Interview Tony Parker: « Si on est champion, ce tir sera le highlight de ma carrière »

Tony Parker est inspiré par LeBron James, qui s’est chargé de son cas dans les trois dernières minutes. MVP des Finals il y a six ans devant celui qu’il qualifie d’extra-terrestre, le meneur des Spurs est le grand homme de la victoire texane jeudi soir à Miami.

Auteur de 10 points dans le quatrième quart-temps, dont le shoot assassin à cinq secondes du baisser de rideau, TP confirme qu’il dispute le meilleur basket de sa carrière. Après sa conférence de presse, il a pris cinq minutes supplémentaires pour bavarder avec nous, et nos confrères français.

Tony, finalement le repos n’a pas joué en votre défaveur ?

Si un peu quand même car on n’a pas eu une grosse première mi-temps. On était content de n’être qu’à -3 parce qu’on a loupé pas mal de tirs et commis trop d’erreurs en défense, notamment sur Ray Allen. On lui a laissé trop de paniers à 3-points. On a essayé de rester dans le match en faisant ce qu’on pouvait, idem en troisième quart-temps. En quatrième quart temps nous avons commencé à mieux défendre, à mettre des stops. Et puis, on a mis des tirs importants.

Justement, raconte-nous ce tir décisif en fin de match !

Sincèrement, c’est une action de folie. J’ai cru perdre la balle au moins trois ou quatre fois (rire), j’ai essaye de faire ce que je pouvais car ce n’était pas ce que je voulais faire (rire). A la fin il reste deux secondes et j’essaye de prendre un tir, ça rentre. Il faut de la chance en finale NBA et ce soir elle était de notre côté.

En gagnant ce premier match après dix jours de repos, est-ce que vous avez fait le plus dur ?

C’est clair que oui ! Ce n’est pas facile de jouer après dix jours de repos, c’est long, t’as envie de jouer et t’as peur de manquer de rythme. Nous sommes bien rentrés dans ces finales mais on sait aussi que le chemin est encore long. Ce n’est qu’un match, qu’une victoire et il ne faut pas s’emballer. C’est le maître mot pour nous, ne pas s’enflammer. Miami est champion en titre, ils vont revenir avec des ajustements pour le Game 2. Les séries de playoffs, c’est un enchaînement d’ajustements et on a assez d’expérience pour savoir ce qu’il faut faire pour gagner un titre.

Vous avez réussi à contenir LeBron James en attaque, notamment dans ses pénétrations. C’est la clef de cette victoire ?

LeBron James c’est un extra-terrestre, tu ne vas pas l’arrêter. Ce qu’on essaye de faire c’est de le contenir, le forcer à prendre des tirs extérieurs. Pareil pour Dwyane Wade, il était chaud ce soir mais dans le dernier quart-temps on a mieux défendu sur lui.

Ce soir, tu perds aucun ballon, les Spurs n’en perdent que quatre et n’avez jamais donné le sentiment de forcer. Il y a une vraie patience en attaque…

Cela commence avec moi, c’est moi le meneur. Ils font prise à deux sur tous les pick and roll, tous les « staggers » et quand je reviens sur les « loops », donc il faut que je sois patient, agressif et que je fasse confiance à mes coéquipiers. On a toujours joué comme ça, en équipe et en bougeant beaucoup la balle. On a des shooteurs partout. Si je ne fais pas trop d’erreurs et que je ne force pas sur les prises à deux, on va avoir beaucoup de tirs ouverts. C’est très important de contrôler le tempo contre le Heat, dès que tu perds la balle c’est dunk direct. Il n’y a qu’à voir la première action du match, on perd la balle et Wade part direct au dunk.

Tu parles de patience, quand tu les vois mettre LeBron sur toi en fin de match ça te conforte dans cette idée ?

Ma patience c’est la clef. Je ne dois pas essayer de forcer, quitte à faire un match à 10 pts. Si l’équipe joue bien et qu’on gagne, c’est ce qu’il faut faire. Parce que de toutes façons, toute leur défense est construite pour m’arrêter et ça risque d’être encore pire dans le match suivant. Il faut que je fasse confiance à mes coéquipiers, et s’ils mettent LeBron James sur moi comme dans les trois dernières minutes, je dois faire la même chose.

T’as pensé quoi quand t’as vu que LeBron défendait sur toi ?

Je savais que ça allait arriver, ce n’était pas une surprise. Ils en parlaient dans les médias donc je m’y attendais. Je pense que dans le prochain match, ils vont le faire plus tôt.

Tu connais assez bien l’histoire de la NBA pour savoir qu’avec ton tir en fin de match, tu grossis encore plus la légende Parker. Il restera dans l’histoire ?

Si on gagne cette série, on se rappellera de ce tir pendant longtemps oui. Cela sera le highlight de ma carrière seulement si on gagne le titre. C’est pour ça que je ne veux pas m’enflammer.

Même quand il ne marque pas il trouve ses coéquipiers. Il fait le triple double. Ce qu’on peut faire c’est le limiter et contrôler les role players. Il marquera ses 20 pts quoiqu’il arrive, l’important c’est comment il les marque.

Propos recueillis à Miami