Jusqu’à la reprise des entraînements, Basket USA vous propose d’étudier la free agency des 30 franchises NBA à travers une interrogation majeure. Quel sera le rôle de Lonzo Ball après l’arrivée de Rajon Rondo ? Comment les Wizards utiliseront Dwight Howard ? Dennis Schröder peut-il jouer aux côtés de Russell Westbrook ? Etc.
Aujourd’hui, direction Sacramento où les Kings semblent enfermés dans un triste cycle, l’éternel recommencement, après avoir reporté maintes fois les espoirs d’un retour au premier plan. Le laborieux épisode DMC est à présent terminé et la franchise va tenter un (énième) nouveau départ après la Draft de l’intérieur Marvin Bagley III. Ce dernier a-t-il les qualités pour s’imposer comme un titulaire indiscutable et mener une équipe en mal de leadership ? Nemanja Bjelica et Zach Randolph seront là pour l’épauler, ou lui mettre la pression puisque tous évoluent sur le même poste.
La question de la hiérarchie se pose aussi à l’arrière. On parlait du déséquilibre du Magic dimanche, un mal qui touche aussi Sacramento avec quatre arrières qui peuvent être titulaires. Pour l’heure, Bogdan Bodganovic part avec une longueur d’avance.
Etat des lieux
Sept ans ! Sacramento a espéré pendant sept ans que DeMarcus Cousins ramène les Kings en playoffs. Tout le monde a cru au rebond, il y a trois ans, lorsque les Kings ont fait venir Rajon Rondo et Marco Belinelli pour épauler le trio Collison-Gay-DMC. Mais la mayonnaise n’a pas pris, relançant un éternel processus de reconstruction.
En février 2017, SacTown a pris un nouveau chemin en transférant enfin DeMarcus Cousins, contraignant la franchise à une saison 2017-2018 sans ambition et sans leader. Pour la 11e fois en 12 saisons, les Kings ont terminé sous les 35 victoires (27v-55d). L’exercice a toutefois permis aux jeunes pousses (Frank Mason, De’Aaron Fox, Bogdan Bogdanovic, Buddy Hield, Justin Jackson, Skal Labissiere, Willie Cauley-Stein) de grandir en attendant des lendemains meilleurs. Et en espérant surtout un bon choix de Draft. Avec le deuxième pick, le front office dirigé par Vlade Divac a eu l’embarras du choix et a misé sur Marvin Bagley III. Pour répondre à un besoin dans la raquette et dans le leadership, il était effectivement la meilleure option. Pour quels résultats à court terme ?
Du côté de la free agency, les Kings n’ont pas réussi à récupérer Zach LaVine, et ils possèdent l’une des masses salariales les plus faibles (environ 80 millions de dollars). Et ce sera encore plus marquant la saison prochaine puisque Zach Randolph, Kostas Koufos, Iman Shumpert et Ben McLemore seront free agents.
Marvin Bagley III, l’étoffe d’un leader ?
Tout laissait à penser que Marvin Bagley allait atterrir aux Kings. Deuxième intérieur le plus prometteur de la classe 2018 derrière DeAndre Ayton, l’ailier fort de Duke arrive pour répondre à un double manque : l’impact d’un joueur « NBA ready » dans la raquette et un certain sens du leadership.
« Je peux faire pas mal de choses différentes. Je ne suis pas unidimensionnel. Je peux jouer à l’intérieur et créer pour le reste de l’équipe. Je peux être un leader, un leader positif, en montrant l’exemple, et surtout, en jouant. (…) J’aime jouer, gagner et me battre dur pour ça chaque jour », avait-il déclaré avant la Draft.
Reste à analyser le contexte dans lequel il va débarquer. Celui-ci est plus que tendu alors que les fans des Kings n’ont plus vu un match de playoffs depuis 2006. S’il évoluait dans la conférence Est, le roster pourrait prétendre à quelque ambition, mais à l’Ouest, il devra se contenter des miettes, cette année encore. Pas forcément le meilleur climat pour permettre à un rookie de s’imposer. À moins que celui-ci ne soit au dessus du lot. Pas sûr ce soit le cas pour l’instant.
L’année de la confirmation pour Bogdan Bogdanovic ?
Après une saison d’adaptation ponctuée par quelques coups d’éclat (11.8 points, 3 rebonds, 3.3 passes par match), Bogdan Bogdanovic sera attendu au tournant en sophomore. L’international serbe a déjà prouvé lors de sa carrière européenne et sur certains matchs en tant que rookie NBA qu’il pouvait prétendre à plus de responsabilités. « Bogi » a en tout cas toutes les cartes en main pour préserver cette ambition d’être un jour « un grand joueur » outre-Atlantique, comme l’avait confié Vince Carter, son coéquipier l’an dernier. Pour y parvenir, il a déjà la confiance de ses coéquipiers. Il aura également celle de son coach, Dave Joerger, qui a su se montrer patient avec son protégé pour qui il voit « un bel avenir ».
« Ça demande toujours une période d’adaptation pour chaque joueur qui arrive d’Europe. La vitesse et la taille des joueurs est différente dans notre ligue. Je suis impressionné. Il progresse bien et vite, mais c’est parce qu’il y travaille aussi », avait confié l’entraîneur de Sacramento en décembre dernier. « Je suis impressionné mais pas surpris non plus. Je suis un grand fan de son jeu depuis un petit moment. Ayant eu la chance de travailler auprès de Marc Gasol, je peux vous dire qu’ils voient le jeu de la même manière. Avec une approche puriste qui privilégie l’équipe avant tout »
Si besoin, Bogdan Bogdanovic peut aussi donner un coup de main à la création pour faire souffler la doublette Fox-Mason et il peut même être associé à Buddy Hield.
Quelles alternatives ?
Pour ce qui concerne Bogdan Bogdanovic, les alternatives sont nombreuses au poste 2. Buddy Hield, Iman Shumpert et Ben McLemore ont déjà été titulaires par le passé. À défaut de déboulonner le Serbe, Buddy Hield pourrait s’imposer comme 6e homme où son adresse aux tirs peut être précieuse face aux remplaçants adverses. L’an passé, il était plus adroit comme remplaçant, et ça n’a pas dû échapper au staff. Une chose est sûre, Dave Joerger n’était pas très chaud pour associer Buddy Hield (1m93) et Bogdan Bogdanovic (1m98) sur les postes extérieurs en raison de leur manque de taille. Mais le fait est que le Serbe devra sans doute se décaler car l’équipe manque d’ailiers, avec le seul Justin Jackson (2m03) capable de regarder LeBron James, Kevin Durant et compagnie dans les yeux. Lorsqu’il n’est pas blessé, « Shump » a lui un profil défensif qui peut lui permettre de se relancer après une année cauchemar.
Marvin Bagley III devrait lui endosser le costume d’ailier fort titulaire, et ainsi apporter un « boost » offensif certain, tout en comblant les grosses lacunes de l’équipe au rebond. Derrière, Dave Joerger pourra compter sur l’inusable Zach Randolph et sur l’option « stretch four » représentée par Nemanja Bjelica. Pour sa part, Skal Labissiere peut apporter de la taille. Sans oublier Harry Giles qui sort d’une saison blanche mais pourrait être davantage utilisé comme pivot… L’association Bjelica-Bagley-Randolph aux postes 3-4-5 est tout à fait envisageable par séquences, et devrait d’être testée.
Reste que cet effectif semble constituer uniquement d’arrières et d’ailiers forts et qu’il y a un énorme vide sur l’aile. Vlade Divac avait surpris en déclarant que Marvin Bagley III pouvait s’y décaler et on attend de voir ce que Dave Joerger va concocter pour tirer le meilleur de cet effectif. Pour l’instant, Justin Jackson pourrait en profiter et débuter au poste 3 sans réelle concurrence.
L’enjeu
Si les Suns, les Mavs ou les Lakers, qui squattaient également le bas de tableau à l’Ouest, ont réussi à faire renaître un semblant d’espoir, ce n’est pas vraiment le cas du côté des Kings où les ambitions restent mesurées, malgré l’arrivée de dernière minute de Nemanja Bjelica sur les postes 3/4. Et qui dit ambition mesurée dit également enjeu limité.
Comme pour l’exercice 2017-2018, l’enjeu sera de faire progresser les jeunes en y intégrant Marvin Bagley et les nouveaux venus. Au mieux, la franchise de Vivek Ranadive parvient à dépasser les 35 victoires. Au pire, la reconstruction sera une nouvelle fois avancée, avec pour cap le top 4 de la Draft 2019 et une free agency où ils pourront dépenser des dizaines de millions de dollars. En espérant ne pas être snobé par les stars, comme c’est le cas depuis plusieurs saisons.