Malgré les promesses de renouveau, Sacramento a conclu sa septième saison consécutive à moins de 30 victoires (29-53), et la neuvième de suite sans playoffs. En clair, les Kings n’ont pas connu l’atmosphère de la postseason depuis le départ de Rick Adelman en 2006. Cela commence à dater pour un club habitué au spectacle et au succès entre 1999 et le milieu des années 2000. Au regard de l’imposante masse salariale (73.4 millions de dollars), chaque victoire est payée à prix d’or. Cette intersaison sera donc cruciale pour offrir un tournant positif au club, sauf que la sérénité n’est pas une des qualités premières de la franchise (deux changements de coach cette saison).
Un management calamiteux
Entre la fin moribonde de l’ère Maloof et la prise de pouvoir de Vivek Ranadive, Sacramento a souffert des nombreuses divergences présentes au sein de la direction. Résultat : la franchise a utilisé trois coaches en une seule saison suite à plusieurs décisions désastreuses, au point que le General Manager fasse son mea culpa public.
De plus, aussi ambitieux soit le nouveau propriétaire des Kings, ses sorties sur la stratégie à employer pour l’équipe laissent songeur. La discorde entre Pete d’Alessandro et Mike Malone au sujet de la draft de Nik Stauskas a également laissé des traces et nul ne sait réellement qui prend les décisions à Sacramento.
Heureusement, depuis quelques mois, le calme revient peu à peu et la franchise émet des signaux plus convaincants, tels que la nomination de Vlade Divac à la vice-présidence du club. La célébration de Peja Stojakovic cette saison redore également le blason du club aux yeux du public. Enfin, la signature d’un coach de renom comme George Karl rassure. Il fallait bien ça car à l’heure d’une intersaison délicate à négocier, Sacramento ne constitue pas une destination très attirante aux yeux des joueurs, toujours soucieux de leur environnement.
La sérénité n’est néanmoins pas totalement retrouvée puisque selon ESPN, Pete d’Alessandro pourrait bientôt faire ses valises. Vlade Divac est en effet devenu l’homme de confiance de Vivek Ranadive et sa nouvelle position paraît incompatible avec le maintien de l’actuel General Manager. Le choix de George Karl serait d’ailleurs celui du Serbe, et non de Pete d’Alessandro. Cette situation doit être réglée au plus vite puisque d’autres décisions cruciales sont à prendre à court terme.
La défense, zone d’ombre de l’équipe
27e défense de la ligue avec 106.5 points concédés sur 100 possessions, Sacramento dispose d’une marge de progression plus que conséquente dans ce secteur. Mike Malone avait déjà appuyé sur ce point lors de son passage, George Karl doit en faire de même, bien qu’il soit plutôt réputé pour sa science offensive. L’entraîneur en est conscient.
« Nous avons besoin d’un défenseur. Pouvons-nous amener cet état d’esprit avec un stoppeur focalisé sur le meilleur attaquant adverse ? » s’interrogeait-il auprès du Sacramento Bee.
Même si le marché des transferts pourrait répondre à ce besoin, le reste de l’équipe doit aussi se remettre en question. L’effectif est athlétique et dispose des moyens nécessaires pour répondre dans ce secteur. En revanche, trop ne sont pas impliqués.
« Certains joueurs peuvent jouer 25 minutes sans prendre un rebond. Je ne le comprends pas. Je pense que l’on se repose trop sur DeMarcus Cousins. Nous savons que c’est un bon rebondeur et nous avons l’impression que nous n’avons pas besoin d’y aller, » confiait-il un peu plus tôt dans la saison.
Mais les rebonds ne sont pas réellement le point faible de l’équipe : avec 41.2 prises concédées à l’adversaire, l’équipe est la 4e meilleure équipe dans ce secteur. George Karl a en revanche raison sur un point : son pivot n’est pas la plus grosse lacune de l’effectif en défense. À ses côtés, Darren Collison et Jason Thompson peuvent eux-aussi se targuer d’être actifs défensivement mais c’est trop peu.
En périphérie ou en transition, les efforts sont trop rares. À titre d’exemple, parmi les 25 pires notations défensives cette saison, on retrouve six Kings (Nik Stauskas, Ben McLemore, Derrick Williams, Carl Landry, Ray McCallum et Rudy Gay), tandis qu’Omri Casspi est 31e.
En arrivant à Sacramento, George Karl a appliqué à la lettre ses principes défensifs des Nuggets, alors connus pour changer constamment sur les écrans. En Californie, ce précepte n’a pas fonctionné sur cette fin de saison : Sacramento ne protège ainsi pas du tout son cercle (63% de réussite allouée à ses adversaires dans cette aire, second pire pourcentage de la ligue), une lacune trop importante à ce niveau.
Un besoin d’adresse
Avec 34.1% à longue distance, Sacramento présente le 21e pourcentage de la ligue de loin. Outre Omri Casspi (le meilleur de l’équipe avec 40%), les Kings disposaient d’une bonne gâchette en la personne de Darren Collison (37.3%) mais ce dernier n’a disputé que 45 matchs. Rudy Gay et Ben McLemore ont aussi été utiles dans ce secteur avec respectivement 35.9 et 35.8% à trois-points. Avec le point d’ancrage intérieur que constitue DeMarcus Cousins, il est important de pouvoir compter sur de bonnes alternatives extérieures. C’est notamment pour cette raison que Nik Stauskas fut drafté l’été dernier.
Malheureusement, l’arrière a peiné la majeure partie de la saison (25.9% lors de ses 49 premiers matchs). Or, sous George Karl, le rookie a retrouvé la mire avec 42.1% de loin et il pourrait donc constituer un début de solution. Le fait est que l’entraîneur a toujours adoré disposer de solutions fiables à l’extérieur (Hersey Hawkins, Nate McMillan, Sam Perkins aux Sonics ; Ray Allen, Sam Cassell ou Dell Curry aux Bucks…), il ne serait ainsi pas contre un renfort supplémentaire pour écarter le jeu.
« Chaque entraîneur veut plus d’adresse, il n’y a aucun doute sur l’importance qu’a pris le tir à trois-points dans le jeu d’aujourd’hui, » a t-il ainsi déclaré.
Outre les joueurs en eux-mêmes, cette adresse viendra également d’un jeu plus léché et fluide : 27e de la ligue aux passes décisives (15.6/100 poss), Sacramento souffre d’un jeu trop individualiste. L’équipe ne prend ainsi que 12.2 tirs à trois-points en situation de catch-and-shoot par match, c’est aussi la 27e moyenne de la ligue.
George Karl a donc un gros travail devant lui pour la refonte de l’académie de jeu. Il a déjà commencé puisqu’avant son arrivée, 53.5% des points marqués par Sacramento résultaient de passes décisives. Avec lui, 58.4% des points étaient précédées d’une passe. C’est bien mieux (16e pourcentage de la ligue) mais à nouveau, il pense qu’un renfort serait le bienvenu pour l’aider.
« Nous avons besoin d’un attaquant, un passeur, un créateur. Pas un meneur mais quelqu’un qui créé loin du ballon. »
À voir s’il sera entendu par sa direction…
Un banc à densifier
Avec 16.3 points par match (stats rapportées sur 48 minutes), Sacramento dispose du 26e pire apport offensif par son banc de toute la ligue. Avec 8.9 points par match, Omri Casspi est ainsi le plus gros scoreur de la second-unit, suivi de près par Derrick Williams (8.3 points).
Certes, avec plus d’expérience dans le museau, Ray McCallum et Nik Stauskas sont appelés à prendre de l’importance mais pour le moment, c’est encore faible et derrière eux, les Kings ne disposent pas d’autre menace offensive. Ce point doit également constituer une priorité pour cet été.
Quelle direction donner à l’effectif ?
Avec près de 13 millions de dollars à dépenser cet été, Sacramento dispose de ressources mais celles-ci sont limitées. Évidemment, c’est à nuancer avec l’inflation future du salary-cap qui peut permettre à l’équipe de prendre des risques financiers dès cette intersaison puisqu’ils seront lissés par la suite. Néanmoins, le champ de manœuvre est compliqué par le déséquilibre de l’effectif : Sacramento dispose bien d’un franchise-player en la personne de DeMarcus Cousins, d’un bon lieutenant offensif avec Rudy Gay, d’un arrière prometteur avec Ben McLemore mais il est évident que les lacunes sont trop nombreuses, à la mène, au poste 4 ou encore sur le banc. George Karl a déjà prévenu qu’aucun joueur n’était inamovible.
« C’est le domaine de Pete D’Alessandro et de Vlade Divac mais si j’ai eu quelques grands joueurs, je n’ai en revanche jamais eu un joueur intransférable. Il faut toujours être prêt pour l’éventualité d’un bon échange, » a t-il ainsi expliqué.
Même si l’entraîneur se dit ouvert à toute possibilité, il est peu probable que DeMarcus Cousins et Rudy Gay (tous deux sous contrat jusqu’en 2018, avec une player option pour la dernière année pour l’ailier) soient transférés. Il en va de même pour Ben McLemore, en progression et encore dans son contrat rookie. Quant à Darren Collison, il effectuait sa meilleure saison NBA avant de se blesser (16.1 pts à 47.3% et 5.6 passes) et son salaire raisonnable (autour de 5 millions de dollars la saison) en fait un très bon rapport qualité/prix.
Les Kings pourraient se tourner vers Carl Landry, combatif mais en déclin, mais son contrat à plus de 6 millions de dollars la saison court jusqu’en 2017 et on voit peu d’équipes intéressées par les services de l’intérieur. Il y a bien Jason Thompson, encore sous contrat pour un an (6.5 millions la saison), mais l’intérieur est un des role players les plus efficaces de l’équipe et l’un de ses meilleurs défenseurs.
Ils doivent aussi régler les cas de leur joueurs libres (Andre Miller, Reggie Evans, Omri Casspi et Ryan Hollins). Les trois premiers rendent de loyaux services à bas coût et les conserver ne serait pas de trop, si leurs prétentions restent modestes. Andre Miller est notamment très apprécié de George Karl.
« C’est un peu mon doudou dans cette équipe car je le connais, il me connait et quand on rentre dans des moments étranges où l’on ne sait pas trop ce qu’il se passe, c’est le gars sur lequel je m’appuie le plus, » déclarait ainsi l’entraîneur au Sacramento Bee en mars.
De son côté, son coéquipier israélien a déjà fait savoir qu’il aimerait prolonger. La situation de Ryan Hollins est plus subsidiaire tant l’intérieur est là pour faire le nombre.
Ainsi, Sacramento devrait notamment se pencher sur des renforts à l’intérieur, voire à la mène puisque nul n’ignore l’affection de George Karl et son staff pour ce poste.
Néanmoins, tant que la question de l’organigramme du club n’est pas résolue, il est difficile d’avoir des clés sur les pistes envisagées par le club. Au regard du climat actuel, il est difficile d’imaginer les meilleurs free agents donner suite à d’éventuelles propositions.
Que faire avec le choix de draft ?
Pour l’heure, Sacramento dispose de 6.3% de chances d’obtenir le premier choix de draft, sinon la franchise devrait sélectionner entre la 6e et la 10e position. Dans cette fourchette, Justise Winslow est un choix plausible. Rudy Gay étant souvent décalé au poste 4 avec George Karl, l’ailier de Duke pourrait apporter sa défense. Il en va de même pour Stanley Johnson, cependant moins NBA-ready que son homologue de Caroline du Nord. À la mène, Emmanuel Mudiay pourrait constituer une belle plus-value, mais se pose également la question de sa disponibilité. Quant à Willy Cauley-Stein, souvent cité dans les mock drafts, il pourrait aussi apporter de la dureté derrière DeMarcus Cousins, les Kings n’ayant pas de back-up fiable à ce poste. Cependant, dans ce registre, un vétéran est toujours préférable.
Surtout, les Kings ont rarement brillé avec leurs choix de draft, comme l’atteste l’exemple récent de Nik Stauskas, certainement drafté trop haut (8e, avant Elfrid Payton notamment). Le choix de Thomas Robinson (cinquième en 2012), choisi avant Damian Lillard ou encore Harrison Barnes, est tout aussi discutable a posteriori.
À nouveau, la question est de savoir quel membre du management californien sera responsable de la décision mais dans tous les cas, il est peut-être plus judicieux d’envisager un échange avec ce choix de draft, plutôt que de se manquer une nouvelle fois.
Un défi immense pour George Karl
Très bien payé (15 millions sur 4 ans), George Karl a été sorti d’une pré-retraite dorée afin de sauver l’avenir du club. En 30 matchs (11-19), l’entraîneur n’a pas fait mieux que l’estimé Mike Malone (11-13), débarqué sans avoir pu pleinement profiter de sa chance. Globalement, il ne fait aucun doute que l’ex-coach des Sonics est un meilleur atout que Tyrone Corbin, écarté en milieu de saison.
Dans un premier temps, le stratège a voulu mettre en place un semblant de rigueur offensive avant de s’attaquer aux gros chantiers. Progressivement, il devrait être aidé par un coaching staff plus large. Le travail dans ce sens a déjà débuté avec la prochaine signature de son ancien assistant, Chad Iske (Sixers), et très probablement, de John Welch (Nets). L’embauche d’un coach spécialiste de la défense serait également bienvenue. Si Gary Payton a été évoqué, ses récents déboires judiciaires devraient compromettre cette éventualité. Ce renfort est néanmoins indispensable, tant George Karl n’est pas l’entraîneur le plus réputé dans ce secteur.
Aussi, ce dernier aura la lourde responsabilité de rassurer DeMarcus Cousins. À 24 ans, après cinq saisons dans la ligue, le pivot n’a toujours pas disputé les playoffs. Le club est particulièrement attentionné à son égard, par crainte de devoir faire face à une demande de transfert. S’il n’est pas entouré, cela ne saurait tarder. Certes, George Karl n’est pas responsable de la constitution de l’effectif mais c’est à lui de convaincre le pivot de la bonne direction prise par la franchise. Il a déjà commencé mais la tâche est vaste.
Un avenir nébuleux
Au final, Sacramento reste l’une des franchises les plus intrigantes de la ligue. Malgré son talent et son imposante masse salariale, le club rame en grande partie à cause d’une direction lacunaire. C’est donc d’abord dans les hautes strates du club qu’il faut entamer un changement culturel et le reste pourra enfin suivre. Cependant, il est encore trop tôt pour y voir clair dans la stratégie de la franchise et ce n’est pas une très bonne nouvelle en vue de la prochaine free agency…
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