-29, -20, -20, -20 et -20. Depuis le début des playoffs 2025, on a déjà eu droit à cinq “comebacks” de 20 points et plus, un record pour une postseason depuis 1997 (et la mise en place du “play-by-play”). Un record sans doute également dans l’histoire de la NBA car les retours de cet ordre étaient auparavant extrêmement rares…
C’est évidemment le développement du 3-points, et son importance toujours plus grande dans le jeu offensif des équipes, qui est à l’origine de ce phénomène, qui fait qu’aucune avance n’est désormais sûre.
L’éclair de Mario Kart
Mais Jeremias Engelmann, ancien spécialiste des stats avancées chez les Suns et les Mavericks, rappelle un autre phénomène en jeu : “l’effet élastique”. En gros, l’élastique représente l’écart entre deux équipes et plus il augmente, plus l’élastique se tend, et plus la force qui peut rapprocher les deux formations augmente.
L’illustration la plus claire vient de Mario Kart, où il est plus facile de rattraper les premiers en étant à la dernière place qu’en étant au milieu du peloton. Dans le jeu vidéo de Nintendo, c’est une volonté manifeste des développeurs, qui offrent des cadeaux beaucoup plus puissants aux participants à la traîne. En NBA, c’est un effet psychologique, tant sur ceux qui mènent que sur ceux qui sont menés…
Matthew Goldman avait ainsi présenté ses recherches sur le sujet à la Sloan Sports Conference, expliquant que cet effet s’expliquait, au moins en partie, par le fait que les équipes menées prenaient plus de risques, ce qui augmentait leur efficacité offensive, alors que les équipes en tête devaient trop frileuses. Mais l’énergie du désespoir, le fait de n’avoir plus rien à perdre et de pouvoir jouer libéré (avec plus de latitude de la part des arbitres ?) augmentaient de toute façon l’efficacité de tous les types de shoots pris par les équipes qui tentaient de revenir au score !
Comme si Giannis Antetokounmpo remplaçait Pat Connaughton
Ce qui est intéressant, c’est que l’effet est quantifiable. En gros, sur les données de la saison régulière (l’effet était jusqu’à présent moins fort en playoffs), l’efficacité offensive d’une équipe menée de 20 points ou plus augmente d’un peu plus de 6 points par 100 possessions. Soit le même effet statistique que lorsque Giannis Antetokounmpo (+6.6 au VORP) rentre à la place de Pat Connaughton (+0.0 au VORP) chez les Bucks…
À l’inverse, une équipe qui mène de vingt points voit son efficacité offensive baisser d’environ 4.5 points sur 100 possessions. Comme si les Wolves remplaçaient Anthony Edwards (+4.6) par Joe Ingles (-0.1).
Il n’y a pas de surprise à voir que les équipes avec beaucoup d’avance ont tendance à lever le pied de l’accélérateur, et que celles qui sont largement menées sont beaucoup plus motivées. Néanmoins, dans une NBA où les séries offensives et défensives peuvent vite gonfler, “l’effet élastique” peut avoir des effets dévastateurs.