Tout oppose les équipes de Cleveland et de Toronto. D’un côté la machine infernale des Cavs a atteint sa vitesse de croisière lors des playoffs et LeBron James et les siens ont fait du petit bois de leurs deux adversaires du premier tour des playoffs, Detroit et Atlanta, avec deux “sweep” et huit petits matchs joués. De l’autre, on retrouve les Raptors, une franchise qui réalise la meilleure campagne de son histoire mais a atteint le stade de la finale de conférence après deux séries en 7 manches.
Ce sont donc deux équipes aux profils totalement opposés qui se croiseront sur le terrain avec pour objectif une qualification en finale. Les Cavs y étaient déjà l’an dernier, pour la première année du retour de LeBron et le quadruple MVP pourrait disputer ses sixièmes Finals de rang. Cette année, l’effectif est à 100% et Kyrie Irving comme Kevin Love jouent leur meilleur basket de la saison lors de ces phases finales. Pour Toronto, le backcourt All-Star composé de Kyle Lowry et DeMar DeRozan monte progressivement en puissance mais un gros point d’interrogation subsiste sur la participation de Jonas Valanciunas.
Meneurs de jeu
Kyrie Irving fait partie de ses joueurs que l’on peut classer dans la catégorie “d’hommes de verre”. Souvent blessé, sa fragilité physique l’empêche d’être réellement considéré comme l’un des tous meilleurs joueurs du championnat NBA. Cette saison encore, il a manqué 29 matchs en saison régulière mais il semble arriver à son meilleur niveau au meilleur moment. “Uncle Drew” affiche ainsi un niveau de jeu stratosphérique depuis le début des playoffs avec 24.4 points, 5.5 passes décisives, et une réussite “curry-esque” à 3-points (53.5%). Toujours aussi rapide et technique, il a tourné en bourrique Reggie Jackson puis le duo Jeff Teague – Dennis Schroder, mais la partie sera cette fois bien plus corsée.
Face à lui, Kyle Lowry, le meneur All-Star des Raptors. Après avoir porté son équipe à 55 victoires en saison régulière, Lowry a malheureusement sombré en playoffs avec une adresse calamiteuse (36.6%). Très irrégulier, il a cependant revêtu son costume de patron lors des deux derniers matchs de la demi-finale de conférence face à Miami avec 36 puis 35 points et une réussite retrouvée. Sur l’état de forme global, Irving semble être devant mais Lowry a réalisé une saison régulière de très haut vol et la qualification face au Heat a peut-être provoqué un déclic.
Égalité
Extérieurs
“Les playoffs arrivent, et l’autre va se mettre à jouer…” plaisantait Nicolas Batum au sujet de LeBron James. Après une saison régulière faite de hauts et de bas mais malgré tout conclue à la première place de la Conférence Est, LeBron est en mission et rien ni personne ne semble pouvoir le détourner de son chemin. Celui qui est revenu sur sa terre natale en 2014 pour offrir à la ville de Cleveland son premier titre, tous sports confondus, depuis plus de cinquante ans, réalise pour l’instant des playoffs parfaits. Sans forcer, il dirige le jeu des Cavs (23.5 points, 8.8 rebonds, 7.3 passes décisives) et ne semble pas encore avoir eu à forcer son talent. Il profite de l’état de forme étincelant de ses lieutenants pour déléguer et en garde évidemment sous la pédale. Aura-t-il à s’employer face aux Raptors ?
A ses côtés, on retrouve le feu follet J.R. Smith. Critiqué l’an dernier, il a dû resigner pour un an avec un contrat au rabais mais il devrait pouvoir prétendre à un beau chèque pour la saison prochaine. S’il y a un joueur qui peut devenir le facteur X de n’importe quelle match, c’est bien lui. Shooteur fou, Smith est en pleine bourre avec près de quatre paniers primés par match et 51% de réussite. Capable de dynamiter une défense à lui tout seul, il peut également s’effondrer et plonger dans le marasme s’il n’est pas dans un bon soir…
En face, la star se nomme DeMar DeRozan. Comme son compère Kyle Lowry, DeRozan alterne le chaud et le froid depuis le début des playoffs. Parfois croqueur, il a déjà joué un meilleur basket que celui proposé actuellement… Avec 20.0 points à 35.5% aux tirs, on l’a vu lancer un grand nombre de parpaings face à Indiana et Miami mais il a également su sortir le grand jeu lors des moments décisifs comme avec 34 points lors d’un Game 5 décisif contre le Heat. Spécialiste du tir à mi-distance, il est en revanche à côté de la plaque à 3-points sur ces playoffs (18.5%).
Si DeRozan est porté à fond sur l’attaque, DeMarre Carroll est son penchant défensif. Arrivé pendant l’intersaison en provenance d’Atlanta, il a malheureusement manqué la majeure partie de la saison suite à une grave blessure au genou mais revient bien en playoffs malgré des petits pépins variés. Il aura l’un des rôles les plus importants pour les Raptors puisqu’il devra tâcher de contenir LeBron.
Avantage Cleveland
Intérieurs
Comme Kyrie Irving, Kevin Love est un joueur que l’on retrouve malheureusement trop souvent à l’infirmerie. Absent pendant la quasi totalité des playoffs l’an dernier, l’ancien joueur des Timberwolves est revenu en grande forme et n’a manqué que cinq rencontres en saison régulière. Souvent laissé en retrait par le passé, il n’a pas hésité à demander le ballon lors des deux premiers tours avec plus de 16 tirs tentés par match, pour 18.9 points de moyenne, en plus de ses 12.5 rebonds. La clé du succès des Cavs, c’est probablement lui.
Aux côtés du “stretch-4” qu’est Love, les Cavs ont un “big man” à l’ancienne dans la raquette avec Tristan Thompson. Prolongé à l’arrache en début de saison, le Canadien, qui retrouvera son équipe de coeur, n’a qu’une seule chose en tête, cadenasser la peinture et gober le plus de rebonds possibles. C’est dans un moment pareil qu’il devra justifier les millions de dollars empochés mais on peut lui faire confiance, et son impact au rebond offensif peut être décisif.
A Toronto, l’homme fort du moment se nomme Bismack Biyombo. Propulsé titulaire depuis la blessure de Jonas Valanciunas, le Congolais affiche le niveau de jeu d’un pivot de tout premier ordre et il devrait décrocher un joli contrat cet été. Avec 11.0 points et 12.0 rebonds de moyenne, il fait plus que compenser l’absence du géant lituanien, dont le statut reste très incertain. Aux soins depuis une semaine, le staff des Raptors ne fait aucun pronostic quant à sa participation à la série.
Le coach Dwane Casey a tenté plusieurs combinaisons au poste 4 mais celui qui tient la corde en ce moment est Patrick Patterson. Homme de l’ombre par définition, on l’a cependant vu jouer plus de 37 minutes par match sur les cinq dernières rencontres de son équipe. Joueur complet, il peut aussi bien dégainer à 3-points que protéger le rebond.
Avantage Cleveland
Les bancs
Les Cavs possèdent un banc très expérimenté avec des joueurs tels que Richard Jefferson et Channing Frye sur les ailes, Matthew Dellavedova, la révélation des Finals 2015, et Iman Shumpert à l’arrière et des joueurs peu utilisés capables de faire mal si le coach Tyronn Lue fait appel à eux avec Timofey Mozgov ou encore Mo Williams.
Pour Toronto, les pépins physiques ont raccourci la rotation mais les défaillances aux tirs de Lowry et DeRozan ont permis à des joueurs comme Cory Joseph et Terrence Ross de briller. Hormis ces deux joueurs, l’éclaircie pourrait peut-être venir de Normal Powell, peu utilisé face à Miami. Le reste, James Johnson, Luis Scola ou encore Jason Thompson, ne devraient se contenter que de quelques minutes de “garbage time”.
Avantage Cleveland
Les coaches
Promu head coach en janvier, Tyronn Lue avait eu un rôle prépondérant comme assistant de David Blatt l’an passé (on se souvient de l’incident du temps-mort). Au fil des semaines, Lue a gagné le respect de ses joueurs et n’est plus qu’à quatre victoires d’une place en finale NBA. Face à lui, il retrouvera un technicien beaucoup plus expérimenté, Dwane Casey, souvent considéré comme l’un des coachs les plus sous-côtés de toute la ligue. A l’expérience, Casey est au-dessus mais on a bien vu face aux Pacers et au Heat qu’il avait des difficultés à s’adapter à ses adversaires.
Egalité
Les clés de la série
Les Raptors ont-ils les moyens d’arrêter le “Big Three” ? Rien n’est moins sûr… Depuis le début des playoffs, James, Irving et Love sont probablement à leur meilleur niveau depuis la formation du trio lors de l’été 2014. Les trois joueurs sont en grande forme physique et il sera intéressant de voir comment les Raptors vont gérer les matchup défensifs. Si James enclenche encore la vitesse supérieure et que ses deux larrons sont dans le même état de forme que face aux Pistons et aux Hawks, la partie s’annonce compliquée pour Toronto.
Quel visage pour le duo Lowry – DeRozan ? Pour avoir une mince chance de renverser les Cavs, les Raptors savent qu’ils auront besoin de leur duo de choc à 100% de leurs moyens tout au long de la série. Les deux All-Stars ont connu des jours avec et des jours sans depuis le début des playoffs mais il leur faudra sans doute apporter plus de 50 points par match avec une réussite avoisinant les 45-50% aux tirs pour espérer faire douter les Cavs. DeRozan est blessé au pouce, ce qui n’arrange rien à l’affaire.
La saison régulière
Toronto 2-1
25 novembre : Toronto – Cleveland (103-99)
4 janvier 2016 : Cleveland – Toronto (122-100)
3 mars 2016 : Toronto – Cleveland (99-97)
Statistiques
Verdict
Les Cavs sont en mission et ont un dernier obstacle à franchir avant de retrouver les Finals. Plus solides, plus expérimentés, plus en forme, et tout simplement plus talentueux, les joueurs de l’Ohio partiront grands favoris face à leur dauphin de la saison régulière. Le “Big Three” tourne à plein régime mais semble encore en avoir en réserve et les Cavs n’ont pas vraiment eu à forcer leur talent avec huit matchs joués depuis un mois. Pour Toronto, c’est une première historique et cette qualification dans le dernier carré est déjà une réussite. Les joueurs savent que la marche à gravir s’annonce énorme mais ils peuvent être aussi être libérés par cette première finale de conférence. Une victoire des Raptors, l’équipe la plus faible parmi les quatre demi-finalistes, serait une surprise monumentale, et le fait de déjà bien figurer serait un point positif pour l’avenir.
Cleveland 4-1
Calendrier
Game 1 à Cleveland, le mardi 17 mai (2h30)
Game 2 à Cleveland, le jeudi 19 mai (2h30)
Game 3 à Toronto, le samedi 21 mai (2h30)
Game 4 à Toronto, le lundi 23 mai (2h30)
*Game 5 à Cleveland, le mercredi 25 mai (2h30)
*Game 6 à Toronto, le vendredi 27 mai (2h30)
*Game 7 à Cleveland, le dimanche 29 mai (2h30)
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