C'est peut-être la plus belle affiche de ce premier tour de l'Euro. La Serbie et la Turquie vont s'affronter ce soir pour la dernière journée de la phase de groupes avec un enjeu simple : la tête du groupe A et un 5/5 pour débuter la compétition. C'est aussi le duel entre Nikola Jokic et un de ses premiers “disciples”, Alperen Sengun, dans le registre des pivots doués techniquement et forts passeurs.
Et Sertac Sanli en est même convaincu, “Alpi” Sengun peut regarder le triple MVP de la ligue droit dans les yeux.
“J'ai confiance dans le fait que Sengun puisse atteindre le niveau de Jokic, et je crois qu'il peut même le surpasser” avance à Meridian Sport l'ancien du Fenerbahçe, rotation du joueur des Rockets en sélection. “Il a encore beaucoup de chemin devant lui, de la marge de progression et du travail. Il peut vraiment casser des limites. Sengun veut montrer à quel point il est un grand joueur. J'ai hâte, comme tout le monde, de voir ce duel. Alperen a toujours de la motivation, mais il en aura un surplus contre la Serbie à cause de toute l'histoire autour de Jokic et lui.”
Pas “un match à la vie, à la mort”
Les deux joueurs réalisent un très bon début d'Euro – 19 points à 68.1%, 8.8 rebonds, 6.5 passes et 30 d’évaluation pour Alperen Sengun, 19.8 points à 66.7%, 9.3 rebonds, 4.5 passes et 28.5 d'évaluation pour Nikola Jokic -, à l'image de leurs sélections. Une victoire ce mercredi serait l'opportunité “d'envoyer un message” estime Sertac Sanli. Son sélectionneur, lui, voit les choses autrement. “Je veux insister là-dessus : le match contre la Serbie est pour la tête du groupe, mais ce n'est notre match pour le titre” a développé Ergin Ataman au média Eurohoops.
“Bien sûr, nous voulons jouer pour gagner et finir premiers, mais notre véritable objectif, c'est samedi en huitièmes de finale. C'est quelque chose que l'on ne doit pas oublier. Si on bat la Serbie mais qu'on sort en élimination directe, le tournoi sera fini pour nous. Si nous perdons contre la Serbie mais que nous gagnons en huitièmes, nous chances de médaille resteront les mêmes. C'est pour cela que je ne vois pas cette rencontre face à la Serbie comme un match à la vie, à la mort.”
Ergin Ataman tente bien de minimiser l'impact de cet affrontement. Mais il ne le cache pas non plus, ce match est tel un vrai départ dans l'Euro pour ses joueurs.
“A partir de maintenant, les équipes que l'on va affronter seront de notre niveau, la Serbie, l'Allemagne, la Grèce et la France. Nous avons Alperen, ils ont Giannis. Nous avons Cedi (Osman), ils ont Sloukas ou Papanikolaou. C'est ça la réalité, le vrai test est maintenant.” Un test qu'il envisage comme à armes égales : “la Serbie est du même niveau que nous, peut-être plus expérimentée même à certains postes” explique-t-il.
“La meilleure équipe de Turquie de l'histoire” ?
Alors, pas de raisons de changer une équipe qui tourne jusqu'ici comme un coucou avec la troisième attaque du tournoi (91 points de moyenne). “Nous allons jouer notre style de basket, comme nous l'avons fait toute la compétition : sans prendre de précautions particulières, ni prises à deux sur Nikola Jokic” promet le technicien turc. “Personnellement, je ne suis pas seulement concentré sur la Serbie, mais sur la médaille.”
L'entraîneur du Panathinaïkos ne refusera pas de mettre fin à la série de cinq défaites turques contre la Serbie en compétitions internationales, avec un dernier succès remontant à 15 ans et la demi-finale de la Coupe du monde 2010.
Peut-être la plus belle équipe de Turquie jamais vue, même si le sélectionneur serbe Svetislav Pesic pense que cela pourrait être bientôt de l'histoire ancienne. “Les Turcs jouent bien et avec régularité” a-t-il évoqué en conférence de presse lundi soir. “Pour ceux qui les suivent depuis longtemps, ce n'est pas une surprise. C'est la meilleure équipe de Turquie de l'histoire, peut-être à l'exception de la génération des Hedo Türkoglu et quelques joueurs NBA à l'époque. Tous les joueurs sont en forme, ils ont un effectif complet, avec trois pivots de grande taille. Ils sont les candidats à la médaille les plus sérieux.”
La Serbie va s'adapter à Sengun, la Turquie ne changera rien pour Jokic
Svestislav Pesic souligne “l'équilibre” de la sélection turque et lui aussi, à sa manière, évacue la perspective du mano-a-mano Nikola Jokic – Alperen Sengun.
“Ils sont très bien organisés, avec de bonnes solutions en défense, une équipe très complète. Je ne mettrai personne en exergue, tous les joueurs sont très bien connectés entre eux et ont déjà remporté plusieurs matchs.”
Mais si son homologue Ergin Ataman ne compte pas procéder à des ajustements tactiques, la légende du coaching serbe a lui profité du match lundi contre la République tchèque pour tester des passages à deux pivots, avec les deux Nikola, Jokic et Milutinov, simultanément sur le parquet pour contrer la raquette “tall ball” Adem Bona – Alperen Sengun.
“Nous avions déjà joué ainsi durant les JO, ainsi qu'en préparation” a-t-il expliqué. “Ce n'est rien de nouveau. Nous jouons comme cela quand nous avons besoin de plus de contrôle au rebond et de présence à l'intérieur. Contre la Turquie, ce sera un match difficile.” Et un possible aperçu de la hiérarchie des favoris dans cet Euro, au-delà du combat de poids lourds Jokic – Sengun.