Suite de notre dossier sur les grandes tendances de la saison à venir avec des équipes qu’on pourrait ranger dans la catégorie de « same old song » tant les années se suivent et se ressemblent pour elles.
Le refrain est connu, et malheureusement, cette saison ne sera pas encore celle de l’embellie. Quelles sont ces équipes qui peinent à soulever l’enthousiasme et paraissent vouées à un parcours sans éclat ?
Tentative d’explication.
Utah Jazz
Le Jazz, bon an mal an, fait toujours partie des meubles dans la relevée conférence Ouest. C’est déjà dire l’excellent travail réalisé par ce bon Jerry Sloan qui résiste à tout, maladie et deuil y compris. Coaché par un tel leader, une équipe est donc vouée à se surpasser. Et avec Deron Williams, le meilleur meneur de la ligue actuellement, Utah dispose d’un relais de son coach sur les planches à chaque début de rencontre.
L’avant-automne a été mouvementé sur les rives du Lac Salé. Boozer a fait ses valises, et ce malin a planqué Korver et Brewer (qu’on pensait de retour…) dans ses paquets. Avalée la déception, Sloan a repris le taureau par les cornes (c’est le cas de le dire) et a attiré Al Jefferson, Raja Bell et Earl Watson dans ses filets. Le dernier sera enfin un back-up décent à Williams, alors que Raja Bell essaiera de retrouver la folie de ses années Suns derrière l’arc.
Pour Jefferson, le défi est de taille. Remplacer Boozer n’est pas une mince affaire mais Big Al sera aidé en cela par Paul Millsap qui trépignait d’impatience d’avoir enfin le rôle majeur qu’il mérite. Le duo Jefferson – Millsap, alimenté par Williams, encadré par Bell et Kirilenko, devrait poser problème à bien des équipes. Le vieil Okur, le jeune Hayward, le tanker Fesenko, le bondissant Price seront de valeureux remplaçants bien qu’aucune garantie ne soit véritablement apportée. Mais le risque calculé fait partie de la politique mormone.
L’effectif a perdu de la qualité durant l’intersaison, mais en a regagné aussitôt. Le cinq est toujours aussi compétitif, et le gourou Sloan encore et toujours présent pour inculquer sa culture de la gagne. Mais qu’en sera-t-il en playoffs ? Les défaites du passé semblent se profiler à nouveau à moins d’un retour de flamme de Kirilenko, d’une explosion en règle de Millsap, d’un dernier baroud de Memo ou une saison de MVP de Williams.
Autant de scénarios improbables mais pas impossibles… alors: the same old tune of Jazz this year?
Memphis Grizzlies
Auteurs d’une très bonne saison l’an passé, les Grizzlies repartent cette année à la conquête de leur Graal : une place dans le top 8 à l’Ouest. Les données du problème sont résumées dans l’assertion précédente : malgré leur belle progression, les protégés de Lionel Hollins ne sont pas parvenus à prendre le bon train en mai dernier.
Alors de deux choses l’une : soit leur progression n’est pas terminée et leur groupe encore jeune, et rajeuni, continue sa montée en puissance individuelle et collective et peut alors espérer accrocher un strapontin pour la postseason ; soit leur belle saison passée n’est qu’un feu de paille, et le gros contrat de Rudy Gay sonne le glas d’une équipe qui retombe dans ses travers historiques d’individualisme (attention au cas Randolph en dernière année de contrat, et en quête du jackpot !) et les playoffs ne sont qu’une chimère pour les Grizzlies qui auront donc un grand ménage à opérer.
L’effectif est beau cela dit. Les postes sont presque tous doublés. Ce n’est pas une blague : Conley secondé par Acie Law ; Ovinton J’Anthony (ça ne s’invente pas… enfin si justement) doublé par Tony Allen en provenance de Boston, voire de Xavier Henry le rookie de Kansas ; Rudy Gay assisté du très bon Sam Young ; Z-Bo aidé de Darrell Arthur et Gasol de Thabeet voire de Haddadi. Non les postes sont au complet. Reste à savoir si ces athlètes sauront partager la balle, et créer une alchimie collective apte à leur permettre de passer ce fameux palier.
Lionel Hollins a du pain sur la planche. Mais Conley, Mayo et Gay sont attendus au tournant. Thabeet est lui aussi sur la sellette, et on espère énormément de son impact défensif. De leur volonté de gagner ensemble dépendront leurs avenirs individuels.
New Orleans Hornets
Après une saison catastrophique, et une intersaison qui a bien failli virer au cauchemar, les Hornets revivent depuis qu’ils savent que leur meneur CP3 reste pour encore un an en Louisiane. Dans une ville littéralement sinistrée, la franchise NBA aura fort à faire pour regagner le cœur de la population locale.
Une première bonne nouvelle est que le duo des meneurs de NOLA sera (sur le papier) productif : Paul sera épaulé par Jerryd Bayless, arrivé de Portland avec l’ambition d’exploser dans son rôle d’arrière offensif. A l’arrière, Marcus Thornton qui a lui perdu son pote Collison sera en charge d’assurer au poste de titulaire. Derrière lui, Bellineli tentera de lancer enfin sa carrière américaine alors que Willie Green essaiera de ne pas sombrer complètement face à cette forte concurrence. Sur les ailes, le coup de vent nouveau est l’arrivée de l’explosif Trevor Ariza qui devrait bénéficier à plein de la présence du maestro Paul. Stojakovic sortira du banc pour planter ses banderilles à condition qu’il retrouve la sienne (de condition).
Sous le cercle, la doublette Okafor et West est certes un peu courte en taille, mais le talent défensif de l’un et la polyvalence offensive de l’autre apporte quelques garanties. Les remplaçants sont eux plus incertains, puisque ni le Bbritannique bien tonique Mensah-Bonsu, ni Ike Diogu, et encore moins l’ancien Bull Aaron Gray n’ont encore prouvé leur valeur en NBA.
La tâche du cadet des coachs dans la ligue, Monty Williams est donc de taille. Il y a du talent à NOLA mais il faudra rapidement trouver ses marques sous peine de se mettre à dos Chris Paul, et toute l’équipe serait alors sérieusement en danger de naufrage dans le bayou.
Golden State Warriors
C’est un petit contresens d’inclure Golden State dans cette liste puisqu’il y a eu beaucoup de changements à l’intersaison mais force est de constater que les Warriors ne sont pas encore prêts pour l’échelon supérieur. A la fois par un manque de profondeur du banc, et par la fraîche nomination de Keith Smart en lieu et place de Don Nelson, les guerriers de la Baie seront encore en lutte dans le ventre mou de la conférence Ouest.
L’arrivée majeure est évidemment celle de David Lee. All-Star en puissance dans le système D’Antoni, il devrait continuer sa progression du côté de San Francisco ; et avec Biedrins, il va former une paire d’intérieurs très mobiles mais pour autant pas manchots quand il faut aller au charbon et récupérer les rebonds (19.5 rebonds de moyenne en stats cumulées). Derrière eux, Louis Amundson débarque de Phoenix avec son vélo et son hyper-activité tandis que Brandan Wright devra reprendre sa marche en avant après une saison blanche. Ekpe Udoh, la masse de Baylor, sera attendu de retour de son opération au poignet pour ajouter encore plus d’impact physique à la raquette jaune et bleue.
A l’arrière, le duo de minots Ellis et Curry sera la force majeure en attaque. L’un par ses pénétrations plus acrobatiques les unes que les autres, et l’autre par sa vista et son shoot aussi soyeux que le lever de soleil sur le Golden Gate, seront les options offensives prioritaires. Derrière eux, c’est la grande inconnue. Jeremy Lin, le promu de Harvard et Charlie Bell, le vétéran, n’apportent que très peu de garanties en back-up de Curry. Quant à Rodney Carney, vu par le passé à Philly, il est certes ultra-athlétique mais son shoot extérieur est encore inexistant. Le poste d’ailier n’est pas plus rassurant avec la doublette Vladimir Radmanovic – Dorell Wright qui n’a jamais été exempte de soucis physique, et encore moins de titularisations en série. L’ancien dijonnais Reggie Williams sera peut-être, encore cette année, la surprise du chef et il pourrait bien briguer une place de titulaire s’il venait à confirmer sa « chauffe » de l’an dernier.
Avec pour seule lueur d’espoir la constitution d’un quatre majeur intéressant (Ellis, Curry, Lee, Biedrins), les Warriors se lancent dans cette saison sans grande ambition. Le prochain plan des nouveaux dirigeants Joe Lacob et Peter Guber sera de se débarasser des contrats juteux de Radmanovic et Gadzuric pour un ailier digne de ce nom.
Indiana Pacers
La franchise de l’Indiana a beaucoup souffert ces dernières saisons. Privés de playoffs depuis 2006, et même privés de ces meilleurs éléments (Granger, Hansbrough, Dunleavy), les Pacers ont eu les pires difficultés à survivre l’an passé. La récolte estivale a été très bonne et l’équipe est nettement renforcée. Cela sera-t-il suffisant pour accrocher une place dans les 8 ?
L’arrivée de Darren Collison est la première très bonne nouvelle. Auteur d’une saison rookie époustouflante de maîtrise et de culot, l’ancien Bruin d’UCLA arrive dans l’Indiana pour organiser une attaque trop souvent aux abonnés absent. Avec la draft de Lance Stephenson, le prodige de Brooklyn, TJ Ford semble donc faire partie du passé. Sur les autres postes, Jim O’Brien fait confiance à un système jeune-vétéran assez intéressant. Dunleavy et Dahntay Jones seront les tuteurs de Brandon Rush qui a été pris en flagrant délit(re) par la patrouille anti-fumette. Granger et James Posey s’occuperont eux du rookie Paul George, auteur de belles choses en présaison. Et à l’intérieur, Jeff Foster se chargera d’encadrer les Hibbert, Hansbrough et McRoberts qui ont tous le pedigree universitaire pour apprendre efficacement.
Non, l’effectif est solide, et le talent est bien présent à tous les postes. Mais que ce soit sur le terrain avec des joueurs parfois borderline (ajoutez Stephenson et ses débordements conjugaux, TJ Ford et son aura de diva, voire Dunleavy et son physique coton), ou en coulisses avec la dernière année de contrat de coach O’Brien, et plus significatif encore, de Larry Bird en tant que président, la progression attendue des Pacers ne tient qu’à un fil. Ainsi, une saison avec de meilleurs résultats est fortement possible mais les playoffs semblent encore un peu présomptueux.
Minnesota Timberwolves
Avec un roster renouvelé pratiquement à 100%, Kurt Rambis avoue encore être en pleine phase de réflexion sur son équipe. Tout est encore à construire. Les loups des bois sortent pourtant du fourré. Avec l’arrivée de Beasley, la draft de Wes Johnson, et même le transfert de Pekovic, Minneapolis retrouve un effectif plein de talent. Mais sans illusion, il ne sera pas question de faire la postseason, mais bien plutôt de changer les mentalités.
Le premier à le reconnaître est Kevin Love. Joueur majeur du Team USA durant leur épopée turque, il n’était l’an dernier qu’un joueur en proie aux doutes dans le marasme généralisé du Minnesota. Cette année, il veut montrer l’exemple. Etre un leader sur le terrain mais aussi en dehors. Avec ses compères européens de l’intérieur, la triplette Milicic, Pekovic et Koufos, Love et son jeu très FIBA devraient faire bon ménage. L’efficacité du valeureux combattant Tolliver sera elle aussi très utile pour revenir aux fondamentaux d’engagement.
Sur les ailes, il y a pléthore de talents. Johnson et Hayward, les deux rookies voudront faire taire leurs détracteurs qui pointent du doigt leur faiblesse chronique au shoot extérieur. Beasley est lui aussi la cible de bien des critiques, mais il semble s’être bien acclimaté au relatif anonymat de la région des Grands Lacs, et aura raison de se reconcentrer sur son basket. Webster et Brewer présentent deux profils assez différents pour le poste d’arrière titulaire, le premier étant davantage shooteur et le second davantage slasher. Leur complémentarité sera intéressante si Webster arrive à soigner son dos douloureux. A la mène, Rambis fait confiance au vétéran Luke Ridnour qui était l’an dernier le tuteur officiel de Brandon Jennings à Milwaukee. L’ancien d’Oregon apportera son shoot fiable et sa sérénité pendant que Flynn essaiera d’apprendre enfin le fonctionnement de l’attaque en triangle. Telfair comblera les éventuels déficits du duo précité, loin des exploits de son illustre cousin Marbury sur ces mêmes terres enneigées.
En pleine construction donc, mais non sans un fort attrait (ne serait-ce que pour le spectacle ; Fisher en a encore la tête qui tourne après le dunk stratosphérique de Brewer sur son casque), les Timberwolves sont une équipe à suivre. Leur raquette européanisée intrigue particulièrement, et mon petit doigt me dit qu’il ne serait pas surprenant d’entendre parler en bien de Pekovic (voire de Milicic) durant la saison.