raptors ont gagné l’un des meilleurs joueurs du monde, capable de regarder dans les yeux les Kevin Durant, LeBron James, Stephen Curry, etc…
L’ancien All-Star de San Antonio n’est pas venu seul. Danny Green est aussi du voyage et il reste un bon shooteur et défenseur. De plus, la signature d’un Greg Monroe est une bonne nouvelle pour compenser le départ de Jakob Poeltl. L’effectif est donc cohérent et les arrivées pourraient bien donner un coup de fouet à une équipe en manque d’imagination et de substance en playoffs.
Kawhi Leonard pour franchir un palier ?
Si Leonard redevient le joueur qu’il était en 2016-2017 avant ses blessures et l’imbroglio avec les Spurs, Toronto pourra compter sur un véritable franchise player, et tout simplement l’un des meilleurs joueurs NBA. Un scoreur fiable, propre, qui remplacera parfaitement DeRozan, en apportant un élément essentiel : la défense. Double défenseur de l’année, il reste, sur le papier, le meilleur défenseur extérieur du monde – ce que n’était DeRozan.
Il a disputé deux finales, son expérience en playoffs est énorme mais il reste sur une saison quasi blanche. Il a donc des choses à se faire pardonner. De plus, free agent en 2019, l’ailier All-Star doit réaliser une grosse saison pour convaincre des équipes – celles de Los Angeles notamment – de le signer pour un gros chèque. Les deux camps ont donc tout à gagner dans cette aventure.
Toronto sort de la meilleure saison régulière de son histoire, faite de progrès dans le jeu collectif, avec un banc efficace. L’apport d’un joueur de la dimension d’un Leonard est donc un plus inestimable. Son entente avec un Lowry, très proche de DeRozan, sera à surveiller. L’ailier a parfois abusé du jeu en isolation sa dernière saison pleine à San Antonio, mais sculpté par le moule texan, il reste un joueur collectif, qui peut parfaitement s’entendre avec un meneur comme Lowry, lui aussi gourmand de ballon.
Comme l’attestent les bookmakers, les Raptors ne sont peut-être pas favoris pour disputer les Finals, puisqu’ils restent derrière Boston par exemple qui possède plus de références collectives, mais l’ensemble est cohérent. En quelques mois, Toronto pourrait bien devenir l’équipe que personne ne veut affronter.
Une inconnue : le coach
Il demeure néanmoins une autre inconnue qui laisse planer un petit doute : Nick Nurse. Nous avions évoqué un « changement dans la continuité » au moment de sa nomination puisqu’il était l’assistant de Casey et que c’est à lui que le désormais ex-coach des Raptors avait confié, avec succès, les changements offensifs (plus de passes, de mouvements et de shoots à 3-pts) de l’équipe canadienne.
Pourquoi émettre des doutes alors ? Pour deux raisons. La première : il débute sur le banc et tous les assistants ne font pas des bons coaches quand les responsabilités et la pression se font plus grandes, surtout quand il s’agit de prendre en main une des meilleures équipes de la ligue. La seconde : il a décidé de prendre des risques. Loué pour sa créativité par Masai Ujiri, Nurse a déjà annoncé qu’il allait remuer le jeu de Toronto, quitte à produire du déchet.
« Je pense que si l’on veut être inventif, prendre des risques, il faut se tromper et alors, ce n’est pas joli. Je le comprends. C’est une des choses que j’ai apprises quand j’étais avec les Rockets en D-League. Tout le monde s’en foutait, mais ils m’encourageaient tout le temps, à faire ci, essayer ça. Si ça ne fonctionne pas, on jette et si ça fonctionne, on garde. Je ne dis pas qu’on va faire cent choses par match, mais il faut avoir des idées, essayer des choses. Et si ça ne fonctionne pas, je serai debout devant mes joueurs, à prendre les critiques. »
Alors qu’il faudra séduire Leonard pour espérer le conserver l’été prochain – jurisprudence Paul George à Oklahoma City – des expérimentations trop nombreuses ou infructueuses pourraient plomber les Raptors.
Après, il convient de rappeler que tous les propos sur l’envie d’essayer, d’innover de Nurse ont été tenus alors que le transfert de DeRozan n’était pas entériné. Le nouveau coach des Raptors raisonnait donc avec un effectif identique à celui qui a échoué depuis plusieurs années en playoffs. Est-ce toujours le cas, maintenant qu’il a enregistré de solides renforts ? Pas sûr…