Si chaque année, des joueurs et des entraîneurs entrent au Hall of Fame, il est beaucoup plus rare de voir des équipes et des arbitres y être honorés. Cette année, les deux seront à l'honneur. Déjà parce que la « Redeem Team », médaillée d'or aux Jeux olympiques de 2008, va être intronisée. Ensuite parce qu'elle sera accompagnée de Danny Crawford, qui va devenir le 18e arbitre seulement de l'histoire à entrer dans le Hall of Fame.
Cet arbitre a accompagné plusieurs générations de joueurs et son visage a été connu de plusieurs générations de fans, en sifflant de 1985 à 2017. Plus de 2 000 fois en saison régulière, 300 fois en playoffs, il a arbitré des rencontres. De plus, on l'a vu durant les Finals de manière ininterrompue entre 1995 et 2017.
L'homme qui disait « non » aux stars
On l'a donc vu siffler des fautes à Karl Malone et Michael Jordan, mais aussi Shaquille O'Neal, Kobe Bryant, Tim Duncan ou encore Stephen Curry et LeBron James. « Ma vie a été incroyable. J'ai eu le meilleur métier du monde. Si j'avais été riche, j'aurais fait ce travail gratuitement », commente l'ancien officiel pour le site de la NBA.
Danny Crawford, ce fut surtout une attitude. Toujours calme, posé, respecté par les acteurs. Le genre d'arbitre qu'on ne voit pas, ce qui est toujours une qualité pour un homme en gris.
« J'écoutais les joueurs, je les laissais s'exprimer. Ensuite, quand ils avaient eu leur mot à dire, on avançait. On ne peut pas être autoritaire sur le parquet. Les joueurs professionnels sont habitués à entendre oui constamment. Soudainement, on leur dit non. C'est là que les problèmes commencent », décrit-il sur sa méthode. « On veut que la meilleure équipe gagne et c'est là qu'on sait qu'on a fait notre boulot. Et si l'équipe qui a perdu ne nous court pas après dans les vestiaires. »
« Ce qui était génial avec lui, c'est qu'il arbitrait les matches mais aussi les hommes »
C'est clair qu'il était bien différent de son homonyme, Joey Crawford, connu pour ses colères et ses décisions parfois étranges. Le sommet ayant été l'incroyable expulsion de Tim Duncan, en avril 2007.
« Il n'était dérangé par rien. J'étais de ceux qui pouvaient exploser alors que lui était toujours sous contrôle, en faisant son travail correctement », confirme Joey Crawford. « Il avait un effet apaisant sur le terrain. Beaucoup d'arbitres n'apprennent pas cela. Il était un excellent chef d'équipe. »
C'est ainsi qu'il a gagné le respect des joueurs mais aussi des coaches. La preuve avec cette anecdote de Doc Rivers, qui date de ses années à Boston.
« On jouait un match sans enjeu en fin d'après-midi et Tiger Woods brillait lors d'un Masters. Donc Danny Ainge m'a dit à la mi-temps que Tiger était en train de remonter et allait peut-être gagner. Il m'a proposé de regarder ça mais c'était la mi-temps. Il m'a alors dit de me faire expulser », se souvient le coach des Bucks. « Donc, en troisième quart-temps, je crie, j'essaie de me faire sortir. Danny Crawford m'a dit qu'il voulait aussi voir le Masters et que je n'allais pas bouger. Il ne m'a pas sorti. Ce qui était génial avec lui, c'est qu'il arbitrait les matches mais aussi les hommes. S'il arbitrait un gros match, on savait que, à domicile ou à l'extérieur, le moment ne serait pas trop grand pour lui. »