Une humiliation. Lors de leur dernier affrontement en date, les Celtics n’avaient fait qu’une bouchée des Bulls qui pouvaient rentrer de Boston la tête basse. C’était il y a un peu plus d’un mois. À l’époque, les Taureaux glissaient dangereusement au classement avec un bilan de plus en plus négatif. On voyait mal cette équipe, si décevante depuis le début de la saison, se qualifier pour les playoffs. Chicago a pourtant remporté 10 de ses 16 derniers matches pour atteindre cette 8e place lors de la dernière journée, s’offrant même le « luxe » de perdre face aux Knicks et aux Nets…
Mais cette bonne dynamique sera-t-elle suffisante pour masquer les plaies ouvertes durant l’année ? Surtout qu’en face, un sacré client se présente. Isaiah Thomas et les Celtics ont franchi un cap cette saison, celui que les Raptors visaient. Profitant même de la fin de saison ratée des Cavs, Boston s’est offert l’avantage du terrain jusqu’à la finale de conférence. Les Verts sont aujourd’hui l’outsider n°1 à l’Est.
MENEURS |
Isaiah Thomas a réalisé une saison tout simplement exceptionnelle de régularité, de « clutchitude ». Au point que son nom a été régulièrement mentionné parmi les candidats au titre de MVP. L’arrivée d’Al Horford y est aussi pour quelque chose, mais si Boston est passé au niveau supérieur cette saison (+ 5 victoires), c’est bien grâce à l’explosion de son lutin All-Star. Ce meneur scoreur – deuxième meilleur marqueur de la ligue (29 points) – est du genre à laisser venir le match à lui pour se transformer en véritable assassin dans le money time. Jimmy Butler a déjà prévenu qu’il comptait s’occuper de son cas.
Le poste de meneur de jeu a aussi été un centre d’attraction de la saison des Bulls, mais pas pour les mêmes raisons. Rajon Rondo, Jerian Grant, Michael Carter-Williams… Fred Hoiberg a passé son temps à tricoter, tentant d’instaurer une hiérarchie sur le poste. Une situation ubuesque dont Rajon Rondo, le plus expérimenté et capé de tous, est finalement sorti vainqueur. L’ancien Celtic a récupéré le poste de titulaire qu’il avait perdu en cours de saison. Cible des critiques, il a fini par jouer son meilleur basket au meilleur moment. On l’imagine mal ne pas vouloir briller dans son ancienne antre. Là où il a connu ses glorieuses années avant de démarrer une longue traversée du désert. D’antan réputé comme un joueur capable de se sublimer en post-season, Rajon Rondo a aussi touché le fond en playoffs à Dallas. C’est donc la grande inconnue avec ce joueur caractériel.
Avantage : Boston
EXTERIEURS |
Jusqu’où s’arrêtera la progression d’Avery Bradley ? Coupé par une blessure en cours d’année, l’arrière a malgré tout bouclé son meilleur exercice en carrière. Considéré comme un défenseur d’élite à son poste, il a ajouté une nouvelle corde à son arsenal : le rebond. Avant le All-Star Game, malgré sa taille modeste, il tournait à près de 7 prises par match en plus de ses 18 points ! De quoi en faire le second rebondeur de l’équipe. Mais le plus redoutable chez lui est sans doute son 39% d’adresse de loin. Surtout que lui aussi est capable de faire mal en fin de match, en relais de Thomas. Ces deux-là, plus petits que la paire Lillard- McCollum ou Lowry-DeRozan, forment peut-être le tandem le plus hargneux de la ligue.
En parlant de dureté, Boston tient aussi un sacré client avec Jae Crowder. Le frère jumeau de DeMarre Carroll aura pour mission de s’occuper de Butler. Et aussi envoyer quelques brindilles de loin. Lui aussi n’a jamais été aussi adroit derrière l’arc (40%)…
Le poste d’arrière est une autre inconnue pour les Bulls. Car Dwyane Wade incarne lui aussi l’échec de la cohabitation avec Rajon Rondo et Jimmy Butler. Toujours capable de scorer avec consistance, l’ancien du Heat n’a jamais été aussi maladroit en carrière. Le plus terrible pour lui est que le coup de mieux des Bulls en fin de saison a coïncidé… avec son absence des parquets.
On voit mal Hoiberg faire sortir du banc le triple champion NBA pour autant. La valeur sûre, c’est Jimmy Butler. Malgré une saison faite de rumeurs de transferts, d’une ambiance pourrie dans le vestiaire, le leader des Bulls a sorti une nouvelle solide saison, en terminant très fort. Gros bémol : Boston est l’une des équipes face à laquelle il a le plus souffert cette saison. Et s’il s’occupe du cas Thomas, Butler risque de perdre du jus.
Égalité
INTERIEURS |
L’arrivée d’Al Horford a été parfaitement digérée dans le système des Celtics. En se mettant en retrait au niveau du scoring au profit de Thomas, l’ancien Hawk s’épanouit dans la distribution du jeu. La tour de contrôle est même devenue le meilleur intérieur passeur de la ligue, en nombre, juste devant Nikola Jokic ! Il fait tandem avec le moins talentueux et plus besogneux Amir Johnson dont la taille est précieuse dessous. Tous les deux sont capables d’envoyer de loin, Johnson dans une moindre mesure.
Tout le contraire de Robin Lopez, en face. Titulaire indiscutable à son poste, faute de concurrence, il achève une bonne saison même si sa moyenne aux rebonds chute. Il a longtemps fait équipe avec Taj Gibson dans la raquette, avant que ce dernier soit envoyé à OKC. Puis Bobby Portis a fait son arrivé dans le cinq. Encore trop tendre, le sophomore a finalement cédé sa place à… Nikola Mirotic. Comme Rondo, il a été très décrié durant la saison. Comme Rondo, il a été celui dont le nom a le plus alimenté les rumeurs de transfert. Mais comme Rondo, il a retrouvé sa place après avoir disparu de la circulation. Calamiteux en début de saison, l’ailier fort a retrouvé son adresse au bon moment (14 points à 47% après le ASG). Il peut être le facteur X de cette série.
Avantage : Boston
LES BANCS |
Toujours affreux au niveau de l’adresse, Marcus Smart est le 6e homme attitré des Celtics. Teigne en défense lui aussi, il reste actif dans beaucoup d’autres secteurs du jeu. Dedans ou en périphérie, Kelly Olynyk est une autre garantie du côté des remplaçants verts. Et si l’énergie venait à manquer, Boston pourra s’appuyer les jeunes Jaylen Brown et Terry Rozier, voire Gerald Green.
Côté Bulls, Bobby Portis, Joffrey Lauvergne et Cristiano Felicio seront là pour faire souffler les titulaires de la raquette. Même chose pour Jerian Grant, Denzel Valentine ou Paul Zipser sur les postes arrières. Rien de vraiment exceptionnel à vrai dire. D’autant que parmi tous les remplaçants, seuls Anthony Morrow et Carter-Williams ont déjà connu une (courte) expérience en playoffs. Contrairement à ceux des Celtics.
Avantage : Boston
LES COACHES |
Là encore une classe d’écart semble séparer les deux équipes. Avec Brad Stevens, les Celtics n’ont cessé de progresser. Arrivé il y a quatre ans, il a permis à Boston de doubler le nombre de victoires (de 25 à 53) et de construire l’une des équipes les plus plaisantes à voir jouer de l’Est. On ne peut pas vraiment en dire autant pour Fred Hoiberg.
À sa décharge, il s’est retrouvé avec un drôle de casse-tête en début de saison : comment faire cohabiter Rondo, Wade et Butler ? Le jeune coach a multiplié les tentatives de cinq, notamment à la mène. Des choix parfois troublants. Fred Hoiberg a surtout fait le « pari » de sortir Rondo et Mirotic de la rotation… pour mieux les réintégrer en toute fin de saison. Tout ce bricolage a permis aux Bulls d’accéder aux playoffs. Et cela malgré le virage vers la jeunesse amorcé avec le transfert de Taj Gibson. Fred Hoiberg tient-il suffisamment son vestiaire ? On en doute vu les déclarations des grandes gueules au cours de l’année… À noter enfin que l’un des deux coaches remportera sa première série de playoffs en carrière.
Avantage : Boston
LA CLÉ DE LA SERIE |
L’adresse extérieure. Longtemps parmi les pires équipes de la ligue au niveau de l’adresse à trois points cette saison, Chicago a redressé… le tir grâce au retour en forme de Nikola Mirotic. Si cette adresse est au rendez-vous pour les Bulls, tout change. Car elle crée le spacing pour les pénétrations de Rondo, Wade et Butler. La contestation des tirs adverses sera également clé. Derrière Houston et Cleveland, Boston est à la troisième équipe qui rentre et tente le plus derrière l’arc (12/33 en moyenne).
LA SAISON REGULIERE |
Égalité 2-2
27 octobre 2016 : Chicago – Boston 105-99
2 novembre 2016 : Boston – Chicago 107-100
16 février 2017 : Chicago – Boston 104-103
12 mars 2017 : Boston – Chicago 100-80
STATISTIQUES |
LE SAVIEZ-VOUS |
– Chicago est l’équipe face à laquelle Boston a concédé le plus de rebonds offensifs cette saison (15 !). Les Bulls sont la 2e meilleure formation dans ce secteur, et aux rebonds en général.
– Jimmy Butler a été le premier Bull à remporter trois titres de joueur de la semaine dans la même saison depuis un certain Michael Jordan (1997-98).
VERDICT |
On voit mal l’upset se produire. Malgré sa belle fin de saison, Chicago a traversé trop de crises tout au long de la saison. Et hormis ses cadres, l’effectif souffre d’un cruel manque d’expérience. D’autant que Boston et son leader Isaiah Thomas ont un nouveau statut à assumer : celui d’outsider n°1 face aux Cavs. Huit ans après la série d’anthologie, on peut s’attendre malgré tout à un duel intense car Chicago a bien terminé leader dans un secteur cette saison : l’inconstance. Autrement dit capable du pire, comme du meilleur.
Boston 4-2
CALENDRIER |
Game 1 : à Boston, dimanche 16 avril (à 0 h 30)
Game 2 : à Boston, mardi 18 avril (à 2 h)
Game 3 : à Chicago, vendredi 21 avril (à 1 h)
Game 4 : à Chicago, dimanche 23 avril (à 0 h 30)
Game 5 * : à Boston, mercredi 26 avril
Game 6 * : à Chicago, vendredi 28 avril
Game 7 * : à Boston, dimanche 30 avril
* : si nécessaire