Pendant toute la rencontre face aux Warriors cette nuit, Rudy Gobert a eu l’air d’un géant face à des lilliputiens. En l’absence de Draymond Green, son meilleur ennemi, mais aussi d’Al Horford, le pivot français de Minnesota a imposé son physique face au jeune Quinten Post et à un effectif de Golden State qui manquait de taille.
Après un début de saison poussif, Rudy Gobert confirme sa montée en puissance. Grâce à lui, les Wolves continuent leur ascension au classement de la conférence Ouest. Sans Anthony Edwards, laissé au repos, son impact a été déterminant. Nous l’avons rencontré après le match pour prendre le pouls de cette équipe de Minnesota, évoquer l’évolution de Jaden McDaniels et entendre sa réaction sur le tour de magie d’avant-match de Stephen Curry.
Rudy, vous menez de 12 points en fin de match et Stephen Curry prend feu. Comment avez-vous réussi à reprendre le contrôle du match pour l’emporter ?
On est restés concentrés malgré cette adversité. On savait qu’ils avaient sûrement un dernier run en eux, surtout avec Steph (Curry). Vous devez toujours vous attendre à ce qu’il marque des tirs de folie et que ça fasse monter l’ambiance dans la salle. Et c’est ce qui s’est passé, mais on a réussi à rester calmes et à repartir de l’avant. On a verrouillé le rebond pour ne plus leur donner de secondes chances, et puis on a fait moins d’erreurs en défense. On les a fait travailler sur tout. Et de l’autre côté, on est restés agressifs, on n’a pas laissé leur retour changer notre mentalité.
Vous aviez un avantage de taille flagrant ce soir. Est-ce que votre plan de jeu avant le match était de les attaquer à l’intérieur pour les user ?
Pas vraiment. Le plan de jeu, c’était surtout de rester fidèles à notre identité, en particulier sans Ant’. Je trouve que les gars ont fait du bon boulot dans leur façon d’attaquer le panier et de trouver les ouvertures. Que ce soit pour moi — j’étais souvent ouvert sous le cercle — mais aussi pour se procurer beaucoup de 3-points grâce à ces fixations. En ce qui me concerne, j’ai essayé de leur faire mal à l’intérieur et de leur mettre la pression au rebond.
Une victoire avec l’état d’esprit
Vous avez joué avec beaucoup de force ce soir, des deux côtés du terrain, mais particulièrement en attaque. Vous avez vraiment posé votre empreinte sur la rencontre. Comment vous sentez-vous dans le collectif offensif ?
Je pense que notre cohésion offensive s’améliore de match en match. Jaden et Julius arrivent à mieux me trouver et j’essaie de faire de mon mieux pour conclure les offrandes qu’ils me donnent. Ça met beaucoup de pression sur la défense adverse parce que c’est plus difficile de s’ajuster. Et quand l’aide vient, ça ouvre le tir à 3-points et crée beaucoup d’espace.
Rob Dillingham et Terrence Shannon Jr. ont eu du temps de jeu et un très bon passage en début de quatrième quart-temps, après des séquences plus compliquées en fin de troisième. C’est important de pouvoir compter sur eux alors que vous avez plusieurs joueurs absents ?
Ils sont tous les deux jeunes, ils apprennent énormément. C’est super pour eux d’avoir un peu de temps de jeu. Je leur dis toujours que le plus important, quand ils sont sur le terrain, c’est d’apporter quelque chose à l’équipe, peu importe ce que c’est, parce que ce ne sera pas toujours des points.
Pour Rob, c’est pousser le tempo, mettre le jeu en place, trouver tout le monde, faire les bonnes passes. Pour TJ, c’est surtout en défense : comprendre comment il peut impacter le match défensivement sans faire trop de fautes, être un joueur qui peut apporter autre chose que du scoring. Et en attaque, on a besoin qu’il nous apporte de la vitesse, de l’explosivité. Ça nous fait du bien, et on l’a vu ce soir dans le dernier quart-temps.
Vous avez connu plusieurs fins de match similaires déjà cette saison. Ça ne vous a pas toujours réussi. Qu’est-ce qui était différent ce soir ?
Même si on aurait aimé gagner ces autres matchs, ça nous a donné de l’expérience collective. Je suis vraiment fier de la façon dont on a géré la fin de match ce soir. On aurait pu perdre notre concentration, jouer perso pour stopper l’hémorragie ou faire des fautes de frustration. Ça a été le contraire : on s’en est sortis en restant soudés, et ça nous a permis de faire la différence dans les deux dernières minutes.
Donte (DiVincenzo) était maladroit en début de match, mais c’est son adresse en fin de match qui vous a offert la victoire.
On a confiance en lui. Pendant tout le match, je lui ai répété qu’il ne fallait pas qu’il hésite à prendre ses tirs. Il connaît ses qualités. Je pense que ce sont ses deux rebonds offensifs sur la même possession, avant de marquer à 3-points, qui lui ont permis de trouver le déclic. C’est un peu à l’image de notre équipe : si on manque de réussite, il faut trouver d’autres moyens d’avoir un impact. Si vous faites les efforts, vous finissez par être récompensés individuellement, mais c’est aussi contagieux et ça donne de l’énergie à toute l’équipe.
Quel bilan tirez-vous de ces 25 premiers matchs ?
Si on regarde le bilan victoires-défaites (16-9), on pourrait penser que ce n’est pas trop mal, mais je pense qu’on est encore loin de l’équipe qu’on veut être si on veut être champions, si on veut atteindre notre objectif. Il faut continuer à grandir, continuer à progresser. Il y a trois ou quatre matchs qu’on n’a pas pris et qu’on aurait vraiment dû prendre. C’est une évolution. Il faut continuer à apprendre et à garder la bonne mentalité. Ce soir, dans l’état d’esprit, c’est une très belle victoire pour nous parce qu’elle n’était pas évidente à aller chercher.
Les énormes progrès de Jaden McDaniels
C’est un vrai plaisir de voir l’évolution de Jaden McDaniels cette saison. Il est arrivé en NBA avec des qualités physiques indéniables. Il avait tous les attributs pour devenir un bon défenseur. Après deux ou trois saisons, il a désormais un tir à 3-points fiable, et cette saison il démontre une capacité à être porteur de balle, à jouer le pick-and-roll, et surtout à faire preuve de patience pour prendre les bonnes décisions…
Franchement, ces derniers mois, la manière dont il passe la balle… enfin, principalement à moi, parce que je vois comment il attaque et comment il lit les situations, c’est incroyable les progrès qu’il a faits ! Il commence vraiment à tout voir : sur les lectures de pick-and-roll, ou quand il attaque le cercle, il est capable de voir le lob, ou ce soir les petites passes qu’il me fait (ndlr il mime des passes à terre dans le dos de la défense). Ça nous donne une nouvelle dimension. Il a un niveau de confiance comme il n’en a jamais eu. Et tout ça, c’est son travail. Je le vois, je vois comment il travaille. Il travaille très dur. Et il bosse aussi sur l’aspect mental, ce qui est très important.
On se souvient forcément de son coup de poing dans le mur…
Oui, oui (il rigole). Bon, il y a encore du travail ! Ce n’est pas fini (il rigole) ! Mais c’est de mieux en mieux.
Avec Mike Conley sur le banc et un temps de jeu en baisse, vous n’avez pas de vrai meneur dans votre effectif. Ça donne l’opportunité à d’autres joueurs d’avoir la balle dans les mains, mais est-ce qu’il vous manque un organisateur ?
Ça demande un petit peu plus à chacun, surtout en fin de match. Comme je te le disais, on a perdu quelques matchs qu’on aurait pu gagner, principalement à cause de la gestion des fins de match…
[Naz Reid nous interrompt en répétant à haute voix : « Bonsoir ! Bonsoir ! »]
Il est venu à Paris cet été, c’est pour ça. Pour revenir à ta question, c’est presque un mal pour un bien, parce que ça nous demande plus de concentration et plus de communication.
Avant le match, nos regards se sont croisés après le tir incroyable de Stephen Curry depuis le tunnel. Je pouvais voir que vous secouiez la tête, votre staff était bouche bée comme le reste des fans. Ça fait des années que vous jouez contre lui : est-ce que ça vous surprend encore ?
C’est dingue… Rien n’est impossible. Voilà. Il y croit quand il tire, peu importe le tir. Il a une foi inébranlable, et ça rentre. Ça montre la force de l’esprit humain.
Propos recueillis à San Francisco.
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