La défaite face à l’Australie en préparation n’était pas qu’un simple accident. Faite de bric et de broc, Team USA n’était pas au niveau des meilleures équipes de cette Coupe du monde, et la troupe de Gregg Popovich a quitté la Chine avec deux défaites et surtout une quelconque 7e place, soit sa pire performance dans un Mondial.
Entre faillites individuelles et collectives, voici un bilan joueur par joueur de cette Coupe du monde ratée.
★★★★
Kemba Walker
14.4 points à 49% de réussite | 3 rbds | 5.4 pds en 25 minutes
Absent de la finale pour la 7e place, le futur meneur des Celtics fait partie des rares satisfactions côté américain. Vrai leader, il termine meilleur marqueur et meilleur passeur de sa formation, et même si on peut lui reprocher de garder un peu trop le ballon, il a eu le mérite de prendre les choses en main face à la Turquie, et de surnager face à la Serbie. En revanche, il a été muselé face à la France, où il a forcé en multipliant les mauvais choix. Ce sera peut-être compliqué pour lui de décrocher une place pour les JO de Tokyo, mais le comité de sélection saura se souvenir qu’il a été exemplaire, et qu’il est allé au bout de son engagement.
Donovan Mitchell
13.1 points à 47% de réussite | 4.3 rbds | 5 pds en 25 minutes
Comme Kemba Walker, on devrait le retrouver dans un an à Tokyo car il a tenu son engagement et il n’a jamais baissé les bras dans cette compétition. Malgré ses deux saisons NBA au compteur, il s’est comporté comme un vétéran. Altruiste, mais aussi capable de créer ses propres tirs, il termine avec la meilleure évaluation (16.8) et le meilleur ratio +/- des Américains. On parie que le Jazz va profiter de son passage en sélection.
★★★
Harrison Barnes
11.6 points à 48% de réussite | 4.6 rbds | 1.3 int en 26 minutes
Champion olympique en 2016 au milieu de superstars, l’ailier des Kings est d’abord un coéquipier modèle. Il rend service par sa polyvalence, mais aussi son engagement. On ne s’attendait peut-être pas à le trouver aussi impliqué et agressif. Troisième joueur à plus de 10 points de l’effectif, il a dû se faire violence pour jouer plus près du cercle et défendre sur des intérieurs souvent plus costauds. Une Coupe du monde à son niveau. Ni plus, ni moins.
Jaylen Brown
7.9 points à 45% de réussite | 4.3 rbds | 1.4 pd en 20 minutes
Comme Harrison Barnes, il était là pour dépanner dans un rôle qui n’est pas le sien. Utilisé comme 4/3, il en impose physiquement mais il n’a pas pesé sur le jeu. La blessure de Jayson Tatum l’a mis dans la lumière, mais son irrégularité coûte cher. Un bilan positif même si on attend toujours davantage de lui. Surtout quand on le voit attaquer le cercle avec une telle puissance et une telle facilité.
★★
Derrick White
5.9 points à 46% de réussite | 1.3 rbd | 2.4 pds en 15 minutes
L’invité de la dernière minute s’est retrouvé avec davantage de responsabilités. Bon défenseur, il a eu du mal face à la Serbie et la Turquie. En revanche, ses performances face à la Grèce et à la Pologne ont dû rassurer les fans des Spurs. C’est un « combo guard », plus à l’aise avec un fort attaquant à ses côtés. Avec le retour de Dejounte Murray aux Spurs, on verra comment il est utilisé dans la rotation extérieure.
Joe Harris
8 points à 51% de réussite | 3.9 rbds | 53% à 3-points en 21 minutes
On pensait qu’il s’éclaterait dans un contexte FIBA, et surtout après la blessure de Jayson Tatum, mais l’ailier des Nets a souffert du manque d’idées de l’attaque américaine. Difficile de se mettre en valeur dans un basket qui mise quasi essentiellement sur les qualités de un-contre-un. On ne peut même pas lui en vouloir pour son jeu sans ballon puisque ses courses ne servaient finalement pas à grand-chose.
Khris Middleton
9.9 points à 44% de réussite | 4.9 rbds | 2.4 pds en 20 minutes
Même s’il termine sur deux bons matches et qu’il a sauvé la patrie face aux Turcs en arrachant la prolongation, le shooteur des Bucks a déçu. Comme Joe Harris, il a eu du mal à se situer dans l’attaque, et il a souffert de la comparaison avec un Donovan Mitchell plus agressif et plus collectif. Khris Middleton a besoin de rythme et de jeu de transition, et les Américains ont souffert pour en trouver.
Myles Turner
7.6 points à 47% de réussite | 6.8 rbds | 1.8 ct en 19 minutes
En voilà un qui aurait mieux fait de rester modeste… Il voulait défier Rudy Gobert et il a pris une leçon face au meilleur défenseur de la NBA. Souvent sanctionné rapidement, il n’a pas pesé sur le jeu américain, et même s’il termine meilleur contreur, on aura retenu que Gregg Popovich préférait le plus souvent jouer en « small ball ». C’est-à-dire sans lui, ses qualités athlétiques et son envergure ne compensant pas ses problèmes de placement…
Marcus Smart
6 points à 48% de réussite | 1.4 rbd | 1.2 pd en 18 minutes
Arrivé diminué, il a fini la compétition sur le banc pour se soigner. Difficile de le juger mais il semblait monter en puissance face au Brésil et à la France. Son impact défensif ne s’est pas forcément ressentir, et il n’avait pas le dribble pour diriger le jeu derrière Walker. Certes, son moteur impressionne mais dans un tel contexte, difficile de peser sur les matches. En gros, il a fait ce qu’il a pu.
★
Brook Lopez
2.6 points à 22% de réussite | 1.9 rbd | 0.7 ct en 9 minutes
Brook et Robin nous avaient caché qu’ils avaient un troisième jumeau, et c’est lui qui a disputé la Coupe du monde… Blague à part, le pivot des Bucks a été transparent. Maladroit, il n’a rien apporté à l’équipe, et il n’a même pas donné le change en défense. Alors que l’équipe avait besoin d’un intérieur pour écarter le jeu et faire sortir les grands adverses, il n’a jamais réussi à peser. Sans doute la plus grosse déception de cette équipe.
Mason Plumlee
1.3 point à 33% de réussite | 2.7 rbds | 0.2 ct en 8 minutes
Champion du monde en 2014 et doublure de Nikola Jokic aux Nuggets, Mason Plumlee n’a pas non plus servi à grand-chose, et il a simplement profité du match face au Japon pour se dégourdir les jambes. Les Etats-Unis n’avaient pas besoin d’un « role player » dans la raquette, mais de points et d’un bon défenseur sur le pick-and-roll. Il n’a pas fait de miracle.
– Non noté –
Jayson Tatum
10.5 points à 32% de réussite | 7.5 rbds | 1.5 ct en 24 minutes
Deux petits matches et puis s’en va… On ne saura jamais ce qu’auraient pu donner les Etats-Unis avec Jayson Tatum en quart de finale. Avant sa blessure à la cheville face à la Turquie, il avait montré beaucoup de déchets dans les tirs, mais aussi et surtout beaucoup d’activité. Il était le meilleur rebondeur de l’équipe, et il n’hésitait pas à relancer le jeu. Quand ça coinçait, il était le pendant d’un Walker ou d’un Mitchell pour percuter. Il aurait mérité trois étoiles malgré sa maladresse, et clairement il a manqué aux Américains face à la France.
★★
Gregg Popovich
Gregg Popovich porte-t-il malheur ? Présent en 2004 aux côtés de Larry Brown, Coach Pop a encore connu un échec sous la bannière étoilée. Le plus inquiétant, c’est que ni lui, ni Steve Kerr n’ont donné l’impression d’avoir la volonté de développer du jeu. Défensivement, le physique, l’agressivité et la mobilité des joueurs ont permis de s’en sortir. Mais de l’autre côté du terrain, c’était très, très pauvre. Certes, le groupe était affaibli et avait peu de vécu. Mais c’est le cas à chaque grande échéance pour les Etats-Unis, et c’était le cas en 2010 et en 2014. On aurait aimé voir du mouvement, des passes, un peu du jeu « Spurs » ou « Warriors », et on n’a rien vu pendant 15 jours.
En revanche, il a protégé ses joueurs pendant toute la compétition, et il est allé au charbon pour désamorcer les critiques. C’est aussi le rôle d’un coach que de servir de paratonnerre. Pour mieux rebondir l’été prochain ?