On se croirait revenu onze ans en arrière… En 2011, alors que la NBA plongeait dans une grève de plusieurs mois, les propriétaires se battaient pour mettre en place un « hard cap », c’est à dire un « salary cap » strict, sans possibilité de le dépasser. C’est ce qui existe aujourd’hui en NHL et en NFL, et selon ESPN, la NBA envisagerait de le mettre en place lors des prochaines discussions sur la convention collective (CBA). ESPN ne parle pas de « hard cap » mais de » limite supérieure de dépenses ».
Pourquoi mettre en place ce « hard cap » qui n’en porte pas le nom alors que la NBA ne s’est jamais aussi bien portée ? Tout simplement parce que la « luxury tax » n’est plus assez dissuasive et certains propriétaires sont prêts à payer des dizaines, voire des centaines de millions de dollars d’impôts supplémentaires pour tenter de gagner le titre. C’est le cas aujourd’hui des Warriors, des Nets et des Clippers qui dépassent largement le « salary cap ». A elles trois, ces franchises concentrent plus de 70% de la « luxury tax » reversée à la NBA.
Sans surprise, le syndicat des joueurs est contre cette idée puisqu’elle limiterait les salaires des joueurs, et empêcherait des équipes de prolonger leurs meilleurs joueurs au salaire maximum. Pour les joueurs, cette idée est d’ailleurs un point de non retour, et aucune discussion ne sera possible si la NBA souhaite aller au bout de ce projet.
Pour sa part, la NBA explique que cette « limite supérieure de dépenses » permettra de lisser le niveau de la NBA, et de permettre aux 30 franchises de se battre à armes égales. C’est le discours tenu depuis toujours par la ligue : faire en sorte que n’importe quelle franchise, et surtout des petits marchés, puisse se mêler à la course au titre.
Comme le rappelle ESPN, ce type de proposition est classique à chaque début de négociations. Chaque camp vient avec des propositions fortes, et il s’agit ensuite de trouver un compromis. En l’occurrence, les deux camps essaient déjà de trouver un accord d’ici le 15 décembre, première date-butoir pour sortir de l’actuelle convention collective en décembre 2023. Si les deux parties n’y parviennent pas, la convention en vigueur ira à son terme, jusqu’au 30 juin 2024. Avec donc le risque d’un lockout et de semaines, voire de mois, de grève.
LEXIQUE |
– Salary cap : c’est la masse salariale définie par la NBA. Pour la prochaine saison, elle est annoncée à 125 millions de dollars, mais pourrait être encore plus élevée. Les franchises NBA ont la possibilité de la dépasser lorsqu’elles prolongent leurs propres joueurs ou via des « exceptions ».
– Luxury tax : en NBA, le salary cap n’est pas strict, et la NBA autorise les franchises les plus riches à dépasser le seuil fixé avec une marge de tolérance d’environ 20%. En l’occurrence, l’an prochain, les franchises auraient normalement pu dépenser jusqu’à 139 millions de dollars. Ensuite, pour chaque dollar dépensé au-dessus de ce plafond, les franchises doivent verser la « luxury tax » à la NBA. Une sorte d’impôt qui peut coûter très cher, et les candidats au titre paient généralement chaque année plusieurs dizaines de millions de dollars. Une somme reversée ensuite aux franchises, bonnes élèves, qui n’ont pas payé la « luxury tax ».