Emeka Okafor, l’érudit grand frère des Wizards

Depuis le All-Star Weekend d’Orlando, Ernie Grunfeld a décidé de faire le ménage dans le vestiaire des Wizards. Terminé les morveux, les turbulents et les irresponsables, le GM des Magiciens veut un groupe d’irréprochables. John Wall n’est encore ni un franchise player ni un leader, il a besoin d’être bien entouré pour grandir. Idem pour Bradley Beal. Avec Néné et Emeka Okafor, le duo vit désormais au quotidien avec un modèle de « vrai professionnalisme », se félicite Grunfeld, heureux de pouvoir confirmer la flatteuse réputation de son nouveau pivot.

« Un vrai pro vient chaque jour bosser avec la volonté de faire mieux que la veille, d’y mettre toute son énergie et de toujours orienter ses choix par rapport à l’équipe. Avec son éthique de travail, son investissement et sa discipline, Emeka donne le parfait exemple à nos jeunes. »

Arrivé de la Nouvelle-Orléans avec Trevor Ariza, le deuxième choix de la draft 2004 est un homme à part dans le paysage NBA. Dans un très bel article du Washington Post, l’ex-Bobcat affirme sa différence sans la polir. « Je ne vais pas sortir le soir avec les gars, c’est sûr. Mais il y a d’autres moyens pour moi d’être impliqué au jour le jour », assure l’alumni de Connecticut, diplômé en trois ans et seul pensionnaire de la ligue à ingurgiter 20 livres en un été et s’enivrer de podcasts TED (des conférences sur la tech et le design).

« Si tu as besoin de savoir quelque chose, tu vas voir Mek’, il connaît tout », rigole Ariza. « C’est un véritable Wikipedia ambulant. » Pour Grunfeld, Okafor « c’est un homme de la Renaissance ». « Avec lui vous pouvez parler de tout », ajoute Ed Tapscott, l’ancien président des Bobcats aujourd’hui au front office de D.C.

 » C’est un Wikipédia ambulant ! « 

Le compliment tourne à la louange. Mais quel autre professionnel NBA profite de son intersaison pour visiter le Vatican, goûter à la gastronomie italienne dans des restaurants recommandés par son ami et chef Mario Batali, s’émerveiller devant la Grande muraille de Chine et se régaler de l’architecture de Shanghai  ?

« Il y a une mauvaise perception du grand public sur les joueurs NBA », se justifie l’ex-ROY. « Si vous discutez personnellement avec chaque joueur, vous verrez qu’il y a plein de centres d’intérêt différents, loin des clichés véhiculés. Moi j’aime voyager, manger et lire. Pour d’autres, ce sera autre chose. Tout le monde ne rentre pas dans la même catégorie. »

Arrivé le premier au vestiaire avant un match pour sa routine yoga-pilates, le champion NCAA 2004 (aux côtés de Ben Gordon) en repart souvent le dernier. La marque du sérieux, mais aussi des années qui passent. Le natif de Houston a sans doute ses plus belles saisons statistiques derrière lui, mais ce leader par l’exemple entend bien profiter de cette nouvelle étape dans sa carrière, pour évoluer.

« La vie est faite de changement et de progression. Chaque opportunité est une chance de grandir encore plus et d’apprendre. Vieillir ne m’angoisse pas, c’est même une bonne chose. Si vous avez un problème avec ça, c’est que vous un souci avec vous même » balance le fils d’immigrés nigérians, marié et père de famille.

« Mek ne prétend pas être quelqu’un d’autre », confirme son ami Ariza. « C’est admirable de sa part, surtout dans notre milieu. Il y a beaucoup de suiveurs et de gars qui veulent faire comme les autres en NBA. Chacun veut se prendre pour un autre. Lui sait qui il est et il en est fier. »

Kevin Seraphin a peut-être trouvé son mentor.