Kevin Durant commence son règne

C’est un très beau portrait de Kevin Durant que nous offre ESPN le magazine, celui d’un garçon de 21 ans qui veut marquer la NBA de son empreinte. L’ailier d’Oklahoma City commence juste à gratter la surface de son immense talent et à réaliser comment être le leader de son équipe match après match.

Après une saison rookie (lors de laquelle il sera élu Rookie of the Year) où il a tout de suite dû prendre ses responsabilités dans une équipe végétant au fond du classement de la conférence ouest, Kevin Durant a appris lors de sa 2eme année à mieux sélectionner ses tirs, à être plus régulier, tout en faisant face à des adversaires qui connaissent mieux son jeu. La phase d’apprentissage passée,  Kevin Durant peut commencer à devenir un joueur dominant.

Shane Battier (contre qui Durant à inscrit 27 points lors de leur dernière rencontre) résume ce par quoi doit passer tout jeune joueur dans la ligue :

« Peu importe le talent d’un jeune joueur, la première année c’est marche ou crève. Peut-il survivre dans une ligue d’hommes ? De toutes évidences Kevin s’en est bien sorti. La seconde année, la question est ‘Est-ce que je peux apporter chaque nuit ? Est-ce que je peux scorer plus de 10 points chaque nuit ? Est-ce que je peux être constant ?’ Le niveau d’après est d’être dominateur. C’est la dernière étape pour Kevin. Il a été dominateur par moment, mais peut-il être dominateur chaque soir ? Les meilleurs joueurs – Kobe, Lebron, Garnett – sont tous passés par là. Kevin doit encore passer l’épreuve du feu. »

L’épreuve du feu. A Oklahoma city, Durant a dû apprendre à perdre. Le Thunder a commencé la saison dernière avec un bilan de 2 victoires pour 24 défaites. Pas facile pour un joueur qui depuis son plus jeune âge a fait partie des gagnants et collectionne les récompenses individuelles. Cependant Kevin sait que cela faisait partie du plan de développement de sa franchise : accumuler de jeunes talents, qu’ils grandissent ensemble, qu’ils passent par les même épreuves avant de les voir confirmer la confiance que l’on a placée en eux. Russell Westbrook résume l’ambiance qui règne à Oklahoma City :

« Vous savez, on a l’impression d’être une équipe de fac’. Tant que nous travaillerons, nous n’aurons pas de limites. »

Et le travail commence à payer cette année. Le Thunder est pour l’instant solidement installé dans le milieu du classement de la conférence ouest. Avec Durant, Westbrook et Jeff Green, l’équipe dispose d’un des trios de jeunes les plus talentueux de la ligue. Sam Presti, le GM à la base de cette révolution se frotte les mains et s’enthousiasme en voyant le développement de ses jeunes pousses et notamment de leur leader :

« Il est unique, mais ce n’est pas seulement qu’il est capable de jouer de la même façon que des joueurs plus petits. Ce qui m’impressionne le plus c’est son éthique de travail. Une nuit lors du camp d’entrainement, après une double-séance, tout le monde était parti, mais il y avait toujours de la lumière dans la salle des joueurs. J’y suis allé, et je suis tombé sur Kevin entrain de manger. Il était épuisé. Je pouvais voir à quel point il était épuisé car il avait du mal à lever sa fourchette. Je me souviens de m’être dit que ce gars s’était amélioré ce jour-là ».

Durant est régulièrement le dernier joueur à quitter l’entrainement. Après les séances, il reste longtemps à travailler son shoot. Il sélectionne un endroit en particulier et tire jusqu’au moment où shooter de cet endroit deviendra automatique pour lui.

Ce shoot gracieux, fluide, beau à regarder, est une anomalie pour un joueur de sa taille. Même chose pour sa vitesse. Même en NBA, les joueurs de 2m06 qui courent au travers des écrans et shootent comme Ray Allen sont pour le moins rares.

Il reste beaucoup à apprendre à Kevin s’il veut devenir un des tous meilleurs. Sa défense a été suspecte jusque-là et il n’a pas encore l’instinct de tueur qui a fait le succès d’un Jordan ou d’un Bryant. Mais une fois de plus, le garçon n’a que 21 ans, et s’il continue de travailler et de progresser sur le même rythme, on ose à peine imaginer ce qu’il sera capable d’accomplir lorsqu’il atteindra l’apogée de sa carrière.