On a officiellement dépassé le premier quart de la saison 2016-17, et c’est l’occasion idéale pour faire un premier point sur les performances de nos onze joueurs français exilés en NBA (plus nos jeunes en D-League). Rudy Gobert et Evan Fournier, deux joueurs de la génération 92, sont désormais les fers de lance de la nation en NBA, prenant ni une ni deux la relève de Tony Parker et Nicolas Batum.
Tous deux prolongés par leur franchise, Gobert et Fournier sont des joueurs majeurs de leur équipe respective, le premier tournant à un double double de moyenne tandis que le second est tout simplement l’option offensive n°1 du Magic.
1- Rudy Gobert (11 points, 11 rebonds, 2,5 contres en 31 minutes)
Son gros contrat signé, Rudy Gobert peut passer à autre chose. Mais le Français ne va pas changer sa façon de faire ; au contraire, il continue d’enchaîner les matchs en double double. Le pivot titulaire du Jazz tourne en ce début de saison à 11 points, 11 rebonds et plus de 2 contres par match, confirmant les espoirs placés en lui par le Jazz. Il réalise également une saison record au niveau de sa rentabilité offensive en shootant à un très propre 64% de réussite, soit quasiment autant qu’aux lancers (65%), là aussi un record en carrière.
Parfait gardien du temple chez les Mormons, Gobert a fini très fort le mois de novembre en réussissant huit double doubles sur ses dix derniers matchs, dont un massif 16 points, 17 rebonds et 3 contres face aux Wolves. A 12 victoires et 9 défaites, le Jazz tient pour le moment le bon tempo dans la conférence Ouest. Utah est dans les clous pour l’objectif playoffs !
2- Evan Fournier (17 points, 3 rebonds, 3 passes en 34 minutes)
Collectivement, le Magic se cherche encore avec l’arrivée à sa tête de Frank Vogel. A 9 victoires pour 12 défaites, le bilan n’est pas brillant comparé à l’ambitieux recrutement estival (Serge Ibaka, Bismack Biyombo, Jeff Green, DJ Augustin) mais Orlando peut en tout cas compter sur son scoreur français. Evan Fournier est effectivement l’option numéro 1 du Magic en attaque (un peu plus de 13 tirs par match). Après le départ de Victor Oladipo, l’arrière tricolore a le champ libre pour jouer son jeu, et ça marche !
Créateur et pas que finisseur, Fournier continue d’impressionner par son aplomb. Il arrive de mieux en mieux à se faufiler dans le trafic pour réussir des tirs en déséquilibre dont il a le secret. Son sens du panier et sa grinta offensive font de lui, encore cette année, la plus fine lame de notre nation en NBA. Et ce, alors que les défenses commencent, elles aussi, à se focaliser de plus en plus sur lui. S’il réussit à rembourrer un poil ses pourcentages de réussite (43% contre 46 l’an passé), et surtout s’il arrive à faire gagner son équipe, Evan Fournier sera un candidat pour le All Star Game…
3- Nicolas Batum (13 points, 7 rebonds, 6 passes en 35 minutes)
Un peu moins scoreur que la saison passée (de 15 à 13), Nicolas Batum reste néanmoins le maître à jouer des Hornets. Parfait complément du meneur scoreur, Kemba Walker, Batum est à ses côtés le facilitateur impeccable qui permet à Charlotte de demeurer en haut de l’affiche après une intersaison qui les a vus perdre Lin et Jefferson. Actuellement 3e à l’Est, les Hornets semblent avoir trouvé leur rythme de croisière et le Français est un gage de stabilité.
A deux doigts du triple double (deux rebonds en l’occurrence) face aux Wolves samedi dernier, Batum avait également flirté avec la troisième dimension en plein Gotham, à 18 points, 9 rebonds et 9 passes dans une défaite sur le fil face à New York. Le jeune papa doit encore améliorer son pourcentage de réussite aux tirs (38%), le plus faible de sa carrière, mais c’est un début de saison conforme aux attentes pour Batum, comme Gobert, signataire d’un contrat maousse cet été.
4- Tony Parker (10 points, 4 passes, 2 rebonds en 26 minutes)
Les statistiques continuent de désenfler, mais Tony Parker ne s’inquiète pas. Le meneur vétéran des Spurs est encore en rôdage, en gestion. A vrai dire, TP connaît tout de même un début de saison assez compliqué avec pas mal de petits pépins physiques, le genou puis la cuisse dernièrement, mais les Spurs carburent tranquillement et ont même subtilisé la deuxième place de l’Ouest aux Clippers, qui ont subi un petit coup de moins bien après Thanksgiving.
En tout état de cause, Parker a placé un match rassurant face à Washington : 20 points, 3 passes en 27 minutes. Comme quoi, le vieux sage a encore quelques bons coups à réaliser. Pour la première saison de San Antonio sans Tim Duncan (bien que ce dernier ne soit jamais très loin), le meneur français est plus que jamais le leader des vestiaires des Spurs. Derrière les deux stars, Kawhi Leonard et LaMarcus Aldridge, Parker est le patron de l’équipe au même titre que Manu Ginobili.
5- Joffrey Lauvergne (6 points, 4 rebonds en 15 minutes)
On était inquiet en début de saison de voir Joffrey Lauvergne un peu scotché sur le banc dans sa nouvelle équipe du Thunder. Mais la tendance la plus récente nous a ôté pas mal de doutes : Billy Donovan croit en l’intérieur tricolore. Sa dernière sortie à 11 rebonds, ou encore son match à 15 points, 4 rebonds face à son ancienne équipe de Denver (son meilleur total de la saison, tiens tiens !) ont rassuré les fans français.
A voir Russell Westbrook lui donner ses indications et le servir sans hésiter pour un tir à trois points dans le coin, ou un petit jump hook au poste bas, Lauvergne a pris ses repères. Et il prend peu à peu du galon dans l’Oklahoma. En remplaçant de Domantas Sabonis, Lauvergne a une belle possibilité de jouer cette position de 4 au large.
6- Joakim Noah (4 points, 8 rebonds, 3 passes en 23 minutes)
En fin de chapitre à Chicago, on espérait vivement retrouver Joakim Noah ressourcé et revigoré pour son retour à New York, dans la ville de son enfance. Pour le moment, on reste encore sur notre faim ! Noah tourne, peu ou prou, aux mêmes stats qu’à Chicago… A Chicago, justement, il a réussi son meilleur match (16 points, 9 rebonds, 4 passes, 3 interceptions) mais l’ensemble (avec des blessures lancinantes) n’est pas encore très brillant (24% aux lancers !). Jooks a au moins le mérite de se donner, comme toujours, à 100%.
Malheureusement, ces 100% ne sont plus aussi porteurs qu’à la Grande Epoque des Bulls. Moins dissuasif défensivement, Noah n’est pas non plus redevenu l’homme providentiel dans l’attaque des Knicks, essentiellement tournée vers Kristaps Porzingis, quand Carmelo Anthony et Derrick Rose veulent bien lui laisser les tickets shoots. A défaut de redevenir l’energizer qu’il était à Chi-Town, Noah peut être le pivot dur au mal dont auront besoin les Knicks pour rallier les playoffs.
7- Boris Diaw (4 points, 2 rebonds, 2 passes en 20 minutes)
Il y a un peu de mieux pour Boris Diaw… mais que c’est compliqué ! Recruté par le Jazz pour apporter sa science du jeu, son envie de faire la passe supplémentaire et sa vista tout simplement, Diaw n’est pour le moment qu’un joueur de rotation pour coach Snyder.
Avant son match face aux Lakers, sa meilleure perf’ de la saison (11 points, 3 rebonds, 3 passes) datait du 23 novembre est encore beaucoup trop seul. On attend beaucoup mieux de la part de Diaw, surtout dans une équipe du Jazz qui assume son nouveau statut dans la conférence Ouest. Gageons qu’il s’agisse surtout d’un tour de chauffe pour l’intérieur vétéran, qui a aussi dû gérer une blessure à la jambe gauche.
8- Kevin Séraphin (4 points, 3 rebonds en 10 minutes)
Il nous avait prédit qu’il reviendrait au jeu face aux Clippers, mais Kevin Séraphin n’était pas de la victoire surprise des Pacers sur les planches du Staples Center. Touché au genou gauche, l’intérieur guyanais a été jusqu’à présent utilisé à doses homéopathiques par Nate McMillan. Pourtant, dès qu’il obtient plus de dix minutes de jeu, il tourne à 7 points et 7 rebonds de moyenne.
9- Alexis Ajinça (3 points, 3 rebonds en 12 minutes)
Les années se suivent et se ressemblent pour Alexis Ajinça… Le pivot tricolore ne voit pas beaucoup les planches cette saison. Son temps de jeu est des plus inconsistants. Douze fois déjà, il a été collé au banc sans jouer la moindre minute.
10- Ian Mahinmi (1 point, 1 rebond, 1 contre en 14 minutes)
Opéré du genou gauche le 15 octobre dernier, Ian Mahinmi n’a pour le moment disputé qu’un seul match sous ses nouvelles couleurs des Wizards. Difficile donc de tirer quelque conclusion que ce soit concernant le pivot vétéran de Washington. Ses coéquipiers étaient certes heureux de le voir de retour au jeu, mais son absence depuis sa seule apparition contre San Antonio ne rassure pas non plus…
11– Timothé Luwawu-Cabarrot (2 points, 1 rebond en 6 minutes)
Le rookie de la bande, Timothé Luwawu-Cabarrot n’a pour le moment eu droit qu’à des bribes de match, essentiellement dans le garbage time, mais à l’image de ses premiers points, un dunk en pénétration, le jeune Sixer n’a pas froid aux yeux. Il mord dans son aventure NBA à pleines dents. Dans une équipe de Philly qui regorge de jeunes talents, Luwawu a une belle carte à jouer.
Et sinon, en D-League ?
Damien Inglis (14 points, 9 rebonds, 4 passes en 21 minutes)
A part pour son premier match, les Wetchester Knicks de Damien Inglis sont imbattables depuis l’arrivée du Français dans leurs rangs. Avec son physique imposant, l’ailier guyanais a rapidement pris ses marques en D-League, un niveau de jeu auquel il était déjà habitué après y avoir été envoyé par les Bucks. Revenu dans l’antichambre de la NBA pour prouver qu’il n’avait rien à y faire, Inglis est pour le moment un des meilleurs joueurs du championnat.
Axel Toupane (14 points, 5 rebonds, 3 passes en 28 minutes)
Retour à la case départ pour Axel Toupane. Ayant quitté l’Alsace pour l’Ontario et les Raptors 905, Toupane avait réussi l’an passé à gratter un contrat NBA chez les Nuggets. Malheureusement, son aventure dans les Rocheuses s’est terminée de manière abrupte. Voilà donc Axel de retour aux 905 où il enchaîne les matchs solides, dont une percée à 32 points il y a quelques jours face au Canton Charge. En attendant un coup de fil…
Boris Dallo (10 points, 5 rebonds, 4 passes en 26 minutes)
Membre des Long Island Nets, Boris Dallo avait fait le choix de se développer en Serbie, au sein du Partizan. De retour en France, il n’avait pas forcément réussi à percer et le voilà donc désormais en D-League pour essayer de trouver sa place au soleil. Pour le moment, le longiligne meneur s’en tire pas mal avec des stats complètes et une belle montée en puissance.
Livio Jean-Charles (9 points, 7 rebonds, 1 passe en 25 minutes)
Avec deux double double, Livio Jean-Charles fait bel et bien partie des joueurs cadres de son équipe d’Austin. Mais si on veut bien lui laisser le bénéfice du doute pour s’essayer à ce niveau-là, on est assez dubitatif du choix de carrière du joueur, qui sort d’un titre de champion en France avec l’Asvel. Joueur de complément par définition, Jean-Charles n’est ni un scoreur, ni un soliste. Pas vraiment fait pour la D-League donc…
Carl Ona-Embo (1 rebond, 1 passe en 8 minutes)
Joueur de Pro B l’an passé à Bourg, Carl Ona-Embo a également décidé de traverser l’Atlantique pour tenter sa chance en D-League. Chez les Warriors de Santa Cruz, il cire pour le moment le banc. A 27 ans, il va essayer son va-tout !