Interview Nikola Jokic : « Si je retourne sur le banc, c’est pour aider l’équipe »

Actuellement sur une série de quatres revers de rang, les Nuggets semblent malheureusement se diriger tout droit vers une nouvelle saison sans grand intérêt. Comme l’a reconnu leur coach après la défaite à Portland : « On est une équipe qui joue trois quarts temps. C’est normal qu’on soit à trois victoires et sept défaites. »

Replacé sur le banc pour évoluer à nouveau sur le poste de pivot, Nikola Jokic (8 points, 6 rebonds) n’a pas maugréé. Le jeune pivot serbe avait lui-même proposé de devenir remplaçant pour essayer de bouger les choses pour Denver. Bien conscient qu’il va falloir se faire violence pour inverser la tendance, Nikola Jokic a répondu à nos questions sans faux-fuyants. 

Nikola, vous traversez un début de saison un peu compliqué, comment changer la donne ? 

« Je pense qu’on doit s’améliorer. On a fait de bons matchs mais on doit être plus constant défensivement. On a du mal à tenir le rythme sur la durée. On doit courir davantage, surtout dans les deux premiers quarts temps. »

Vous avez été replacé pivot, mais en tant que remplaçant du coup. J’ai entendu dire que ce changement a été à votre initiative ?

« Non, ce n’est pas vraiment que je voulais aller sur le banc, c’est simplement que je suis allé voir le coach pour qu’on discute de cette possibilité. Pour voir si ça pouvait aider l’équipe. Si ça pouvait booster le cinq majeur pour les débuts de match. De toute manière, je suis prêt à jouer le rôle qu’on me donnera. Je suis à l’aise pour jouer avec les remplaçants, en deuxième ou en quatrième quart, peu importe, je ferai toujours mon possible pour aider l’équipe. »

Avez-vous une préférence entre ailier fort et pivot ? 

« La saison passée, j’ai beaucoup joué en poste 5 et ça s’était bien passé. Cet été, on m’avait dit de me préparer à jouer 4. Pour moi, ça importe peu au final, tant que l’équipe gagne, je me fiche de mon poste. »

Vous avez été élu dans le meilleur cinq des rookies la saison dernière, c’était un peu la surprise du chef, non ?

« Oui. Je ne m’y attendais pas du tout, tout simplement parce que je m’attendais à ne pas jouer la saison passée. J’étais très surpris d’être à Toronto aussi [pour le All Star Weekend]. »

« On était satisfait de la deuxième place »

Quel aspect de votre jeu avez-vous bossé cet été en particulier ?

« En fait, je n’ai pas vraiment eu beaucoup de temps avec l’équipe nationale cet été. Mais comme je savais que je jouerai 4, j’ai bossé la défense. Pour les changements de défense, défendre sur des arrières plus rapides. Et puis aussi renforcer mon tir à mi-distance et à trois points. Des petits ajustements. »

Vous évoquez les Jeux Olympiques, vous avez obtenu une belle médaille d’argent cet été. Vous avez dû vous incliner face au Team USA, vous pouvez nous raconter cette épopée ?

« On voulait gagner. En tant que compétiteur, on veut toujours battre les meilleurs. En phase de poules, on avait livré un beau match face à eux. Malheureusement, en finale, je pense qu’on n’a pas donné le meilleur de nous-mêmes. C’est mon opinion. C’était déjà historique pour notre pays, d’avoir une médaille d’argent aux Jeux Olympiques. On n’a pas tout donné. Je pense qu’on était déjà satisfait de la deuxième place. »

Quel est votre meilleur souvenir des JO ?

« Quand ils m’ont passé la médaille d’argent autour du cou. »

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris aux JO ?

« L’Australie a surpris tout le monde je crois. On savait qu’ils avaient six joueurs NBA. Mais on ne pensait pas qu’ils seraient aussi forts. Ils ont surpris tout le monde. »

Vous pensez que la Serbie pourra un jour battre les USA, comme l’ancienne Yougoslavie l’a fait par le passé ?

« Je ne sais pas. Franchement, c’est compliqué car ils ont gagné 72 ou 73 matchs d’affilée. C’est une équipe toujours très talentueuse. Mais ce sont des humains. Je ne sais pas si ce sera nous ou une autre équipe mais quelqu’un les battra un jour. Ça finira bien par arriver. »

Vous avez raconté dans un article sur The Players’ Tribune que vous faisiez des courses de chevaux avant de vous lancer dans le basket, d’où vous vient cette passion ?

« Ça fait longtemps maintenant. Oui, c’était quelque chose que j’aimais bien faire avant. J’aime beaucoup les chevaux, passer du temps avec eux. J’aimais la sensation de vitesse et l’adrénaline quand je faisais ces courses. Maintenant, je n’ai plus vraiment le temps de faire tout ça. »

On vous imagine mal aujourd’hui, avec vos 2m08, dans un sulky ? À quel âge avez-vous arrêté ?

« 18 ans… Enfin, non, jusqu’à 17 ans [donc à plus de 2m pour sûr !]. »

« Un peu plus d’attentes autour de moi »

Vous avez percé dans le basket européen dans le club de Mega Leks, comment s’est passée votre adaptation à la NBA en venant de la ligue serbe ?

« C’était vraiment une énorme transition pour moi. Tout était différent. Différentes règles, différents terrains en taille. Mais malgré les différences, ça reste du basket. Je pense m’être plutôt bien habitué la saison passée. Et je vais continuer à faire la même chose cette année. »

Votre coéquipier Mike Miller a récemment déclaré qu’il voyait en vous le plus grand potentiel de la jeune équipe des Nuggets, quelle est votre réaction ?

« Je vais le remercier pour ces mots sympas. Mike Miller est quelqu’un qui m’aide énormément depuis que je suis arrivé en NBA. Pendant les temps-morts. À l’échauffement. Pendant les déplacements en avion, il me parle beaucoup et me donne des conseils. C’est l’un des vétérans de cette ligue. Un des meilleurs shooteurs que j’ai côtoyés. Un futur Hall of Famer. Je suis heureux d’entendre ça mais ça ne suffira pas. Il faut que je continue à travailler dur pour confirmer ce potentiel. »

Vous n’avez que 21 ans mais on vous sent toujours très calme, d’où vous vient cette attitude ? 

« Je ne sais pas vraiment. Je suis le seul comme ça dans ma famille. Mes frères sont toujours super-actifs et ils veulent tout faire maintenant, tout de suite. Moi, je ne sais pas pourquoi mais je suis tout l’inverse. Je suis très calme et je veux prendre mon temps pour faire les choses. Je suis comme ça. »

Et vous souriez tout le temps…

« Oui, c’est vrai. Même si ces derniers temps, je ne souris plus forcément autant qu’avant. Je ne sais pas pourquoi. Je ne me sentais pas aussi bien, un peu nerveux avec peut-être un peu plus d’attentes autour de moi. Normalement, je souris, oui. J’aime ce jeu donc je prends toujours du plaisir quand je joue. »

Quel est votre objectif cette saison ?

« Je veux jouer les playoffs. »

Propos recueillis à Portland