Que ce soit contre Philadelphie ou contre Milwaukee, la défense de Toronto avait prouvé qu’elle pouvait être la meilleure de ces playoffs. Avant la finale, nous vous annoncions d’ailleurs que les Raptors avaient toutes les qualités nécessaires pour gêner une attaque de Golden State toujours privée de Kevin Durant. Historiquement, il est cependant toujours difficile de s’adapter au style de jeu des Warriors. Et pourtant dans ce premier match, ce sont les hommes de Steve Kerr qui ont du mal face à l’unité défensive la plus polyvalente qu’ils aient affrontée lors de ces playoffs.
« Ils ont beaucoup d’envergure, ils sont athlétiques, ils jouent dur, ils vous agressent et ils jouent bien ensemble, » résume Steve Kerr. « Ils sont polyvalents et je pense qu’ils ressemblent beaucoup à notre équipe. Ils peuvent switcher et défendre plusieurs postes. Leur défense a été géniale ce soir. »
Son équipe a en effet terminé le match à 43% de réussite aux tirs, tout en perdant 17 ballons. Si on se concentre sur le jeu placé, les chiffres sont encore plus mauvais. Selon Cleaning The Glass, les Raptors ont en effet limité les Warriors sur demi-terrain à une évaluation offensive de 84 points par 100 possessions, une marque qui se place dans le dernier quart de la moyenne NBA cette saison.
Pour la première fois des playoffs, le jeu de passe léché des Warriors n’était pas suffisant pour leur procurer des paniers faciles. Les possessions qui se terminaient en dunk face aux Blazers étaient ce soir contestées au cercle. À l’exception de quelques erreurs, les rotations canadiennes ont toujours été précises.
Marc Gasol a pesé sur le match
Les hommes de Nick Nurse ont également été agressifs sur tous les écrans, rendant la tâche difficile aux « Splash Brothers » et forçant les autres Warriors à mettre dedans ou à créer.
L’exemple de Stephen Curry est flagrant. Si le double MVP a fini la rencontre avec 34 points, les Raptors l’ont fait travailler pour tous ses points. Fred VanVleet, en particulier, qui était chargé du meneur des Warriors, a fait un super boulot et quand son vis-à-vis parvenait à recevoir la balle, Marc Gasol était là pour trapper haut et de façon agressive le pick & roll, provoquant trois pertes de balles.
Tout le monde se demandait pourtant avant la série si l’Espagnol allait pouvoir rester sur le terrain. Sa réponse a été éclatante. Il a été déterminant des deux côtés du terrain. « C’est un super défenseur, » rappelle Nurse en souriant. « Et je le répète souvent mais ça vient toujours de la volonté d’être un bon défenseur et de vouloir rester sur le terrain. Et puis il est intelligent. Il sait comment se positionner sans se mettre en danger. »
Le manque de réussite de Golden State, couplé à leurs pertes de balles, a également mis leur défense dans le rouge, offrant 24 points en transition à Toronto, dont de nombreux layups à Pascal Siakam. À l’inverse de leur adversaire, leurs rotations hasardeuses suite aux « blitz » sur Kawhi Leonard ont permis à Marc Gasol, Pascal Siakam, Danny Green et Fred VanVleet de se mettre en rythme dès la première mi-temps.
« Notre plus gros problème ce soir était notre défense en transition. On a été horrible et c’est ce qui a fait la différence, » se lamente Steve Kerr. « Quand vous jouez Toronto, c’est la priorité numéro un. Vous devez limiter leur transition et on a leur a donné 24 points en contre-attaque, on a perdu 17 ballons. On a donné le bâton pour se faire battre. »
Malgré la défaite, l’ambiance dans le vestiaire de Golden State se voulait sereine. Il faut pourtant remonter à la finale de conférence Ouest de 2016, face au Thunder, pour retrouver une défaite de ces Warriors lors du premier match d’une série. Les voici donc en terre inconnue, mené 1-0 à l’extérieur, et pourtant leur vécu et leur confiance, parfois irrationnelle vue de l’extérieur, ont déjà pris le dessus.
Un adversaire méconnu
« Dans le vestiaire, tout le monde était déjà en train de penser au Game 2, l’énergie était positive, » décrivait Stephen Curry, alors qu’avant lui, Steve Kerr et Draymond Green regardaient eux aussi les choses du bon côté. « Je pense qu’on a un meilleur ressenti après ce match. C’est une équipe qu’on n’a jamais vraiment joué, » rappelle Draymond Green, qui a enregistré un troisième triple double de suite. « La première fois qu’on les a joués (cette saison), Steph et moi n’étions pas là. Le deuxième match, Kawhi n’a pas joué donc c’est vraiment la première fois qu’on les joue. Et maintenant, on sait à quoi s’attendre, on a de la vidéo qu’on peut analyser. Nous savons ce que nous pouvons faire de mieux. J’aime notre position, parce que malgré le scénario du match, nous avons toujours eu une chance et nous n’avons vraiment pas bien joué. Je pense qu’on a déjà trouvé quelques solutions pour le prochain match. »
Les Warriors savent qu’ils ont grillé une cartouche mais leur objectif reste le même : gagner un match à l’extérieur pour garder la pression sur Toronto. « Nous n’avons pas l’habitude de cette équipe mais ce n’est pas une excuse, » rappelle Klay Thompson. « Notre but est d’en gagner un et l’opportunité est toujours devant nous. Je sais que nous allons rebondir comme les champions que nous sommes. »
Propos recueillis à Toronto.