28 ans avant George Floyd, en mars 1991, c’est Rodney King qui avait été victime d’un contrôle de police qui avait dégénéré, l’homme ayant été tasé puis passé à tabac par quatre policiers de Los Angeles, lui occasionnant vingt points de suture, la mâchoire et la cheville droite fracturées. Un an plus tard, en avril 1992, lorsque les quatre policiers ont été acquittés, des émeutes similaires avaient éclaté dans tout le pays.
Au cœur de cette tempête politico-médiatique durant l’été 1991, Craig Hodges avait trouvé une idée pour frapper très fort : un boycott du premier match de la finale NBA, qui plus est l’une des plus mythiques de l’histoire, entre les Bulls de Michael Jordan et les Lakers de Magic Johnson !
Un coup de gueule qui visait aussi la NBA
L’ancien shooteur de Chicago a expliqué cette semaine que son intention n’était pas seulement de protester contre les violences policières mais aussi par rapport au mode de fonctionnement de la NBA alors que les joueurs noirs, majoritaires sur les terrains, se retrouvaient ensuite minoritaires, voire absents, des postes à responsabilités.
« Pour ce qui est de la finale 1991, à tous les niveaux, que ce soit à Chicago ou à Los Angeles, deux des plus gros marchés au niveau médiatique, que se serait-il passé si on avait dit : « On veut un arrêt de travail et changer les conditions pour les policiers et les civils ? », a-t-il déclaré dans le podcast « The No-Sports Report ». « Mais à cette période, je voulais aussi un boycott dans le but d’inciter à avoir des propriétaires de franchise noirs dans la ligue, que le taux de propriétaires noirs soit le reflet de ce qu’il y avait sur le parquet ».
Craig Hodges avait enfoncé le clou dans son livre intitulé « Longshot: The Triumphs and Struggles of an NBA Freedom Fighter » en confirmant qu’il se voulait solidaire « de la communauté noire tout en dénonçant le racisme et l’inégalité économique en NBA, où il n’y a pas de propriétaires noirs et presque pas d’entraîneurs noirs malgré le fait que 75 % des joueurs de la ligue soient afro-américains ».
Michael Jordan et Magic Johnson opposés à l’idée
À cette proposition, Michael Jordan lui a ainsi répondu qu’il était tout simplement « fou », tandis que Magic Johnson avait trouvé le procédé « trop extrême ». « Ce qui arrive à notre peuple dans ce pays est extrême », lui avait répondu Craig Hodges.
Comme pour Mahmoud Abdul-Rauf, ses prises de position politiques lui ont finalement valu une fin de carrière précipitée en NBA l’année suivante, à l’âge de 32 ans. En 1996, il a même attaqué la NBA et 29 franchises de la ligue en justice, estimant qu’il avait été blacklisté après n’avoir reçu aucun coup de fil pour un essai, au grand étonnement de Phil Jackson d’ailleurs, à cause, selon lui, de son engagement politique jugé trop radical.
En 2017, Chris Hodges avait regretté que les joueurs soient « bloqués par des intérêts individuels plutôt que de constituer un mouvement uni ». L’engagement politique est ainsi toujours un équilibre compliqué pour les sportifs.