L’histoire liant Scottie Pippen à Toni Kukoc n’a pas toujours été rose. Lors des Jeux Olympiques de 1992, l’ailier des Bulls avait fait vivre un enfer à la star montante du basket européen, mettant un point d’honneur à éteindre le joueur drafté par Chicago en 1990 et susceptible de lui succéder un jour.
La défiance avait atteint un tel niveau que les négociations de prolongation du contrat de Scottie Pippen avaient été gelées par l’équipe de Jerry Krause, le GM de l’époque.
Toni Kukoc a finalement traversé l’Atlantique en 1993, pour disputer sa première année sans Michael Jordan, parti en retraite anticipée. Les débuts de l’association Kukoc-Pippen ont également connu des accrocs, Scottie Pippen ayant notamment refusé d’entrer en jeu en fin de match alors que Phil Jackson avait dessiné un système pour Toni Kukoc en fin de match.
Au cours de leurs cinq ans de collaboration, couronnés par trois titres de champion NBA, les deux ailiers ont ensuite appris à s’apprécier sur le terrain, principalement par leur façon similaire de jouer et de voir le basket. Ainsi, lorsqu’on demande à Toni Kukoc, qui s’apprête à être intronisé au Hall of Fame, le nom du coéquipier avec lequel il a le plus aimé jouer, la réponse du Croate fuse.
Chacun son rôle
« Je dis toujours que Michael était probablement le meilleur joueur. Mais Scottie, pour moi, était aussi important que Michael. Parce que Scottie s’occupait de toute l’équipe et défendait. Il montait le ballon et trouvait les bonnes personnes, et pour Michael, c’était plus : ‘OK, ramène-nous à la maison' », a-t-il déclaré. « J’ai vraiment eu l’impression que la première année, sans Michael, nous jouions de manière assez similaire avec Scottie. Je me sentais libre de jouer avec Scottie. Chacun sait ce que pense l’autre du jeu, comment passer le ballon. Je me suis tout de suite senti à l’aise avec Scottie parce que je savais qu’il me verrait à chaque fois que j’allais être ouvert, qu’il me donnerait le ballon. Il va me laisser remonter le ballon, il ne va pas venir me chercher comme certains meneurs de jeu avec lesquels j’ai joué ».
Pour le trio Kukoc-Pippen-Rodman, être lieutenant signifiait aussi faire le sale boulot, et Toni Kukoc a toujours apprécié faire équipe avec Scottie Pippen et Dennis Rodman notamment sur les aspects défensifs.
« J’ai vraiment aimé jouer avec Scottie et Dennis parce qu’ils me donnaient de la sécurité avec leur domination physique. Ils parlent, vous vous sentez en sécurité. Si vous faites une erreur défensive, ils la couvrent pour vous. Si vous tentez une interception et que vous la ratez, ils sont là pour vous couvrir », a-t-il ajouté. « Ces deux-là avaient un tel esprit d’équipe. Je ne veux pas dire que Michael n’était pas orienté vers l’équipe, mais c’était leur nature. Scottie, par exemple, ne manquait jamais un joueur ouvert, peu importe qui c’était. Dennis passait le ballon aux bonnes personnes. Michael, on savait qu’on avait besoin de lui pour marquer. Parfois quand il scorait, on pouvait se dire : ‘J’aimerais qu’il passe le ballon’. Mais il y a des matchs où vous ne mettiez pas un tir et où la défense était si dure et si physique. Et là, on se disait : ‘Michael, voilà le ballon, à toi de scorer' ».