Décontracté, ambitieux et affable. Lové dans un fauteuil de son hôtel à La Roche-sur-Yon, juste avant d'affronter les Bleus en ce début août, Nikola Vucevic a balayé toute son actualité. Celle-ci a été particulièrement mouvementée cet été, avec de multiples rumeurs l'annonçant ailleurs qu'à Chicago. Pourtant, le pivot monténégrin se voit bel et bien commencer la saison dans l'Illinois. Il n'en a « presque aucun doute », dit-il notamment.
À bientôt 35 ans (il les aura le 24 octobre prochain), le natif de Morges (Suisse) aimerait aussi « essayer de jouer pour une équipe qui a les ambitions de gagner le titre NBA ». Des ambitions élevées pour une valeur sûre de la NBA, lui qui tournait encore la saison dernière à 18,5 points à 53% de réussite aux tirs, 10,1 rebonds et 3,5 passes en 31 minutes. Le tout en 73 matchs de saison régulière.
Mais avant d'envisager sa 15e saison dans la Grande Ligue, l'ancien intérieur des Sixers et du Magic veut se faire plaisir avec le Monténégro lors du prochain EuroBasket (27 août – 14 septembre), probablement sa dernière compétition internationale.
Vous avez annoncé mi-juillet que le prochain championnat d'Europe serait sûrement votre dernière compétition avec le Monténégro. Où en êtes-vous dans votre réflexion ?
Peut-être que je changerai d’avis, mais pour l’instant, je crois que ce sera bien mon dernier. Le prochain (championnat d'Europe) n'est que dans deux ans. J’aurai 36, 37 ans. J’aimerais aussi me concentrer davantage sur ma carrière en NBA. Avec l'âge, je dois penser à mon corps et à la récupération, avant de réattaquer la saison.
Pendant l’année, je suis souvent absent à cause des voyages, des entraînements et des matchs. L’été, c’est l’occasion de rattraper le temps perdu avec mes trois enfants et de profiter. À l'heure actuelle, c'est ma plus grosse priorité.
Qu'en retiendrez-vous ?
Avec bientôt quatre participations au championnat d'Europe et deux Coupe du monde, je suis satisfait de ma carrière en sélection. Pour le Monténégro, participer à chaque grande compétition internationale est déjà un succès en tant que tel, car nous sommes un petit pays avec peu de joueurs.
Ces dernières années, vous avez plutôt eu de bons résultats…
Oui, elles ont été les plus réussies, avec notamment une 11ᵉ place à la Coupe du monde 2023, c'était énorme pour nous. Avant, la cohésion d'équipe n'était pas toujours au rendez-vous. Alors que maintenant, avec la nouvelle génération, il y a une vraie alchimie, de l'envie. C'est ce qui explique notamment nos bons résultats. Je pense qu'un joueur comme Luka Bogavac peut devenir le leader de la sélection monténégrine. C'est le fils de Nebojša Bogavac (coach de Gries-Souffel, en Pro B), il a beaucoup de talent et jouera la saison prochaine à North Carolina.
« Une petite chance » de passer le 1er tour de l'Euro
Avant de probablement refermer votre chapitre en sélection nationale, il vous reste un dernier championnat d'Europe à jouer. Vous aviez fini 13es en 2022, quelle sera votre ambition cette année ?
On est dans une poule assez difficile (dans le groupe B, avec l'Allemagne, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Lituanie et la Suède), donc si on passe le premier tour, ce sera un énorme succès. On a des joueurs absents, des blessés donc ce sera assez difficile en l'état actuel, mais je pense qu'on a quand même une petite chance d'y parvenir.
Parlons de votre carrière NBA à présent. Vous avez été au cœur des rumeurs au début de l'été. Quelle est votre situation avec les Bulls ?
Il y a une semaine (l'interview a été réalisée le 4 août), le GM des Bulls (Marc Eversley), qui m'avait contacté après toutes les rumeurs sur moi, m’a confirmé que rien n’était vrai et que tout ce qu'on s'était dit après la saison était encore d'actualité. Je le savais mais ça fait toujours plaisir quand ton GM te contacte pour te le dire.
Donc vous vous attendez à débuter la saison à Chicago ?
Oui, j'en ai presque aucun doute. C’est dans cet état d’esprit que je me prépare. Après, on verra, je ne sais pas ce qu'il va se passer
Comment avez-vous géré les différentes rumeurs vous concernant ?
Les rumeurs, il y en a toujours. La plupart sont fausses. C'est un peu du n'importe quoi. Par exemple, celle du buy-out a été mal interprétée en Europe : le journaliste a écrit que s'il n'y avait pas de « trade » en cours de saison, il y aurait peut-être une option de « buy out » avant la « deadline ».
Je sais comment fonctionne le business : en dernière année de contrat, il y a toujours des spéculations. Comme je ne peux rien contrôler, j'essaye de ne pas me prendre la tête.
Pour revenir sur la saison passée, vous avez encore une fois été très proches des playoffs, avant de vous faire éliminer en « play-in » par le Heat. Quel bilan en faites-vous ?
C’est très frustrant car en tant que joueur, tu as toujours envie d’aller en playoffs, surtout que ça fait trois ans qu’on se fait éliminer en « play-in » par Miami. Mais ça reste une très belle saison, surtout qu’il y avait pas mal de questions autour de ma capacité d’adaptation au nouveau style de jeu de l'équipe.
En 2023-2024, j'étais un peu en deçà de ce que j'avais l'habitude de faire donc j'étais motivé à montrer que c'était simplement une petite saison de moins bien. J'ai réussi à retrouver mon niveau, j'ai bien joué, donc je suis content.
À quoi aspirez-vous pour votre fin de carrière ?
J'aimerais essayer de jouer pour une équipe qui a les ambitions de gagner le titre NBA. En Europe, c’est plus facile de rejoindre une grosse équipe, mais en NBA, c’est compliqué à cause des règles et des « trades ».
« Je me sens très bien physiquement et mentallement »
Pensez-vous que ça pourrait être avec Chicago ?
Peut-être pas cette saison, car on sera une équipe jeune. Mais on ne sait jamais, les ambitions des équipes changent vite d’années en années, selon les blessures et les transferts.
Combien d'années aimeriez-vous encore jouer, avant de raccrocher ?
Je ne me suis pas fixé de limite d'âge. Tant que je suis bien physiquement, motivé et que j’ai un rôle sur le terrain qui me convient, j'espère continuer de jouer. Je me sens très bien physiquement et mentalement. Je sors d’une très bonne saison. J’entre dans ma dernière année de contrat avec Chicago. Après, on verra selon les opportunités et les rôles proposés. Je sais que, tôt ou tard, mon rôle évoluera et je suis prêt à l’accepter. Je pense que j'ai encore quelques bonnes années devant moi.
Parlez-nous des deux jeunes très en vue des Bulls, du meneur australien Josh Giddey (22 ans) et de l'ailier lituanien Matas Buzelis (20 ans)…
Josh a fait une très belle saison. Il était très motivé après son départ d'OKC et il s'est bien adapté à notre style de jeu. Ça l'a même aidé à être encore meilleur. J'aime bien jouer avec lui car c'est un meneur qui fait des passes, qui est bon dans les « pick and roll » et qui voit certaines choses que beaucoup ne voient pas. En tant que pivot, ça m'a aidé à avoir beaucoup de paniers faciles.
Concernant Matas, c'est un très grand talent. Je pense qu'il fera une très grande carrière dans la Ligue. Il est jeune mais il a déjà montré qu’il avait sa place en NBA. Il a une forte confiance en lui mais c’est un trait de personnalité que j’aime bien. Car quand on est jeune, il faut croire en soi. Mais ce n’est pas de l’arrogance. Il est réaliste : il sait ce qu’il peut faire. C’est un joueur que j’aime beaucoup.
Pour finir, un petit mot sur la saison que vient de réaliser votre meilleur ami, Evan Fournier, à l’Olympiakos…
Je suis très content pour lui. Il a eu deux années compliquées à New York puis à Détroit. Ça se voyait qu’il n'était pas content, qu’il n’avait pas cette flamme pour le jeu qu’il a en temps normal. L’Olympiakos, avec ses fans, son énergie, ça lui a fait du bien.
Propos recueillis à La Roche-sur-Yon (Vendée).