Échangé dans le Minnesota en février dernier, D’Angelo Russell a pu souffler un bon coup. Depuis ses débuts au lycée, avec un transfert à la Montverde Academy notamment, le meneur est perpétuellement en mouvement.
En NBA, la donne n’a pas changé avec deux saisons (compliquées) chez les Lakers pour commencer, puis deux saisons (bien meilleures) à Brooklyn, un gros contrat à Golden State qui s’en est suivi de ce fameux transfert pour rejoindre son grand copain, Karl-Anthony Towns, chez les Timberwolves.
Une carrière en apnée
« Ma carrière, c’est un peu comme quand tu es dans l’eau », explique-t-il dans The Athletic. « Je ressors pour prendre une respiration, je vois ma carrière mais je dois retourner sous l’eau. Je ressors pour respirer, je revois un peu de ma carrière, et on me remet sous l’eau. »
À peine arrivé dans la Baie, où la dynastie récente s’est retrouvée en lambeaux, D’Angelo Russell a dû refaire ses valises pour le Grand Nord. De quoi nourrir quelques regrets avec les blessures de Stephen Curry et Klay Thompson, et la saison gâchée des Dubs. « Je me disais que j’allais apprendre de ces gars-là. Même si je ne joue pas longtemps avec eux, je pourrai leur poser un maximum de questions. »
Forcément frustrant, ce détour californien était cependant une étape nécessaire. L’ancien des Nets l’explique tout simplement : il fallait capitaliser sur sa saison All-Star à 21 points et 7 passes.
Impliqué avec récurrence dans des rumeurs l’envoyant déjà à Minny l’été passé, D’Angelo Russell confirme donc qu’il était partant, mais dans le même temps, il ne pouvait pas laisser passer le train de la banque sans tenter l’attaque, façon western : « Durant cette période, je me disais que si j’allais à Minnesota, je jouerais avec Karl et les autres gars de l’équipe. Je pourrai enfin me poser et défaire mes valises. Mais il y avait quelque chose qui me disait qu’il fallait obtenir chaque morceau de contrat à la valeur qui était la mienne. »
En l’occurrence, ça se chiffre à 29 millions de dollars annuels sur les trois prochaines. Un sacré pari pour les Wolves qui cherchent à se refaire la cerise en termes de réputation, privilégiant « le bien-être et la cohésion » pour rénover leur image de marque. D’autant que D’Angelo Russell n’a pas encore convaincu qu’il était un leader.
Encore bien trop tendre défensivement, si ce n’est impliqué, l’ancien n°2 de la Draft 2015 a encore du chemin à parcourir. Mais il sait aussi qu’il revient de loin.
Des spotlights de Los Angeles et de la tournée d’adieux de Kobe Bryant notamment… Un épisode qu’il garde en mémoire, sans en garder un très bon souvenir. « Je ne savais pas ce que c’était que d’être professionnel et je n’avais pas cette supervision [de la part des vétérans]. Je ne blâme personne, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Tout ça s’est passé très vite, dans le sens où j’ai vécu tellement de choses depuis. »
All-Star chez les Nets, D’Angelo Russell s’est construit un joli tableau de chasse avec ses tirs décisifs en fin de match. « Brooklyn était une équipe qui avait besoin de lui tout comme lui avait besoin d’elle », affirme Antonio Russell Jr., le grand frère de D’Angelo. « Ils se sont construits l’un l’autre. » Mais le meneur écorche quand même un peu son ancien coach, Kenny Atkinson : « Je ne lui donne pas de crédit là-dessus, car je pense toujours qu’il ne savait pas ce qu’il avait avec moi, honnêtement. Je ne pense pas qu’il savait ce dont j’étais capable dans le dernier quart. »
Capitaine du bateau
Parvenant à hisser les Nets en playoffs, D’Angelo Russell a clairement prouvé qu’il n’était plus le jeune chien fou un poil écervelé des Lakers. Néanmoins, pour arriver au plus haut niveau, à maturité chez les Wolves, il va encore falloir cravacher. Comme il le disait lui-même, une fois calé dans le confortable 4×4 de son pote KAT à son arrivée sur le tarmac de Minneapolis : « C’est maintenant qu’on doit se mettre au boulot, mon gars. »
Avec Karl-Anthony Towns, mais également Malik Beasley, les Wolves de Gersson Rosas veulent construire une équipe équilibrée qui gagne sur le long terme. Mieux, le GM de Minny voit grand pour son nouveau meneur. « Gersson pense que Russell est son Harden », avançait ainsi un dirigeant de la conférence Ouest.
Un pilier de l’équipe en somme. « Tout allait bien pour lui, il était enfin All-Star. Il sortait de sa carapace et montrait son véritable potentiel », récapitule Karl-Anthony Towns. « Mais ce n’était pas assez, il n’était pas voulu, et ils s’en sont débarrassés. C’est une situation difficile à vivre pour n’importe qui. Nos fans ne le voient pas comme une pièce parmi d’autres, mais un pilier de l’équipe. Je pense que c’est la première fois depuis le lycée qu’on compte sur lui comme ça. »
Tous deux gauchers et scoreur, James Harden et D’Angelo Russell sont deux All-Stars, des scoreurs créateurs, et le second va devoir imiter le premier et placer sa franchise en haut de la hiérarchie.
À tout le moins, D’Angelo Russell est enfin dans la situation dont il rêvait. À lui de saisir le gouvernail.
« Je veux mon propre navire », conclut-il. « Je ne dis pas que ce sera moi tout seul. Mais si on perd, j’assumerai une grosse part des responsabilités. Si on gagne, ce sera un gros effort collectif dont je faisais partie. Je voulais cette situation. J’en profite en sachant que j’ai l’occasion d’y faire le reste de ma carrière si j’en tire avantage. »
D'Angelo Russell | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2015-16 | LAL | 80 | 28 | 41.0 | 35.1 | 73.7 | 0.6 | 2.8 | 3.4 | 3.3 | 1.8 | 1.2 | 2.5 | 0.2 | 13.2 |
2016-17 | LAL | 63 | 29 | 40.5 | 35.2 | 78.2 | 0.5 | 3.0 | 3.5 | 4.8 | 2.1 | 1.4 | 2.8 | 0.3 | 15.6 |
2017-18 | BRK | 48 | 26 | 41.4 | 32.4 | 74.0 | 0.6 | 3.3 | 3.9 | 5.2 | 1.9 | 0.8 | 3.1 | 0.4 | 15.5 |
2018-19 ☆ | BRK | 81 | 30 | 43.4 | 36.9 | 78.0 | 0.7 | 3.2 | 3.9 | 7.0 | 1.7 | 1.2 | 3.1 | 0.2 | 21.1 |
2019-20 * | All Teams | 45 | 32 | 42.6 | 36.7 | 80.9 | 0.4 | 3.6 | 3.9 | 6.3 | 1.9 | 1.1 | 3.3 | 0.3 | 23.1 |
2019-20 * | GOS | 33 | 32 | 43.0 | 37.4 | 78.5 | 0.4 | 3.3 | 3.7 | 6.2 | 1.9 | 0.9 | 3.1 | 0.3 | 23.6 |
2019-20 * | MIN | 12 | 33 | 41.2 | 34.5 | 87.3 | 0.2 | 4.3 | 4.6 | 6.6 | 1.8 | 1.4 | 3.8 | 0.3 | 21.7 |
2020-21 | MIN | 42 | 29 | 43.1 | 38.7 | 76.5 | 0.4 | 2.3 | 2.6 | 5.8 | 1.6 | 1.1 | 2.7 | 0.4 | 19.0 |
2021-22 | MIN | 65 | 32 | 41.1 | 34.0 | 82.5 | 0.4 | 2.9 | 3.3 | 7.1 | 2.0 | 1.0 | 2.5 | 0.3 | 18.1 |
2022-23 * | All Teams | 71 | 33 | 46.9 | 39.6 | 82.9 | 0.5 | 2.5 | 3.0 | 6.2 | 2.0 | 1.0 | 2.6 | 0.4 | 17.8 |
2022-23 * | MIN | 54 | 33 | 46.5 | 39.1 | 85.6 | 0.5 | 2.5 | 3.1 | 6.2 | 2.2 | 1.1 | 2.7 | 0.4 | 17.9 |
2022-23 * | LAL | 17 | 31 | 48.4 | 41.4 | 73.5 | 0.4 | 2.5 | 2.9 | 6.1 | 1.4 | 0.6 | 2.3 | 0.5 | 17.4 |
2023-24 | LAL | 76 | 33 | 45.6 | 41.5 | 82.8 | 0.4 | 2.7 | 3.1 | 6.3 | 2.1 | 0.9 | 2.1 | 0.5 | 18.0 |
2024-25 * | All Teams | 58 | 26 | 39.0 | 31.4 | 83.4 | 0.3 | 2.4 | 2.8 | 5.1 | 2.0 | 1.0 | 1.9 | 0.4 | 12.6 |
2024-25 * | LAL | 29 | 26 | 41.5 | 33.3 | 84.9 | 0.3 | 2.5 | 2.8 | 4.7 | 1.8 | 0.8 | 1.7 | 0.1 | 12.4 |
2024-25 * | BRK | 29 | 25 | 36.7 | 29.7 | 82.6 | 0.4 | 2.4 | 2.8 | 5.6 | 2.1 | 1.1 | 2.0 | 0.7 | 12.9 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.