Depuis 2000, San Antonio et Memphis ne se sont croisés qu’à trois reprises en playoffs mais l’avant-dernière opposition avait accouché d’une élimination surprise des Spurs au premier tour en six matchs en 2011. San Antonio s’était vengé par la suite en 2013 avec un coup de balai rapide et efficace.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et les deux effectifs en passe de s’affronter n’ont finalement plus grand chose en commun, et cette évolution n’est pas à l’avantage de Memphis, aujourd’hui décimé et contraint de bricoler une équipe avec des joueurs revanchards ou anonymes. En termes de dynamique, les hommes de Dave Joerger ne sont pas au mieux avec 14 revers sur les 17 derniers matchs. Au contraire, les Spurs n’ont jamais paru aussi fringants, ce qui en dit long au regard du passé victorieux de la franchise, avec le meilleur bilan de son histoire et le deuxième de la ligue derrière Golden State. Les Texans ont néanmoins lâché du lest sur la fin de saison avec 4 revers sur les 10 derniers matchs, dont deux face aux Warriors et un face au Thunder, à nuancer cependant avec la politique de repos de Gregg Popovich. Quoi qu’il en soit, ce premier tour ne devrait pas représenter de difficultés pour les champions 2014.
Meneurs de jeu
Concrètement et sans faire injure à Jordan Farmar, c’est un peu le vide à ce poste depuis les blessures de Mike Conley et Mario Chalmers. Les Grizzlies ont dû appeler en catastrophe l’ancien Laker, en provenance du Maccabi Tel-Aviv. Le revenant s’en est tiré avec brio (9.2 pts et 3.1 pds en 24 min) mais sa présence dans le cinq majeur d’une équipe de playoffs est bien révélatrice de la problématique des Grizzlies cette saison. Face à lui, Tony Parker guidera comme il le fait depuis 15 ans son escouade. En sortie d’une saison NBA et d’un Euro compliqués, le Français a bien rebondi cette saison, bien que les statistiques ne lui fassent pas réellement honneur (11.9 pts à 49.3%, 5.3 pds en 27 min). Mais le meneur n’a jamais aussi peu joué dans sa carrière et avec l’émergence de Kawhi Leonard et l’arrivée de LaMarcus Aldridge, les Spurs n’ont plus besoin d’un apport au scoring aussi conséquent que par le passé. Néanmoins, dans un rôle de patron et dans l’animation du jeu, Tony Parker fait le boulot. Son inconstance sur le mois de mars peut inquiéter mais en cas de coup de fatigue, il ne serait pas étonnant de voir Gregg Popovich changer de configuration sur un ou deux matchs et piocher dans son banc pour assurer de grosses minutes dans ce premier tour et reposer son titulaire.
Avantage Spurs
Extérieurs
C’est sans doute la ligne d’extérieurs la plus dangereuse défensivement : à son poste, Danny Green est une valeur sûre dans ce domaine et Kawhi Leonard n’est plus à présenter. Offensivement, l’arrière shooteur a vraiment galéré (37% au tir, 33% à 3-pts) mais il semblait revenir un peu mieux sur les derniers matchs. Quant à Kawhi Leonard, il s’est imposé comme l’un des meilleurs ailiers de la ligue de ce côté du terrain : sa polyvalence et sa fiabilité au tir à mi-distance et derrière l’arc, sans oublier son jeu au poste, en font un joueur difficile, voire impossible à arrêter dans la mesure où il est suffisamment puissant pour aller chercher ses points dans la raquette, en cas de faillite extérieure. Face à eux, les roublards que sont Tony Allen et Matt Barnes peuvent les travailler en défense mais la débauche d’énergie nécessaire pour suivre ces joueurs constamment en mouvement avec et sans ballon devrait être si conséquente que les deux Grizzlies ne devraient pas pouvoir suivre le rythme très longtemps, malgré leur engagement irréprochable. En attaque, c’est déjà très faible, bien que les deux aient élevé leur niveau de jeu par séquences dans ce secteur. Cependant, les Spurs peuvent envisager ce matchup avec sérénité.
Avantage Spurs
Intérieurs
Dans le passé, Zach Randolph a déjà fait beaucoup de mal aux Texans, notamment lors du premier tour 2011 mais c’était il y a cinq ans et face à LaMarcus Aldridge, le défi paraît bien difficile à relever. Mais si les Grizzlies sont parvenus jusqu’en playoffs, c’est en grande partie grâce à leur ailier-fort et malgré son âge (34 ans), son impact s’est encore révélé déterminant dans la peinture cette saison. Physiquement, il a de quoi enfoncer son homologue des Spurs mais ce dernier a aussi les moyens de répondre, notamment en sortant le Grizzly de sa zone de confort. À l’aise à mi-distance, LaMarcus Aldridge peut scorer de partout ou presque, ce qui n’arrange pas les affaires de son adversaire. Quant à sa défense, parfois suspecte par le passé chez les Blazers, elle est très fiable cette saison, notamment sur le pick-and-roll, une autre difficulté pour Memphis.
Au poste de pivot, Chris Andersen pourra bien embêter Tim Duncan à l’énergie mais malgré toutes les qualités d’engagement, de combat et de folie de l’ex-Heat, l’opposition est déséquilibrée. Sur les deux matchs du Spur face à Memphis, il a compilé 11 points et 9 rebonds de moyenne sans trop forcer, en 30 minutes.
Avantage Spurs
Les bancs
C’est encore un point noir pour Memphis : la multitude de blessures a évidemment une incidence sur la profondeur de son banc. Il y a néanmoins quelques points de satisfaction, tels que Lance Stephenson, plutôt bon depuis son arrivée dans le Tennessee (14 pts à 47%, 4.4 rbds, 2.8 pds en 27 min de jeu de moyenne). À 39 ans, Vince Carter n’est évidemment plus la star d’antan mais sa présence fut primordiale pour la qualification en playoffs et le vétéran a vraiment haussé son niveau de jeu depuis fin janvier avec 14 matchs à 10 points et plus. L’ailier-fort JaMychal Green est aussi une énorme source de satisfaction et son impact athlétique fut d’une grande aide pour Dave Joerger.
Néanmoins, le banc, c’est la spécialité des Spurs depuis 15 ans. Gregg Popovich a une telle multitude de possibilités parmi ses remplaçants qu’il peut prétendre à répondre à chaque défi : Patty Mills et Andre Miller à la mène, Manu Ginobili, Jonathon Simmons et Kevin Martin à l’arrière, Kyle Anderson à l’aile, Boris Diaw, David West et Matt Bonner en 4/5, Boban Marjanovic au pivot, c’est une véritable machine de guerre et dans une série au meilleur des sept matchs, Memphis sait déjà que le combat est perdu d’avance.
Avantage Spurs
Les coaches
En 2016, le nom Gregg Popovich se suffit à lui-même. Le futur coach de Team USA incarne pour certains le meilleur de sa discipline dans le basket moderne et comme il sait aussi s’entourer de pointures, San Antonio représente l’une des deux forces tactiques les plus impressionnantes de la ligue. Dans ce domaine, Dave Joerger a vraiment du mérite : dos au mur, l’entraîneur de Memphis a eu le mérite de faire des paris payants, tels que le replacement de Zach Randolph sur le banc ou la responsabilisation de Lance Stephenson. Rappelons qu’il fut à deux doigts d’être viré en début de saison et aujourd’hui, les Grizzlies peuvent le remercier pour cette sixième participation de suite en playoffs. Mais tout bon entraîneur est-il, il ne peut pas faire de miracle. Or, pour espérer l’emporter, c’est justement ce dont Memphis a besoin.
Avantage Spurs
La clé de la série
LaMarcus Aldridge. Si un Tony Parker en forme serait d’une grande aide pour en finir rapidement avec cette série, c’est l’ailier-fort des Spurs qui semble le plus déterminant dans cette opposition. Quand il est adroit, en confiance avec son tir, tout va bien pour San Antonio : 27-4 quand il marque 20 points ou plus. Lors des deux dernières rencontres face aux Grizzlies, il fut très bon (31.5 pts et 12.5 rbds) mais… Zach Randolph était sur le flanc. Le duel entre les deux intérieurs sera très intéressant à suivre dans la mesure où il s’agit d’une vraie opposition de style. Le Grizzly le testera physiquement, à LaMarcus Aldridge de le travailler et de provoquer des fautes, un domaine dans lequel il excelle.
Les statistiques
Le bilan de la saison
San Antonio Spurs (4-0)
21 novembre 2015 : San Antonio – Memphis (92-82)
03 décembre 2015 : Memphis – San Antonio (83-103)
25 mars 2016 : San Antonio – Memphis (110-104)
28 mars 2016 : Memphis – San Antonio (87-101)
Verdict
Dans l’inconscient collectif, la tradition de combat de Memphis constitue un élément fort, à même de surprendre San Antonio mais le fait est que les Grizzlies sont bien trop limités en l’état. Sans Marc Gasol, sans Mike Conley et d’autres joueurs de valeur pour le banc (Mario Chalmers, Brandan Wright), le défi est trop déséquilibré. Peu d’équipes ont inquiété San Antonio cette saison et Memphis n’en fait pas partie. La meilleure équipe défensive de la ligue dispose aussi d’armes d’élite en attaque, et sa profondeur de banc est telle qu’elle peut se permettre des rotations inépuisables. Sauf surprise énorme, Memphis a déjà perdu mais sa présence à ce niveau est en soi déjà une victoire.
San Antonio 4-0
PREVIEW DU HOOPCAST
https://www.dailymotion.com/video/x44o2wr_preview-spurs-grizzlies_sport
Calendrier
Game 1 : à San Antonio, dimanche 17 avril (à 2h00)
Game 2 : à San Antonio, mardi 19 avril (à 3h30)
Game 3 : à Memphis, vendredi 22 avril (à 3h30)
Game 4 : à Memphis, dimanche 24 avril (à 19h00)
Game 5 : à San Antonio, mardi 26 avril (non déterminé)
Game 6 : à Memphis, jeudi 28 avril (non déterminé)
Game 7 : à San Antonio, samedi 30 avril (non déterminé)
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