Cette année encore, la concentration de joueurs NBA, anciens ou futurs, au Final Four de l’Euroleague est impressionnante. Cela va dans le sens de l’histoire : le niveau du basketball mondial est en constante progression depuis les Jeux olympiques de Barcelone en 1992. La NBA pioche de plus en plus de joueurs hors des frontières américaines, et tandis que dans le même temps de bons joueurs NBA viennent en Europe pour disputer le deuxième championnat le plus relevé de la planète basket.
En 90, 6 européens jouaient en NBA
En 2000, la ligue américaine comptait 17 européens soit 2% du total de la ligue. Quatorze ans plus tard, 56 Européens jouent désormais sur le sol américain. Un record. Et le signe d’une reconnaissance désormais définitive des dirigeants américains pour l’Europe. Au final, les deux continents, américain et européen, n’ont jamais échangé autant de joueurs car dans le même temps, de plus en plus de clubs européens font appel aux joueurs américains recalés par la grande ligue.
En 2012, les joueurs du Final Four cumulaient 2 113 matches NBA
En 2012, le CSKA Moscou comptait dans son effectif des joueurs plus expérimentés que certains effectifs actuels de la NBA. On y trouvait Andreï Kirilenko (845 matchs NBA en carrière, playoffs inclus), Nenad Krstic (447), Viktor Khryapa (143). Sans oublier Alexey Shved (140) arrivé ensuite à Minnesota. Cela ne l’avait pas empêché de s’incliner d’un point face à l’Olympiakos de Vassili Spanoulis (31 matches), Pero Antic (50 cette saison avec Atlanta) et Joey Dorsey (61). Cette même année, le Panathinaïkos glanait la troisième position avec Sarunas Jasikevicius (138), Mike Batiste (75) et Nick Calathes (71 matchs cette année avec Memphis) tandis que le Barça terminait 4e, malgré Juanca Navarro (82), Kosta Perovic (7) et Boniface Ndong (23). Cette année là, les joueurs du Final Four totalisaient 2 113 matchs dans la grande ligue.
En 2013, le CSKA revient mais sans Kirilenko et Shved. Aux côtés de Krstic et Khryapa, seul Sonny Weems (140 matchs) bénéficie d’une expérience NBA. Barcelone perd Perovic et Ndong mais c’est pour mieux récupérer Jasikevicius en provenance du Pana. L’Olympiakos fait le doublé, il faut dire que son escouade est impressionnante, malgré la perte de Antic. En plus de Spanoulis et Dorsey cités plus haut, le club du port d’Athènes emploie Acie Law (201 matchs) et Josh Powell (362 matchs). Enfin, le Real Madrid peut compter sur Rudy Fernandez (267), Sergio Rodriguez (290). Le cru 2013 réunit plus d’expérience NBA que l’année précédente avec 2 162 matchs.
L’exception Maccabi
Cette année, Moscou, battu en demi-finale, avait ramené dans son effectif Jeremy Pargo (83 matchs NBA), en plus de Weems, Krstic et l’éternel Khryapa. Barcelone a perdu le vieux Jasikevicius mais récupère Bostjan Nachbar, espoir nanti drafté en 15e position par Houston en… 2002 (335 matchs) et le Polonais Maciej Lampe (64 matchs). Maccabi n’a aucun joueur ayant foulé les parquets NBA. David Blu et le gros Sofoklis s’en sont longtemps approchés, en vain. Enfin, le Real n’a ajouté aucun NBAer dans ses rangs. 2014 totalise donc moins de matchs NBA que les précédentes éditions, « seulement » 1851.
La NBA ne fait pas rêver tout le monde
Finalement, cette édition 2014 n’est pas plus dominée par les anciens joueurs de la grande ligue qu’auparavant. Est-ce que cela en fait pour autant une année moins salivante ? Bien au contraire, d’une part, la proportion de joueurs NBA n’a jamais garanti un jeu léché, enfin il y a nombre de joueurs cette année qui pourraient prétendre à une traversée de l’Atlantique.
C’est bien entendu le cas de Nikola Mirotic. Le MVP espagnol de la saison 2013 se fait en effet désirer par Chicago, détenteur de ses droits. Avec ses 2m09 et ses excellents fondamentaux, il pourrait rendre de sérieux services, associé à Joakim Noah. Néanmoins, le fait est que l’intérieur pourrait rester une nouvelle saison en Europe. Sa claude de sortie s’élève à 600 00 dollars et au mois d’avril, les Bulls n’avaient encore entamé aucune négociation avec le joueur. Cela ne semblait pas le déranger, lui qui fut interviewé récemment par Canal Plus Espagne.
« J’ai un contrat de deux ans avec le Real. Je n’ai aucune envie de partir. Je me sens bien ici. C’est ma maison » annonçait le madrilène il y a quelques semaines.
Ainsi, depuis plusieurs années, la NBA n’exerce plus la même fascination sur les joueurs européens, plus enclins à rester sur leur sol. Drafté par le Magic en 11e position en 2005, Fran Vasquez n’a jamais daigné rejoindre la ligue. D’autres comme lui ont connu les sirènes de la draft sans vraiment s’y intéresser. C’est le cas de Sergio Llull (34e par Denver puis Houston), Sofoklis Schortsanitis (34e par les Clippers), Erazem Lorbek (46e par Indiana puis San Antonio), Sacha Kaun (56e par Cleveland), Alex Abrines (34e par OKC).
« Je ne veux pas aller en NBA, juste pour signer un contrat »
Il en va de même pour Kostas Papanikolaou, jeune ailier de 23 ans, 2m06 sous la toise, un des plus gros talents à son poste, déjà titré à deux reprises en Euroleague. Houston possède ses droits et le Grec pourrait faire le déplacement si les Rockets le considère à sa juste valeur. Déjà à la tête d’un contrat conséquent (5,5 millions d’euros sur 3 ans), l’ailier pourrait rester encore quelques temps sur notre continent, comme il le relatait lui-même à Eurohoops.
« Je joue pour l’une des meilleures équipes d’Europe. Je ne veux pas juste aller en NBA pour signer un contrat. Je ne demande pas une garantie, mais je veux être certain d’avoir la même chance que tout le monde. » déclarait ainsi l’ailier il y a une semaine.
La situation est similaire pour Ante Tomic (27 ans, 2m18). Déjà en possession d’une raquette très talentueuse, Utah pourrait aussi faire très mal s’il décidait un jour à les rejoindre. Le pivot n’est en effet pas loin d’être le meilleur à son poste cette année en Euroleague.
Les non draftés
S’il n’a jamais foulé un parquet NBA, Ricky Hickman du Maccabi Tel-Aviv ne devrait pas manquer d’intéresser outre-Atlantique. En provenance de l’université de UNC-Asheville, le meneur-arrière est capable d’agresser n’importe quelle défense d’Europe. Encore sous-côté, il s’est clairement imposé comme l’un des meilleurs à son poste.
De retour de blessure et très loin d’être à son meilleur niveau, Milos Teodosic reste néanmoins l’un des joueurs les plus fous de notre sol. C’est presque une injure de rappeler à quel point il pourrait figurer sans le moindre souci dans un club NBA mais comme Jasikevicius avant lui, il est fort probable que seule l’Europe puisse apprécier à sa juste valeur le talent du Serbe.
Partir pour mieux revenir
En effet, nombreux sont ceux qui sont aussi revenus en Europe de leur plein gré car mieux payés, mieux considérés, plus à l’aise dans un territoire bien plus compétitif que la ligue américaine où les 82 matchs sont loin de toujours passionner. C’est le cas de Navarro, Fernandez, Rodriguez, Krstic ou encore Spanoulis.
Bien entendu, la liste est non exhaustive et n’inclut que les joueurs du Final Four. Comme on a pu le constater hier avec les éliminations du CSKA Moscou et du FC Barcelone, cette édition 2014 est encore passionnante pour tous les amateurs de basket, même ceux qui n’ont de yeux que pour les lumières de la NBA. Malheureusement, tout le monde n’est pas de cet avis dans la ligue américaine. Ainsi, cette année, Minnesota n’a envoyé aucun scout au Final Four, tout le staff est réquisitionné pour… le Draft Combine.